Le budget 2023 a été présenté le vendredi 28 octobre 2022 dans un Palais du peuple dans une suspecte effervescence, du dehors comme du dedans. Du dehors des combattants des partis politiques de l’Union Sacrée pour la Nation (USN) ont répondu nombreux à l’appel et se sont amassés par milliers autour de l’hémicycle arborant drapeaux et T-shirts et scandant chants et slogans. Du dedans, le budget 2023 était présenté point par point par le Premier ministre certain de gagner cette étape. Ce fut presqu’à l’unanimité que le budget a été reçu et envoyé à la commission. Mais des questions fusent de partout : A quoi tient cette célébration en fanfare à la simple présentation du budget ? Que sont devenus les faits de détournement révélés par la Cour des Comptes dans son rapport de reddition des comptes 2021 et dénoncés par les députés ? Ces faits ne méritent-ils pas clarification, au besoin interpellations des responsables de cette supercherie et poursuites judiciaires pour les présumés coupables ?
A la différence sans doute des autres députés, Nsingi Pululu sait lire. Il comprend ce qu’il lit et sait expliquer ce qu’il comprend. Il en a fait la démonstration à la tribune de l’Assemblée nationale le 20 octobre 2022, lors de l’examen du rapport de la Cour des comptes sur la reddition des comptes 2021. Entre les mains de Nsingi, ce rapport a pris du relief. La lecture qu’il en fait résonne et les conclusions qu’il en tire, tonnent comme des bombes lancées à la conscience. Nsingi déchiffre le bon grain de l’ivraie, aligne année après année les chiffres contenus dans ce rapport et constate : décaissements multiples des mêmes projets, remise en selle d’année en année des projets exécutés, surfacturation, majorations des montants décaissés… Le faisant, Nsingi remplit sa tâche et accomplit sa mission pour lesquelles l‘Etat congolais le paie. Aux autres institutions d’en faire le suivi et d’en assurer l’aboutissement.
Autant de chiffres sont flous autant ils donnent des vertiges
La Cour des comptes a le mérite d’exister. Il a plus de mérites lorsqu’elle met à nu les méfaits commis par certains dirigeants à des degrés divers. Mieux, son rapport révèle la hauteur des montants subtilement détournés. Il dévoile la chaine des complicités et établit la série d’implications. Il met à nu l’incompétence, la défaillance, la corruption, l’esprit prédateur de certains Congolais. Il démontre, s’il en était encore besoin, la déchéance et la déliquescence de l’Etat. Les montants détournés se chiffrent tantôt en francs congolais, tantôt en dollars, tantôt en millions, tantôt milliards
Les références auxquelles l’honorable Nsingi s’est basé sont : 1° Rapport sur la reddition des comptes de la « Cour des comptes » 2021, Documents n°6, page 278 et 2° le Budget en exercice 2022, document n°6, p.298 ? (Sic)
– Qu’en est-il d la question des routes à problème ? – 1° Route Kimwenza ; – 2° Route Bel-Air (Bretelle Bay-pass –Kimwenza) ; – 3° Route Kimbwala – 4° Route Nzolana – 5° Route Elengesa…
– Quid de l’argent attribué à « l’Association des Consommateurs du Congo » ?
Méritent clarifications, toutes ces différentes routes et leur destination. Les mêmes clarifications sont utiles quant aux montants prévus, attribués et proposés. Il en est de même des montants décaissés, payés ou accordés. Il en est de même des responsabilités à établir.
Qui en sont les coupables et qui les fera payer les coupables ?
Où sont passés les coupables ? Qui s’occupera d’eux ? Qui les fera payer ? Autant de questions que tout Congolais sain d’esprit est en droit se poser. Il se passe dans notre pays, des magouilles orchestrées par certains responsables opérant sous divers modes : détournements, corruptions, vols, rétro-commissions, sous-commissions, commissions dans l’affectation et l’exécution des budgets prévus dans la réalisation des travaux d’intérêt national. Tout cela se passe dans une sorte de conspiration du silence.
Aussi, les trois questions à poser sont celles de savoir : Qui en sont les coupables ? Comment les découvrir ? Comment les arrêter pour les mettre hors d’état de nuire ?
Ces questions veulent simplement dire l’on ne peut pas s’arrêter en si bon chemin. Il faut tout faire pour infirmer ou confirmer les contenus des rapports de la Cour des comptes. Ceux qui ont été lu par le député Nsingi, lancent des accusations et dévoilé les probables magouilles dans l’exécution des budgets.
A présent qu’est plus ou moins connu le modus operandi de ces magouilles, il est nécessaire de passer à la seconde étape, celle de l’interpellation des possibles concernés dans la chaine des dépenses, du moins pour ceux qui seraient impliqués. Il sera question d’établir l’existence réelle de ces magouilles. Et si elles existaient, il y faudrait dégager les responsabilités entre accusés, complices, témoins et innocents.
C’est alors qu’il faudra enfin voir si la saisine par les Instances judiciaires est possible ou non. Leur rôle régalien est de formuler les griefs, infirmer ou confirmer la responsabilité des prévenus. Ceux-ci doivent, au regard de la loi, être condamnés ou acquittés selon qu’ils sont dans l’une ou l’autre catégorie. Cela apaisera les esprits et rencontrera les attentes de la population.
Mais, ces souhaits et espoirs risquent d’être pieux et vains. A voir l’effervescence politique au Palais du Peuple lors du dépôt du budget, le massage envoyé et qui s’affiche traduit tout l’effort du pouvoir à jeter dans les oubliettes le rapport 2021 de la Cour des comptes.
Après tout, le budget 2023 présenté pousse l’attention commune à être braqués vers le partage consommateur de ce nouveau budget qui lui, pèse plus de 14 milliards de dollars américains. Pourquoi dès lors, perdre son temps à chercher des poux sur la tête des gens, alors qu’un frais gâteau, 4 fois plus gros que le précédent, s’offre à la gloutonnerie et à la mangeoire de quelques rares privilégiés. Il suffit de se glisser parmi «ces rares privilégiés» pour se retrouver comme eux, du jour au lendemain, riche. Chance eloko pamba ! KAKESE VINALU