Kinshasa: une énième opération « coup de poing »

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, lance dès ce lundi 9 janvier, une vaste opération  » coup de poing « . L’objectif est de nettoyer  dans un premier temps le boulevard Lumumba de tous ses marchés pirates, stationnements et parkings non autorisés, enlèvements des épaves et véhicules mal garés, destruction des kiosques et terrasses de fortune…

Nombre de Congolais pensent que la décision de l’autorité urbaine vise à fluidifier la circulation et rendre la ville plus présentable, notamment pour la prochaine visite du Saint-Père, prévue du 31 janvier au 3 février 2023.

Cette mesure du gouverneur Ngobila rappelle bien d’autres mesures prises par ses illustres devanciers à l’annonce de la visite des hôtes de marque ou l’organisation de grandes rencontres internationales dans la capitale. C’est le cas de l’opération « ville propre » lancée en mai 2012 dans la perspective du sommet de la Francophonie que Kinshasa avait abrité en octobre de cette année-là. Deux années plus tôt, en 2010, l’Hôtel de ville avait fait de même, pour accueillir le roi Albert II et la reine Paola qui étaient invités à assister aux cérémonies de célébration des 50 ans d’indépendance de la RDC le 30 juin, 

Il faut dire que ce communiqué de l’Hôtel de ville annonçant le lancement de l’opération « coup de poing » pour ce lundi suscite des réactions de la part de certains habitants de la capitale qui estiment qu’en lieu et place d’une opération ponctuelle, celle-ci devrait être pérenne.

Car très souvent, soutiennent-ils, les garages et marchés pirates, kiosques et autres terrasses de fortune contre lesquels l’exécutif urbain va en guerre aujourd’hui, reprendront droit de cité au lendemain du départ du hôte de marque ou de la fin du sommet en question.   

Par ailleurs, de nombreuses initiatives visant à redorer l’image d’antan de « Kinshasa-la-belle« , souffrent du manque de suivi rigoureux des autorités et deviennent de simples slogans.

Le président de la République, Félix Tshisekedi, et le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, étaient allés en guerre contre l’insalubrité dans la troisième grande mégapole d’Afrique. Une ville où les habitants se plaignent de vivre dans une décharge. Ensemble, les deux autorités avaient lancé en septembre 2019, un vaste programme de nettoyage de Kinshasa dénommé « Kin-Bopeto« , sur fond d’appels au changement des mentalités.

Le Gouverneur de la ville demande en fait à ses administrés de consacrer trois heures tous les derniers samedis du mois à nettoyer toutes les places publiques et les parcelles privées dans une ville qui croule sous les immondices, faute de ramassage régulier des ordures. La ville en appelle au civisme et au patriotisme de tout un chacun. Près de trois ans plus tard, le rythme ne suit pas. Le programme connait un essoufflement.

Des habitants de la capitale en sont presque à regretter le partenariat avec l’Union européenne qui finançait le service de ramassage des ordures. Jusqu’en 2015, l’UE dépensait jusqu’à 1 million de dollars pour nettoyer un tiers des communes de la Kinshasa.

Cette dernière compte plus de 12 millions d’habitants, selon le gouvernorat. La ville produit chaque jour 9.000 tonnes de déchets et ne dispose pas assez de ressources financières pour enlever au quotidien ces déchets. Didier KEBONGO

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