Enfin, le Président de la République a parlé, le jeudi 3 novembre 2022 vers 21 heures à Kinshasa. Comme à l’accoutumée, la radio et la télévision nationales ont servi de relais pour atteindre les populations congolaises. Il était temps que le Président parle, qu’il fixe les idées, qu’il cadre les axes, qu’il donne les orientations. Il fallait qu’il touche les cœurs et la sensibilité des jeunes Congolais, qu’il captive leur attention, suscite leur engouement, motive leur élan et motive leur courage à tous pour la défense de la Nation en danger. Mais, l’on note que le Chef de l’Etat a parlé cinq mois après la prise de Bunagana et une semaine après que Rutchuru, Kiwandja… aient tombé entre les mains des rebelles de M23.
On est obligé de reconnaitre que le Président a eu le mot adéquat, le ton juste, la joute oratoire mesuré et l’envolée cadrée… dans son dernier discours à la Nation. Mais, la question qui demeure est celle de savoir si le difficile exercice auquel s’est livré la Président Tshisekedi a eu la portée souhaitée et l’écho favorable attendu auprès de l’opinion, des jeunes et des Congolais.
Les préalables
Soyons néanmoins honnêtes pour nous pencher sur les préalables qui influent sur la forme du message et qui influence l’impact éventuel (positif et négatif attendu) tant attendu. Faut-il rappeler aussi que la forme a une influence directe sur la transmission et donc sur la réception et la perception du message transmis.
Depuis la prise de Bunagana, le Président Tshisekedi s’est levé et a fait le tour du monde pour ameuter l’opinion. Luanda (Angola), Nairobi (Kenya), Etats-Unis (New-York), Londres (Angleterre)…Il a tenu à démontrer sa bonne foi, à établir la mauvaise foi du «Voisin» et à défendre la cause noble de l’unité nationale.
Mais, il existe moult actions à remplir préalablement pour avoir «le petit plus» nécessaire et indispensable pour gagner le gros lot. Nous avons dénombré une demi-dizaine des préalables qui, s’ils avaient été remplis, octroieraient aux discours présidentiels un éclat et une jouvence indispensable.
Le préalable primordial n’est-elle pas celui de privilégier surtout la cohésion interne nationale comme une des armes efficaces pour combattre l’expansionnisme des certains pays voisins. Le tour des provinces et le détour vers le front aurait donné du plus de tonus et un tour-de-vice indispensable à son action et à son message.
L’idéal aurait été (et ce n’est pas encore tard) qu’une réunion politique de tienne, autour du lui, Seul Chef de l’Etat, réunissant la classe politique et la Société Civile, toutes les tendances confondues, sur la conduite à suivre devant la Nation en danger et le M23. Le Président de la République sortirait grand. Ne pas le faire et s’adresser directement à la Nation, tout en sachant que les populations répondent des leurs leaders politiques qui, pour la plupart, se trouvent à Kinshasa, c’est comme pisser dans ses chaussettes. La population ne retient rien. Le message entre à gauche et sort à droite, sans laisser des traces. Le message passe de travers et elle (la population) attend les mots d’ordre de leurs leaders.
En outre, la symbolique de proximité à laquelle devraient être attentifs les communicateurs présidentiels, devrait être présente dans l’esprit du Chef. Le discours d’une telle portée, devrait être prononcé le plus proche possible du lieu des opérations ou du front. De sorte que si le Chef de l’Etat avait prononcé son discours à Goma ou à Kisangani, il aurait eu un impact évident et sur les hommes des troupes et sur la population.
Enfin, le discours du Président a souffert du déficit de solennité et d’éclat, qui, généralement, empêche de tomber dans le pathétique. Plus d’éclat dans le choix de concepts, de tournures, d’expressions dans les discours aurait plus motivé la jeunesse. «Un peu plus » de solennité dans le ton, dans l’inflexion, dans l’intonation de la voix est plus captivante et traduirait mieux l’émotion exigée par la circonstance.
Et si à cela, s’ajoutait le costume de circonstance. Si le Président de la République, Chef de l’Etat Tshisekedi se mettait en tenue militaire, en sa qualité de commandant suprême de l’armée. Cela traduirait mieux sa détermination et sa volonté d’en découdre avec le M23.
Les Très Hautes Fonctions sont souvent accrochées et dépendantes des tous petits faits, gestes, mots, discours, actes… de «petits plus» pour qu’elles réalisent de grandes choses. Souvent on oublie que les grandes actions s’accomplissent grâce à des petits faits simples, sans importance. Kakese Vinalu