« Je recours au pouvoir non comme un objectif en soi, mais comme un moyen pour apporter, via la mise en oeuvre des idées, une contribution au développement du pays.
Adolphe Muzito balise déjà la voie au scrutin de décembre 2023. Au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue, hier lundi 09 janvier à Kisantu, dans la province du Kongo-Central, le leader de Nouvel Elan s’est ouvertement déclaré favorable aux alliances basées sur un programme commun. L’ancien Premier ministre fustige les accords que les présidentiables scellent juste pour combattre un adversaire.
Stratège, Adolphe Muzito juge opportun d’octroyer, de prime abord, un carton rouge à tous ces politiques qui tissent des alliances dans des officines uniquement pour s’accaparer du pouvoir.
À en croire le Premier ministre honoraire, cette façon de procéder n’apportera pas à la RDC, le développement dont elle a besoin pour se tailler une place de choix dans le concert des nations.
» J’ai l’avantage et le désavantage d’avoir géré.
Avantage parce que je sais. Désavantage parce que j’avais commis des erreurs. Mais je pourrais toujours m’améliorer. C’est pourquoi ma préoccupation est que je ne veux pas entrer dans une alliance des personnes comme nous l’avions fait à Genève. Vous vous mettez ensemble juste pour gagner votre adversaire sans dire qu’est ce que vous allez faire quand vous aurez le pouvoir en question, ça nous pourchasse jusqu’à ce jour. Mais je veux me mettre avec des gens sur base du programme » s’est-il remémoré sur le deal de Genève en novembre 2018.
« Avoir le pouvoir n’est pas mon objectif. Si je recours au pouvoir, c’est comme moyen pour apporter ma contribution au développement du pays. Les dirigeants congolais, ce qui les intéresse, c’est prendre d’abord le pouvoir. Ils vont réfléchir par la suite, sur quoi faire avec ce pouvoir « , a indiqué le leader de Nouvel Elan.
Aux dires de Muzito, » Le pouvoir judiciaire est aujourd’hui instrumentalisé par le pouvoir politique. La justice est victime de la situation de clochardisation par des politiques et devient l’ennemi du peuple, parce que les dirigeants politiques affament le pouvoir judiciaire » a t-il dénoncé la clochards action du pouvoir judiciaire par les gouvernants.
Des alliances sont attendues et se font déjà en RDC où la transhumance politique est érigée en système même sans programme commun. Au niveau de l’opposition, des tractations sont de mise.
REHABILITER LES COMMUNAUTES LOCALES DANS LEUR DROIT
Adolphe Muzito s’est appesanti sur la nature du programme sur lequel devraient être basées des alliances électorales. L’initiateur de Nouvel Elan a notamment mis le curseur sur les réformes foncière, minière et forestière.
Pour le Premier ministre honoraire, il est important aujourd’hui que les communautés locales disposent des titres de titrisation de leurs terres que l’Etat congolais s’est appropriées lorsqu’il a été créé en 1885, sous le règne de Léopold II. « La population doit être réhabilitée dans ses droits fonciers, miniers et autres. C’est un combat que nous menons et nous voulons que les anciens chefs qui ont fondé le Congo nous accompagnent dans cette lutte« , a insisté Adolphe Muzito.
D’après ce politique qui a fourbi ses armes au sein du Palu d’Antoine Gizenga, Nouvel Elan se porte bien aujourd’hui. « C’est un jeune parti qui a quatre ans et demie ou cinq ans », souligne Muzito. Notre formation politique continue son implantation à travers le pays. La stratégie a consisté d’abord à assurer la construction des sièges propres. Nous en avons aujourd’hui 55. Plus ce que nous prenons en location« , explique-t-il.
« En d’autres termes, précise Muzito, nous sommes présentement dans chaque chef-lieu de province. Par exemple, ici au Kongo Central, au delà des villes et aussi des territoires : Kisantu, Kimpese , Matadi , Boma…« .
« Notre philosophie, poursuit-il, est que nous ne pouvons pas prétendre conduire le Congo à moyen ou à long terme, sans que le parti politique qui dirige doit jouer ce que nous appelons le rôle dirigeant. Sans qu’il ne soit implanté effectivement à travers le pays« .
ON A CHOISI D’ETRE UN GRAND PARTI A L’IMAGE DE L’ANC
Selon Muzito, « la plupart des partis politiques dans notre pays n’ont pas de siège. La stratégie consiste pour eux à désigner des notabilités ou des meneurs des dirigeants sur les listes électorales pour les faire élire. Et ça s’arrête là. Ils n’ont de place pour rencontrer même ceux qui les ont élus« .
« Nous, estime le leader de Nouvel Elan, on a choisi d’être un grand parti à l’image de l’ANC en Afrique du Sud, du MPLA en Angola. Nous voulons être un parti puissant et riche. Et, à long terme, un parti milliardaire en dollar. Mais en dollar converti en notre richesse naturelle« .
« C’est pour cela que nous voulons que la population soit réhabilitée dans ses droits fonciers, miniers et autres. Nous voulons nous battre pour que les anciens chefs coutumiers qui ont créé le Congo soient avec nous dans ce combat. Je pense qu’ils n’oublieront pas de nous donner quelques portions de terres« , a déclaré Adolphe Muzito.
« Faute d’être actionnaires dans des entreprises privés ou publics qui peinent à exister, nous serons au moins propriétaires terriens. Nous pourrons nous activer dans l’agriculture, le développement minier, afin d’être capable de conduire le Congo. Nous ne voulons donc pas être un parti qui sera sous la dépendance des forces capitalistes étrangères« , a insisté le président de Nouvel an.
« Après la mobilisation pour l’implantation, nous sommes dans la force des idées des thématiques qui sont existentielles. S’agissant des problématiques des terres, des familles sont déchirées, des communautés divisées… Elles ont été expropriées par l’Etat qui a commencé à exister avec Léopold II en 1885. Il nous a donné quelques portions de terre et le reste c’est à l’Etat« .
« Depuis ce temps, nos communautés ont perdu leurs terres qui sont entre les mains de ceux qui nous les ont expropriées et qui se retrouvent aujourd’hui entre les oligarques congolais. A ce jour, un chef de terre qui met en location ses terres, cela passe par Kinshasa. Les communautés n’ont plus de terres, pas de titre foncier ou minier pouvant garantir ses intérêts, l’octroi de leur personnalité juridique, organisation de l’entité clanique« .
« Une fois le titre foncier émis les chefs auront le pouvoir de se battre en justice, la réforme foncière, minière ou forestière doit être accompagnée d’une mise en place des reformes sur le plan judiciaire, de la titrisation des titres… Qu’on reconnaisse le titre foncier aux communautés locales et qu’elles aient une redevance sur leurs terres. Les Batekes, par exemple, ont été spoliés de leur terres ! Ils devraient avoir des compensations sur la ville de Kinshasa« .
D’après Muzito, « Le peuple doit être capable de revendiquer ses droits. Il doit apprendre à sanctionner, non pas l’individu mais le parti, savoir comment fonctionne la démocratie. On désigne l’Etat avec la démocratie. Ne pas voter juste parce que c’est un membre de notre tribu. Allons au-delà. C’est un appel à l’unité« .
« L’etat est le choix de ce que nous choisissons. Nous devons tenir compte de réalités, car nous n’avons pas la prétention de tout faire changer. J’ai l’avantage d’avoir géré, j’ai commis des erreurs, j’aimerai, dès lors, faire des coalitions avec des personnes avec lesquelles nous partageons les mêmes idées et non des personnes qui ne comprennent rien à la décentralisation, ils ont leurs idées ou objectifs. Mentir aux peuples je ne veux plus de ça« .
« Pour moi, le pouvoir n’est pas un objectif. C’est comme un moyen de gouverner. Je ne cherche pas d’abord à faire des alliances juste pour le pouvoir. Il y a moyen de servir le peuple. C’est pour cela que je viens vers vous le peuple pour parler et partager mes idées. Le peuple va récompenser. Cherchons d’abord son intérêt, puisque la richesse (du pays) doit tourner« . Fyfy Tangamu et Gloire Batomene