Me Eliane Kibubi, avocate et activiste des droits humains, recommande aux femmes désireuses de travailler comme décideurs dans les affaires publiques en RDC de créer une synergie entre les organisations féminines, la Société civile et les femmes politiques.
Elle a fait cette recommandation via un document dont une copie a atterri à Forum des As. L’avocate est partie du constat selon lequel en RDC, près de la moitié des 80 millions d’habitants sont des femmes. Malheureusement, la femme est faiblement représentée dans la vie publique à tous les niveaux, en dépit de l’arsenal juridique en sa faveur.
Dans ce texte intitulé «Participation de la femme dans le développement de la société congolaise», cette défenseuse a examiné, sous un angle juridique, les différents instruments qui garantissent à la femme des droits…
Outre la synergie tripartite, Me Eliane Kibubi appelle les femmes à bannir le complexe d’infériorité et à s’organiser en structures soudées. Cela leur permettra, estime-t-elle, une forte représentation et participation dans tous les secteurs.
Une autre recommandation aux dames est celle de s’affirmer en démontrant qu’elles sont capables d’assumer des responsabilités étatiques. Elle cite, en guise d’exemple, des femmes comme Sophie Kanza Lihau, Philomène Omatuku, Jeanine Mabunda… qui ont exercé de hautes fonctions politiques au pays.
Enfin, cette praticienne de droit rappelle à ses homologues l’existence, sur le plan juridique, des instruments tant au niveau international, régional que national leur garantissant des droits politiques.
«Conformément aux instruments juridiques internes, la femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions», assure-t-elle.
Face à plusieurs défis
«Depuis le premier Gouvernement formé après l’indépendance, il est malheureux de constater que la femme en RDC de manière générale est faiblement représentée dans la vie publique et ce, à tous les niveaux», a-t-elle déclaré.
Plusieurs raisons sont à la base de la faible participation politique des femmes en RDC. Pour Me Eliane Kibubi, la femme congolaise fait face à des défis sur les plans politique, juridique, socioculturel et économique.
La faible adhésion aux partis politiques, la sous-représentation des femmes dans les directoires des partis politiques sont parmi les difficultés rencontrées par les Congolais sur le plan politique.
Au plan juridique, la femme congolaise est exposée à la méconnaissance des textes et instruments juridiques, la non-application de certaines lois, notamment la loi sur la parité, la faible vulgarisation des lois relatives à la promotion de l’égalité des sexes, la faible vulgarisation des textes juridiques en langues nationales, etc.
Parmi les défis socioculturels, elle dénombre l’analphabétisme en milieu rural, le faible niveau d’instruction, la répartition sexuée des rôles et tâches dans la société, les stéréotypes sexistes, etc.
La pauvreté, l’accès difficile à la propriété foncière, la faible représentation dans les postes de direction, la faible qualification professionnelle, etc. sont autant de difficultés économiques rencontrées par la femme congolaise. Aimé TUTI/CP