* »C’est un grand honneur pour moi de recevoir la mention d’honneur Félix Houphouët-Boigny-Unesco… Je la partage avec toutes les femmes et filles congolaises qui paient aujourd’hui le lourd tribut de l’insécurité et des conflits armés », a écrit la militante congolaise sur son compte twitter.
Présidente du conseil d’administration de la Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (Sofepadi) et Directrice du Fonds pour les femmes congolaises (FFC-RDC), Julienne Lusenge a été à l’honneur hier mercredi 8 février à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. Militante pour la défense des droits des femmes en République démocratique du Congo, elle a reçu hier la mention d’honneur lors de la cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Le Prix de l’édition 2022, décerné à Angela Merkel, l’ancienne chancelière de la République fédérale d’Allemagne.
Cérémonie haute en couleur, cet événement, organisé au siège de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, sous la bénédiction de l’Unesco, a réuni autour de ces deux dames le gotha politique africain aux côtés de la Directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.
Dans cette salle de 2.000 places, le président Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire a eu l’honneur d’accueillir ses hôtes de marque, en l’occurrence les deux dames à l’honneur et ses homologues africains, aux côtés de ses deux prédécesseurs : Laurent Gbagbo, président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), et Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et protecteur du prix. Tout un symbole dans cette ville natale de l’ex-président Félix-Houphouët-Boigny, initiateur en 1989 de ce prix sur la recherche de la paix.
« SON ACTION POUR L’ACCEUIL DES REFIGIES »
Arrivée la veille à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, l’ancienne chancelière Angela Merkel a été honorée par la présence, sur le lieu de cérémonie, du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine et représentant personnel d’Abdou Diouf, le parrain du prix. Etaient également présents les présidents George Weah du Liberia, Nana Akufo-Addo du Ghana, Umaro Sissoco Embaló de la Guinée Bissau et la vice-présidente du Gabon.
Désignée par un jury international présidé par le médecin congolais Denis Mukwege, Prix Sakharov 2014 et Prix Nobel de la Paix 2018, Angela Merkel a captivé l’attention des jurés du Prix Félix Houphouët-Boigny – Unesco qui ont tenu à saluer « son action pour l’accueil des réfugiés« .
« L’ensemble du Jury a été touché par sa décision courageuse, prise en 2015, d’accueillir plus de 1,2 million de réfugiés venus notamment de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan et d’Erythrée. C’est une leçon qu’elle laisse à l’histoire« , reconnait le gynécologue congolais Denis Mukwege, Président du jury.
« La souffrance est universelle, les solutions à apporter à la souffrance doivent également être universelles. Construire la paix consiste aussi à ouvrir les portes à ceux qui souffrent. Cette décision du Jury vient rappeler que l’accueil des migrants et des réfugiés est un enjeu primordial« , a soutenu pour sa part Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’Unesco.
Denis Mukwege et Julienne Lusenge à l’honneur
Le Jury a également décerné « la mention d’honneur » à l’activiste congolaise Julienne Lusenge pour « son engagement en faveur des femmes victimes de violences sexuelles » dans l’est de la RDC. Connue pour son action dans cette zone, précisément dans le Nord-Kivu, elle dénonce – comme Denis Mukwege – l’usage du viol comme « arme de guerre » et défend le droit des femmes, précise un communiqué de presse de l’Unesco, diffusé en ligne.
Touchée par cette marque de reconnaissance sur l’échiquier international, la Présidente du conseil d’administration de Sofepadi a aussitôt gravé ses impressions sur son mur. « C’est un grand honneur pour moi de recevoir à ce jour la mention d’honneur Félix Houphouët-Boigny-Unesco. Elle est nôtre. Je la partage avec toutes les femmes et filles congolaises qui paient aujourd’hui en #RDC le lourd tribut de l’insécurité et des conflits armés« , a écrit sur tweeter Julienne Lusenge.
« Plus que jamais aujourd’hui, les affrontements militaires sont actifs dans la région Est du Congo. Nous avons besoin des personnes qui portent réellement en elles le goût de la recherche de la Paix, sans laquelle l’Afrique Centrale sera toujours en sous-développement« , a martelé Julienne Lusenge.
Fière d’être invitée à ces assises, l’activiste congolaise saluait, « un accueil si festif et chaleureux à Yamoussoukro avant la cérémonie du #PrixFélixHouphouët-Boigny… Heureuse d’être ici avec les dirigeants du monde pour célébrer la paix, la compréhension mutuelle et la coopération« .
Ces actions entreprises par la Sofepadi en 2022 contribuent davantage au rayonnement de l’œuvre de Julienne Lusenge…
De cœur avec le Pape François
Cette remise de Prix intervient au lendemain du retour du pape François à Rome, en Italie, après sa mission en RDC et au Soudan du Sud. En RDC où il a appelé, hier, les puissances occidentales à cesser d’exploiter le Congo et de martyriser sa population.
Paraphrasant le pape François, Julienne Lusenge s’écrie : « Commettre une violence sur une femme et sur une mère, c’est le faire à Dieu lui-même… Merci à Sa Sainteté le Pape pour les meilleurs moments, les réflexions profondes et les recommandations fortes«
Créé en 1989, le Prix Félix Houphouët-Boigny – Unesco pour la recherche de la paix se propose d’honorer chaque année les personnes, institutions ou organismes privés ou publics qui ont contribué, de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix, dans le respect de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Unesco.
Au fil du temps, des personnalités de renommée mondiale ont été gratifiées par cette distinction lors de la remise du Prix. Parmi ces personnalités, les Sud-Africains Nelson Mandela et Frederik W. De Klerk, le président américain Jimmy Carter, la Japonaise Sadako Ogata… Yves KALIKAT