Félix Tshisekedi en appelle à une mobilisation générale

D’entrée de jeu, le Chef de l’Etat a fixé l’opinion sur la raison première de son discours du jeudi 3 novembre 2022 : l’agression et l’occupation des territoires du Nord-Kivu par le groupe terroriste M23 avec l’appui avéré «en hommes et en logistique du Rwanda». 

Commencée le 13 juin par la cité de Bunagana, cette double action s’est poursuivie le 29 octobre dernier par les cités de Kiwanja et Rutshuru. Le même jour, le Conseil supérieur de la défense s’est réuni avec parmi les options levées le discours dont question. Entre-temps, sur le terrain, le drame habituel s’est produit au travers du déplacement en masses des populations avec toutefois cette singularité notable : en dépit de toutes les infortunes qu’ils subissent, les Congolais ne se dirigent plus vers le Rwanda. Ils n’accueillent plus en «libérateurs» les éléments de l’armée rwandaise, encore moins leurs supplétifs du M23…

«Au moment où je fais cette adresse, nos agresseurs occupent certaines localités dans le territoire de Rutshuru, occasionnant ainsi un drame humanitaire avec plus de 200.000 compatriotes forcés de fuir les affres terroristes dans les zones de combats. Ils se retrouvent en dehors de chez eux sans logis, sans nourriture et sans soins », a déclaré le Président de la République qui a saisi l’occasion d’abord pour annoncer les instructions données au Gouvernement pour une prise en charge adéquate des populations déplacées et, ensuite, en appeler «à un élan général de solidarité pour alléger leur fardeau».

Pour que sa position soit bien comprise de tous, Félix Tshisekedi a placé cette situation dans le temps. En effet, c’est depuis plusieurs décennies, a-t-il dit, que «des groupes armés nationaux et étrangers écument l’Est de notre pays en y commettant des atrocités innommables sur fond d’exploitation illégale de nos ressources naturelles».

Dans son discours aux Nations Unies du 21 septembre dernier, il s’est référé aux rapports émanant du système des Nations Unies, de même que ceux des ONGs congolaises, étrangères et internationales confirmant ces informations. Kigali ne l’a pas contredit.

Aussi, fort de ces éléments, a-t-il été amené, une fois au Pouvoir en janvier 2019, à prendre l’engagement de rétablir au cours de son mandat la paix et la sécurité là où elles sont compromises et de les consolider là où elles existent.

En trois ans et demi, misant sur la diplomatie de proximité, il a dû visiter chacun des 9 Etats voisins dans le but, a-t-il souligné, «d’établir avec eux des relations de coopération franche, transparentes et gagnant-gagnant».

Dans son discours du 3 novembre, il fait l’état des lieux des relations avec l’Ouganda et le Rwanda. Avec le premier, il y a la mutualisation des Forces armées rdcongolaises et ougandaises pour combattre les Adf tout comme le lancement des travaux de construction de deux routes transnationales, en l’occurrence celles de Kasindi-Beni-Butembo et de Bunagana-Rutshuru-Goma. Avec le second, il y a le mémorandum d’entente sur le commerce de l’or, l’ouverture d’une ligne aérienne en faveur de Rwandair et l’accord de non double taxation.

Bref, Félix Tshisekedi a fait preuve d’une humilité basée sur le pragmatisme et la prospective ; ce qui caractérise les grands hommes. 

VRAI OU FAUX ? VRAI !

       Aussi, en ajoutant dans la phrase suivante « Malgré cela, ce pays va nous surprendre en réactivant les terroristes du M23», l’unanimité s’est spontanément dégagée en sa faveur. Et lorsqu’il a rappelé la défaite infligée à ce groupe armé en 2013 par les mêmes Fardc, c’est comme s’il communiquait à son peuple sa conviction d’une victoire inéluctable. 

Mais, auparavant, Félix Tshisekedi a anéanti toute l’argumentation du Rwanda au sujet des Fdlr. «En effet, sous la fallacieuse accusation de soutien des FARDC aux FDLR, le Rwanda a en réalité des velléités expansionnistes avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais et pour ce faire, il s’active à déstabiliser l’Est du Congo pour créer une zone de non droit en vue d’assouvir ses appétits criminels», a-t-il déclaré.

En homme d’Etat avisé, et face aux deux options qui ont continué à se présenter à lui, à savoir la diplomatie et la guerre, il a résolu, a-t-il dit, «de privilégier la première option quitte à en venir à la seconde faute de résultats». D’où la mise en œuvre de la première.

Et là, il a marqué des points – en boxe on parlerait d’uppercuts – en relevant le parcours effectué à Nairobi et à Luanda.

Vrai ou faux, le 20 juin 2022, au 3ème conclave des Chefs d’Etat membres de la Cae, il a été convenu de la cessation immédiate de toutes les hostilités à l’Est de la RDC, du dépôt immédiatement et sans condition des armes ainsi que de l’engagement dans un processus politique ? Vrai !

Vrai ou faux, le 6 juillet 2022, dans la feuille de route du Processus de Luanda, il a été convenu de la normalisation des relations politiques et diplomatiques entre la RDC et le Rwanda avec comme « première action retenue : arrêt des hostilités et retrait du M23 des positions occupées conformément au communiqué final de Nairobi» ? Vrai.

Vrai ou faux, le 21 juillet 2022, lors de la tripartite de New York à l’initiative du Président français Emmanuel Macron, il a été convenu «d’un cessez-le-feu immédiat et du retrait sans condition du M23 des positions qu’il occupe» ? Vrai.

CHAQUE CONGOLAIS SAIT CE QU’IL DOIT FAIRE ET NE PAS FAIRE

«Comme vous pouvez le constater, malgré notre investissement et les efforts fournis dans cette optique, la paix et la sécurité ne sont pas au rendez-vous», a fait constater le Président de la République qui, en sa qualité de Garant de l’indépendance, de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale, a évidemment réitéré son « engagement constitutionnel de défendre la Patrie jusqu’au sacrifice suprême».

Par son exhortation «Ne doutons jamais, qu’ensemble réfléchis et engagés nous puissions changer le monde», il s’est adressé aux Fardc en leur rappelant «l’engagement de servir sous le drapeau», et pour particulièrement en ce moment historique «de défendre notre pays, de protéger l’intégrité de son territoire et d’assurer la sécurité des congolaises et des congolais contre toute agression ou attaque d’où qu’elle vienne».

A ses compatriotes, Félix a mis en exergue les sacrifices imposés par la guerre. «C’est le moment de taire nos divergences politiques pour défendre tous rassemblés, notre mère patrie. Notre histoire et notre marche commune ont, sans cesse, démontré que loin de s’effondrer, notre Nation et son Peuple ont toujours relevé ce genre de défis et nous en sommes toujours sortis victorieux».

Il a renchéri qu’«Au de-là de tout clivage politique, idéologique, religieux et tribal, la défense de la Mère-Patrie est le seul objectif qui doit nous unir en ce moment. Le pays nous appelle, la Nation a besoin de l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils», non sans appeler son peuple à rejeter tout propos xénophobe, tout discours de haine ou de stigmatisation à l’endroit précisément des communautés rwandophones, tant il est vrai que l’asservisseur s’en «sert pour faire du chantage».

Quant à la jeunesse, elle a été invitée «à s’organiser en groupe de vigilance, en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces de défense et de sécurité dans l’accomplissement de leur noble mission». De même qu’il a enjoint les jeunes à la conscription, et cela dans les 26 provinces du pays.

«Nous devons ensemble avoir conscience que nul autre que nous-mêmes ne viendra sauver notre nation et que cela exige de chacun de nous une mobilisation tous azimuts», a déclaré le Chef de l’Etat avec comme mot de la fin «Que Dieu Bénisse la République Démocratique du Congo».

L’heure étant maintenant à la mobilisation, chaque congolais sait ce qu’il doit faire et ne pas faire.  Paul DIAKIESE

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