Des Kinois attribuent le phénomène à « l’absence » de décharges publiques à leur portée

Kinshasa est sale ! Les Kinois n’arrêtent pas de parler de l’état insalubre dans lequel se trouve leur ville. Tout en évoquant les principales causes à la base de cette situation.

Des Kinois ont estimé que l’absence de politiques nationales en matière de décharges publiques placées à l’entrée de toutes les avenues est l’une des causes de l’insalubrité dans la capitale. La ville peine à redorer son image d’antan qui lui a valu l’appellation de ‘’Kin-la-Belle’’. Des immondices de déchets ménagers et autres par ici par-là précisément dans les canalisations d’eau,  le long des artères principales notamment sur les voies  goudronnées comme sur les avenues. Rencontrés sur le terrain, plusieurs Kinois nous ont dit ce qu’ils en pensent et comment y remédier.

Selon une source du ministère de l’Environnement, le manque d’exécution de plusieurs initiatives sociales prises par le consortium des environnementalistes et soumises aux autorités nationales et provinciales compétentes est une des causes de l’insalubrité qu’on déplore dans la ville de Kinshasa.

‘’Nous recevons après chaque nomination les autorités du secteur de l’environnement comme de l’Hôtel de ville. Animés par le sentiment de faire mieux, nous schématisons lors de nos séances de travail d’équipe avec les autorités du secteur sur des approches des solutions efficaces qui devraient aboutir à lutter contre l’insalubrité à Kinshasa. Ce qui bloque malheureusement, c’est la non-application de toutes ces mesures’’, a déploré un agent du ministère de l’Environnement qui a requis l’anonymat.

A entendre une autre source, la prolifération des usines d’emballages non dégradables ainsi que de bouteilles en plastiques est également à la base de la saleté dans la ville. Quelques personnes contactées ont préconisé aux autorités de tutelle la fermeture de ces entreprises pour résoudre ce problème.

MANQUE DE MOYENS FINANCIERS ET DE SENSIBILSATION

Certains Kinois ont également attribué la  responsabilité aux gouvernants et aux gouvernés. D’après eux, le Gouvernement semble ne pas être à la hauteur de ses responsabilités dans la gestion de la chose publique. Une seule pluie tombée a mis à nu toutes les failles de gestion des gouvernants   nationaux et provinciaux. Ces habitants attribuent l’échec du projet ‘’Kin Bopeto’’ à deux causes : le manque de moyens financiers et de sensibilisation et de rééducation de la population.

De nombreux Kinois ne se comportent jamais en citoyens éco-responsables dans leur gestion de déchets ou résidus. Plusieurs d’entre eux se permettent de jeter n’importe quoi sur le macadam ou le trottoir (bouteilles en plastique, papiers mouchoirs, emballages en plastique) après l’utilisation quand ils sont à bord d’un véhicule, à pied.

Par ailleurs, le niveau de mentalité de la plupart des Kinois sur les notions d’assainissement de l’environnement est également une cause réelle de l’insalubrité dans la ville. Une bonne catégorie d’habitants de la capitale jettent leurs immondices dans les caniveaux quand il pleut ou aux heures tardives. On trouve des déchets jetés par terre même dans les endroits où sont installées les poubelles publiques.

DES IMMONDICES, UNE OPPORTUNITE ?

Les immondices ne sont pas que l’ennemi à la salubrité de la ville de Kinshasa. Elles présentent également une opportunité à saisir. De tonnes d’immondices  sont recherchées et attendues par la population habitant les milieux périphériques. Beaucoup de Kinois qui vivent dans les quartiers non urbanisés ont des problèmes de logement à la suite de l’avancée de têtes d’érosion dans leur contrée. C’est le cas notamment du quartier Mbanza-Lemba, dans la commune de Lemba derrière le home 30 des étudiants de l’Unikin. A entendre une  femme ménagère, « la peur du danger nous a amenée à abandonner notre demeure qui se trouvait dans les périmètres de ces maisons que les têtes d’érosion ont englouties. Que l’Hôtel de ville nous aide en nous envoyant des camions des immondices afin de stopper l’avancée de l’érosion. De manière que lorsque le ravin sera complètement chargé de déchets ménagers que l’autorité urbaine pense à le goudronner. Cela nous permettra de récupérer nos terrains et rebâtir nos maisons« , a imploré Mme David Kazadi.

Pour arrêter l’engloutissement de plusieurs parcelles et des maisons par têtes d’érosion, la population et  Amos Bofale chef de bureau du quartier de Mbanza-Lemba sont mobilisés. ‘’J’ai mis sur pied un comité de sensibilisation de porte à porte et de collecte de fonds à des fins d’une auto prise en charge. Nous achetons sacs, sable, bambous, et autres matériaux avec lesquels nous fixons des garde-fous afin de repousser la menace, en attendant que le gouvernorat mette à notre disposition des moyens conséquents. Car le danger étant à notre portée, nul ne voudra rester main croisée peu importe les difficultés’’, a déclaré le chef de l’entité politico-administrative de Mbanza Lemba.

LE SURPEUPLEMENT, CAUSE DE L’INSALUBRITE

Selon Théodore Nzita, la cinquantaine révolue, « la multiplication de communes qui n’a pas existé à l’époque coloniale est la cause lointaine de tous les problèmes auxquels la capitale congolaise fait face aujourd’hui, notamment celui de son insalubrité. Ce sont des communes non urbanisées telles que Kisenso, Bumbu, N’sele, Makala, Selembao, Kimbasenke, Ngaba, etc. avec une population de plus en plus croissante. Conséquence, le surpeuplement qui a pour effets l’insuffisance d’infrastructures de base, notamment les écoles, les hôpitaux, l’absence d’égouts et de caniveaux, l’absence de lieux de décharges publiques, des constructions anarchiques voire sans respect des normes urbanistiques, les érosions, les inondations récurrentes, etc. constituent les causes lointaines de l’insalubrité dans la ville de Kinshasa. Abondance MASAKA/Stagiaire

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter