C’est peu de dire que l’heure est grave. C’est navrant de constater que la classe politique- pouvoir et oppositions- continue à crier à hue et à dia. C’est le lieu pour le chef de l’Etat, garant constitutionnel de la Nation, de prendre une initiative républicaine dans le sens de créer une vraie union sacrée afin de défendre la patrie. Car, le défi auquel la RDC fait face est de nature collective. En temps de guerre, la réponse est unitaire ou ne l’est pas.
Les parrains et leurs sous-traitants rwandais et même ougandais ayant fini de démontrer que sous Mobutu, sous Laurent-Désiré Kabila, sous Joseph Kabila ou sous Fatshi, les buts de guerre demeurent les mêmes. A savoir l’émasculation de la RDC à des fins d’exploitation des ressources naturelles voire, le cas échéant, de balkanisation. Alors, vivement l’Union sacrée !
Autant le préciser tout de go. Dans ce vaste monde où on ne réinvente pas la roue, le terme « Union sacrée » n’est pas une spécialité rd congolaise. Des nations confrontées à divers périls comme la guerre appellent au rassemblement de toutes les forces politiques et sociales en vue de faire face au danger commun.
Il se fait, hélas, que ce concept a été maladroitement tropicalisé, galvaudé, trafiqué et instrumentalisé. D’une démarche entourée d’un halo de noblesse, de gravité et de solennité, l’Union sacrée a été préemptée par des acteurs politiques à des fins carriéristes.
Pour ne pas remonter jusqu’au déluge, dans les années 90, les oppositions zairo-congolaises s’étaient drapées dans le label « Union sacrée« . On sait à quel type de scissiparité ce conglomérat d’opposants-radicaux, modérés, gentils, infiltrés …- a abouti.
L’histoire étant un perpétuel recommencement-foi de l’historien athénien Thucydide-, revoici l’union sacrée version Béton. Là aussi, il s’agit, pour l’essentiel, d’un regroupement d’éléments disparates où le « chacun pour soi, Fatshi pour tous » l’emporte sur le « un pour tous, tous pour un« . Rien de vraiment bétonné. Moralité, dans les deux expériences, il n’y a vraiment pas d’union pour conclure à une alchimie portant le sceau du « sacré« .
Idem pour le front commun. Un terme mangé à toutes les sauces notamment durant la longue et ruineuse transition de la décennie 90.
Ironie du sort, le Front commun pour le Congo, présenté comme creuset du patriotisme au crépuscule de la présidence Kabila fils a vu des « patriotes » traverser la rue avec armes et bagages pour rejoindre … l’Union sacrée ou sucrée -c’est selon-, synonyme de nouvelle « mangeoire » de la République. José NAWEJ