La Fédération de Russie célèbre ce vendredi 10 février «la journée du diplomate russe ». Instaurée il y a une vingtaine d’années, cette journée est l’occasion propice pour se remémorer «le rôle et les réalisations de la diplomatie dans la longue histoire de l’Etat russe », révèle Alexey Sentebov., l’ambassadeur de la Fédération de Russie en RDC. A « Forum des As », ce diplomate, fruit de la grande école russe, donne plus de détails sur les enjeux de l’opération militaire spéciale en Ukraine et sur les raisons de la sympathie dont jouit Moscou sur le continent africain.
L’opération militaire spéciale en Ukraine n’est-elle pas synonyme de l’échec de la diplomatie dans le règlement pacifique du différend entre Moscou et Kiev ?
C’est plutôt la réponse à la politique constante de l’OTAN visant à entourer la Russie par des sources de menace militaire pour l’étouffer économiquement et politiquement. La diplomatie russe tenait le front jusqu’au bout, dans le cadre du processus de Minsk de 2015 et des pourparlers avec l’Occident, engagés en décembre 2021 pour avoir les garanties de sa sécurité. Mais, nos propositions ont été rejetées dès le seuil. Ce qui démontre à suffisance de vraies intentions des Occidentaux en Ukraine. Néanmoins, même après le début de l’opération, la diplomatie continue son chemin. Par exemple, les négociations russo-ukrainiennes à Istanbul au mois de mars 2022 qui ont été interrompues sur l’initiative des Ukrainiens, ainsi que les consultations aux Emirats Arabes Unis sur l’échange des prisonniers de guerre, etc.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que la Russie est diplomatiquement isolée à la suite de son intervention militaire en Ukraine?
Ceux qui en parlent, prennent leurs désirs pour des réalités. En fait, la Russie garde et entretient des contacts avec les pays qui représentent les 3/4 de la population mondiale. C’est dans cette optique que le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov voyage constamment à travers le monde et participe aux forums multilatéraux et aux rencontres bilatérales. Ces derniers jours, il effectue une grande tournée en Afrique, afin de donner un nouvel élan aux relations avec les pays du continent et nouer de nouveaux partenariats. Et partout, il est le bienvenu. Même dans les pays européens, plusieurs dirigeants qui ont une vision réaliste, parlent de la nécessité d’entretenir des canaux diplomatiques et contacts personnels avec les autorités russes.
A quoi attribuez-vous la vague de sympathie des opinions publiques africaines pour la Russie ?
C’est la réalité qui démontre aux populations des pays africains un rôle positif de la Russie dans la résolution des problèmes locaux. Les Russes reviennent en Afrique avec des solutions qui se distinguent nettement des méthodes utilisées par les colonisateurs du passé – la sécurité au lieu des conflits permanents, la coopération économique gagnant-gagnant au lieu du pillage ouvert des ressources naturelles. Les Africains ont ainsi devant leurs yeux, les exemples des changements positifs liés à la coopération avec la Russie et espèrent avoir le même effet dans leurs propres pays.
Vu d’Afrique, on a tout de même l’impression que la coopération russo-africaine est davantage militaire qu’économique. Qu’en dites-vous ?
C’est une impression fausse. Si vous regardez la substance des pourparlers et accords signés en marge du premier sommet Russie-Afrique en 2019, vous conviendrez que le secteur principal de la coopération, c’est le développement socio-économique et les liens humanitaires. En prenant l’exemple de la République démocratique du Congo, on voit que les échanges interuniversitaires est l’un des axes les plus avancés dans la coopération entre nos deux pays.
Qu’est-ce qui fait la particularité de la diplomatie russe, et donc du diplomate russe dont vous célébrez la journée en ce 10 février ?
La journée du diplomate russe a été instaurée il y a une vingtaine d’années pour distinguer le rôle et les réalisations de la diplomatie dans la longue histoire de l’Etat russe. C’est aussi l’occasion de rappeler aux diplomates de nos jours de belles traditions professionnelles dont ils doivent s’inspirer dans leurs activités – le dévouement à la Patrie, le respect de la diversité des peuples et de leurs traditions. Propos recueillis par José NAWEJ