Firmin Mvonde :  » Les mers et les océans sont devenus le théâtre de beaucoup de crimes « 

Lors de la 16ème session de la Conférence annuelle de l’Association des procureurs d’Afrique (APA) qui s’est tenue à Mombasa, au Kenya, du 29 janvier au 02 février 2023, le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, a déploré le fait que les mers et les océans sont devenus des théâtres de beaucoup de crimes. Et ces crimes vont du trafic de la drogue au trafic d’êtres humains, particulièrement le trafic d’enfants. Des crimes transnationaux organisés pour lesquels les membres de l’APA se sont engagés à combattre.

A l’issue de ces assises, une déclaration a été lue dans laquelle l’Association des procureurs d’Afrique s’est engagée à lutter contre la criminalité transnationale organisée face aux menaces que représente ce fléau.  La Conférence annuelle de Mombasa était axée sur le thème « Renforcement de la coordination et de la collaboration vers une poursuite transfrontalière  efficace de la criminalité transnationale organisée « . Un thème qui voulait tout dire sur la volonté et la détermination des procureurs d’Afrique de mutualiser leurs efforts pour combattre ce fléau qui devient de plus en plus inquiétant.

Les procureurs d’Afrique ont reconnu la nécessité d’améliorer la collaboration, la mise en réseau, la coopération, l’entraide judiciaire entre les autorités et les agences de poursuite face au défi que représente la lutte contre la criminalité transnationale organisée.

COLLABORER AVEC LES ORGANISMES INTERNATIONAUX

Pas seulement. Les membres de l’APA ont apprécié les initiatives et les efforts visant à lancer des programmes de renforcement des capacités en leur faveur afin de partager leurs expériences et leurs meilleures pratiques en matière d’enquêtes pénales, de poursuites, de recouvrement et de gestion des avoirs afin de refuser un refuge aux auteurs et d’empêcher la jouissance de leurs produits de crimes.

Les procureurs d’Afrique ont également reconnu que ces groupes criminels organisés commettent divers crimes organisés transnationaux qui passent souvent inaperçus : prolifération des flux financiers illicites, terrorisme et extrémisme violent, criminalité maritime,  cybercriminalité, crimes environnementaux, notamment.

Face à toute cette réalité menaçante qui guette l’environnement africain et mondial, l’APA a décidé de collaborer avec les organismes internationaux et régionaux visant à faciliter la collaboration et le rapatriement des avoirs criminels à travers les frontières ; d’encourager les pays membres à adopter et à ratifier les conventions régionales, continentales et internationales pertinentes et autres instruments susceptibles de faciliter la coopération internationale dans les enquêtes et les poursuites des crimes transnationaux.

COALISER ET MUTUALISE LES EFFORTS

L’APA reconnaît qu’en plus du changement climatique, les crimes environnementaux tels que l’exploitation forestière illégale, l’exploitation minière illicite, le braconnage et le trafic d’espèces sauvages sont utilisés par des criminels organisés dans le cadre de crimes transnationaux.

L’union faisant la force, les procureurs d’Afrique pensent qu’il faut élargir le cercle des pays membres. Ainsi ils reconnaissent et acceptent la demande de 14 pays (Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Gambie, Mauritanie, Mali, Congo, Guinée Bissau, Somalie, Soudan, Centrafrique, Madagascar, Sierra Leone et Niger). En outre, ils encouragent toutes les autorités de poursuite en Afrique qui ne sont pas membres à rejoindre l’APA.

Le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, ayant représenté son pays à cette session de Mombasa,  en a appelé à l’harmonisation de la législation des pays membres qui devront coaliser leurs efforts pour combattre ces différents fléaux. Il s’agit entre autres du trafic de drogue, d’enfants, voire d’êtres humains.

FORMER DES MAGISTRATS ET DES POLICIERS

L’Avocat général Malengela plaide auprès des politiques des pays pour qu’ils s’impliquent pour apporter aux procureurs généraux, au système judiciaire, les moyens financiers conséquents. Il faut également former des magistrats pour faire d’eux des magistrats spécialisés dans divers domaines, par exemple, du blanchiment des capitaux, le domaine environnemental. Il plaide également pour la formation des policiers dans ces domaines, dans celui de la cybercriminalité, au lieu de travailler, dit-il, de manière généralisée. Pour l’Avocat général Malengela, les magistrats et les policiers doivent bénéficier de la formation en informatique pour pouvoir déjouer tous ces syndicats des criminels dans ces domaines des crimes transnationaux organisés.

Au cours de ces assises, chaque pays membre a présenté quelques expériences individuelles. De cette présentation, il s’est dégagé un constat selon lequel certains pays, à l’instar du Kenya et de l’Egypte sont suffisamment avancés dans cette lutte. Tandis que d’autres ont encore du chemin à parcourir étant donné qu’ils ne disposent pas jusqu’à ce jour de textes juridiques qui puissent permettre de combattre ces crimes transnationaux organisés.

La 17ème session de la Conférence de l’Association des procureurs d’Afrique aura lieu au Maroc. Kléber KUNGU

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