Pour un fait rarissime sous les tropiques rd congolaises, c’en est un. Trois ministres qui démissionnent du Gouvernement sans qu’on ne les ait démissionnés. Ou qu’on ne les ait poussé à le faire.
Christian Mwando, Chérubin Okende et Véronique Kilumba viennent de renoncer aux privilèges que procure l’exercice du pouvoir pour être au clair avec la ligne de leur parti ou regroupement politique qui les avait mandatés. Au demeurant, choisir c’est renoncer, dixit André Gide.
Le mandant » Ensemble » de Moise Katumbi ayant quitté l’Union sacrée de la Nation (USN), les trois membres du Gouvernement se devaient- logiquement- de tirer les conséquences de ce choix politique. C’est ce qu’ils viennent de faire de la façon la plus républicaine qui soit. Cette attitude conséquente et même chevaleresque force respect.
Le propos n’est pas tant de se prononcer sur les performances ou les orientations politiques des désormais ex-ministres. La question est plutôt de saluer la cohérence de la démarche et espérer qu’elle puisse faire école dans une classe politique où la culture de démission est une denrée inexistante. Ou presque.
Ici, c’est le » j’y suis, j’y reste » qui a la cote. Non parce que l’homme politique zairo-congolais a fait don de sa personne à la République, mais par un carriérisme dicté par la politique du « tube digestif « . A cause du « ventre« , le port de conviction n’est plus obligatoire.
Résultat, les valeurs et principes ont déserté l’espace politique face à l’entrée par effraction et infraction de quantité d’antivaleurs qui tiennent lieu de boussole. Au premier rang de ces vices, la transhumance qui avilit plus qu’elle n’ennoblit l’acteur politique congolais.
Au crépuscule de son séjour sur l’avenue Roi Baudouin, le Premier ministre Ilunkamba a eu sa formule pour décrier le vagabondage politique : » je ne vais pas quitter la table desservie chez moi pour aller continuer à manger chez le voisin « .
Voilà que Christian Mwando, Chérubin Okende et Véronique Kilumba quittent une table encore bien garnie. Un antidote de fin d’année à la tristement célèbre transhumance politique. Tout à leur honneur ! José NAWEJ