Violences sexuelles liées aux conflits: le Gouvernement britannique en première ligne

(Article d’opinion par Emily Maltman, Ambassadrice du Royaume-Uni en RDC)

Dans la cruauté de la guerre, ce ne sont pas que les balles et les bombes qui causent des dommages durables.  

La violence sexuelle est,également une conséquence tragique et trop fréquente.

En ce moment même, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ainsi que dans d’autres zones de conflit actif dans le monde telles qu’en Ukraine, en Syrie et au Tigré, pour ne citer que ces quatre zones de conflit, des civils, principalement des femmes et des filles, sont victimes de viols et d’abus sexuels.

Les agresseurs s’en tirent généralement à bon compte, conscients qu’ils ont très peu de chances d’être tenus pour responsables et punis.

Ces abus odieux doivent cesser.

C’est pourquoi le gouvernement britannique est en première ligne d’action mondiale visant à prévenir et à condamner les violences sexuelles liées aux conflits. Et, la RDC est un partenaire clé de cette action mondiale du Royaume-Uni.

Il y a dix ans, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Lord William Hague, et Angelina Jolie ont lancé l’Initiative pour la prévention des violences sexuelles liées aux conflits (PSVI). Ils se sont rendus en RDC en 2013 pour montrer leur soutien aux innovations pour lutter contre les violences sexuelles de manière holistique. Cette semaine, à Londres, du 28 au 29 novembre, nous avons réuni des partenaires du monde entier pour discuter de la manière dont nous pouvons faire encore plus pour arrêter ce schéma destructeur dans de nombreuses zones de conflit.

Cela n’a pas été facile, car nous savons, grâce à des témoignages choquants, que ce crime terrible peut toucher certaines des personnes les plus vulnérables dans certains des endroits les plus inaccessibles du monde. Nous savons également que la violence sexuelle est loin d’être une conséquence inévitable de la guerre.  Nous pouvons faire beaucoup mieux, à la fois pour aider les survivants et pour éviter que d’autres ne subissent une telle horreur.

Je l’ai constaté par moi-même lors de mes visites en Ituri, au Sud-Kivu, au Nord-Kivu et aux Kasaïs. Leurs histoires nous apprennent ce que des milliers de personnes subissent.

Lors de leur visite en octobre en RDC, l’envoyé spécial du Premier ministre pour la prévention de la violence sexuelle, Lord Ahmad of Wimbledon, accompagné de Son Altesse Royale la Comtesse de Wessex, ont pu voir le travail que nous soutenons et entendre de la bouche des survivants à quel point il est nécessaire d’aller plus loin. Trop de femmes, d’hommes et, plus horriblement encore, trop d’enfants, dès l’âge de 4 ans et même plus jeunes encore, ont survécu à un viol.

Grâce au travail incroyable de la Fondation Panzi et du Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, les survivants reçoivent des soins humanitaires, y compris un soutien médical, psychosocial, économique et juridique pour les aider à guérir et à reconstruire leur vie. Ce modèle est également utilisé dans d’autres régions de la RDC, sous la direction de femmes et d’hommes courageux et déterminés, qui apportent un soutien vital aux survivants.

Au cours de leur visite, Lord Ahmad et son Altesse Royale ont entendu parler du travail effectué par des organisations comme TRIAL international pour lutter contre la culture de l’impunité et traduire les auteurs en justice. Le financement britannique a permis à TRIAL d’étendre ses activités stratégiques de contentieux et d’enquête afin d’aider les victimes à obtenir justice pour les violences sexuelles liées aux conflits. En RDC, cela a permis de fournir une assistance juridique gratuite à des centaines de survivants dans quatre affaires importantes, notamment l’affaire Kamonia, très connue, relative à l’enlèvement de plus de 200 femmes et enfants en 2017, et l’affaire Mai Mai Checka qui a vu la première condamnation d’un chef de groupe armé pour des viols commis au Nord-Kivu.

Je suis particulièrement fière du travail que le Royaume-Uni a soutenu pour aider les survivants à obtenir justice et à reconstruire leur vie.

Avec nos partenaires et alliés, nous sommes également impliqués dans de nombreuses autres initiatives réussies à travers le monde. Par exemple, nous défendons les droits des survivants en soutenant directement:

·      le Global Survivors Fund (Fonds mondial pour les survivants), qui a permis de venir en aide à plus de 1 000 survivants dans l’est de la RDC;

·      le code Murad, qui permet d’améliorer la manière dont les autorités judiciaires recueillent les preuves afin de réduire les possibilités de recyclage des survivants;

·      la Déclaration d’humanité, qui renforce le rôle des chefs religieux dans la promotion du rôle des hommes dans la réduction de la violence sexuelle.

Au cours des dix dernières années, nous avons tous parcouru un long chemin. William Hague a lancé le PSVI pour montrer que les hommes occupant des postes à responsabilité pouvaient – et devaient – également défendre la voix des survivantes et faire campagne pour mettre fin à ce crime odieux dont les victimes sont principalement des femmes et des jeunes filles.

Je salue l’engagement du Président Tshisekedi en faveur de cet agenda et son travail sur la masculinité positive au sein de l’Union Africaine. Il poursuit ce que d’autres ont commencé en montrant que les hommes ont un rôle essentiel à jouer, en montrant ce qui est et n’est pas un comportement acceptable de la part des hommes dans le monde entier.

Nous nous félicitons de la participation à la conférence de Londres de la Ministre de la Justice, la Ministre du Genre, Famille et Enfant, de la Conseillère Spéciale du Chef de l’Etat en matière de jeunesse, genre et violences faites à la femme, la Première dame, ainsi que de survivants et de représentants de la société civile en RDC. 

Nous sommes engagés à travailler avec le gouvernement de la RDC, la société civile et les survivants afin d’apporter un changement durable et tangible dans la vie des survivants, tout en empêchant à d’autres personnes de vivre des épreuves aussi horribles à l’avenir.

Il s’agit d’un problème mondial qui nécessite une réponse mondiale. Nous le devons aux courageux survivants qui sont une source d’inspiration pour nous tous

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