*Il circule sur les réseaux sociaux une correspondance du Conseiller spéciale a.i. du chef de l’Etat en matière de sécurité invitant le président du Tricom de Lubumbashi hier mardi 13 décembre dans ses installations pour une séance de travail.
On en sait un peu plus sur les contours des pressions que le juge Laurent Batubenga Ilunga dit subir dans sa lettre de démission adressée le 9 décembre au Magistrat suprême. Parce qu’une correspondance signée par le Conseiller spécial a.i du Chef de l’Etat, Jean Claude Bukasa, invite ce dernier à se présenter hier mardi 13 décembre dans ses installations.
Il n’en fallait pas plus pour que l’on fasse le lien entre les pressions que le président du tribunal de Commerce de Lubumbashi évoquait dans sa démission et cette invitation du Conseiller de Fatshi en matière de sécurité.
Le problème, dans cette affaire, c’est l’Etat de droit, cheval de bataille affirmé du Chef de l’Etat, qui est mis en mal. Comment un avocat peut user de sa casquette de personnalité influente du pouvoir pour faire pression sur un juge pour que ce dernier dise le droit en faveur de celui qu’il considère comme un adversaire politique? En l’occurrence Moïse Katumbi.
Pour nombre d’observateurs y voient là un mélange de genre dangereux. Un trafic d’influence voire un empiètement. Et plus largement une atteinte à la sacrosainte séparation des pouvoirs. Ce n’est pas tout. Car au bout de la chaîne, il y a le déni de l’Etat de droit dont Moïse Katumbi fait les frais.
Dans la lettre de démission du président du Tribunal de Commerce de Lubumbashi, il est clairement dit que le but de la manœuvre est d’empêcher le patron de MCK d’avoir des moyens pour sa campagne, quand on sait que le leader d’Ensemble pour la République ne fait pas mystère de son intention de briguer la magistrature suprême. Ce qui est parfaitement légitime de sa part étant citoyen congolais.
En fait, ce début d’acharnement contre Katumbi ne s’arrête pas là. Pas plus tard qu’hier, le patron de Mazembe explique dans un élément audio sur les réseaux sociaux qu’il a dû quitter Lubumbashi pour la Zambie en vue de prendre son jet. Pour cause, l’autorisation de survol de son pays lui a été interdite. Alors que dans ce même élément, le Chairman Katumbi dit qu’il avait introduit en bonne et due forme la demande d’autorisation de survol du territoire depuis une semaine. Car membre de la CAF et de la FIFA, Moïse Katumbi était attendu au Qatar pour une réunion.
L’histoire se répète
Pour Katumbi, l’histoire semble se répéter. Au crépuscule du régime Kabila, l’ancien gouverneur du Katanga avait été contraint à l’exil pour, au fond, être privé de son droit d’être élu. Et les forces politiques et sociales dont l’UDPS aujourd’hui au pouvoir s’étaient insurgées contre cette mesure qui sentait l’arbitraire à mille lieues.
Voilà qu’aujourd’hui, le parti tshisekediste qui se définissait comme l’antithèse aux pouvoirs précédents en matière des droits de l’homme et de l’état de droit est en train d’exhumer les méthodes du passé et les mettre à jour pour disqualifier le même Moïse Katumbi.
Le Chef de l’Etat devrait décourager ceux de ses collaborateurs qui croient renforcer son pouvoir en marchant sur l’état de droit. Car au finish, la jurisprudence renseigne que tout passif d’un régime retombe sur le Président de la République. FDA