* Réunissant hier les directeurs généraux des entreprises sous sa tutelle, le patron des Infractructures et Travaux Publics a joué à la Cigale de la Fontaine.
Après l’averse du lundi 24 octobre qui a causé d’importants dégâts environnementaux dans plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa, le ministre d’Etat, ministre des Infrastructures et Travaux publics (ITP), a réuni hier mercredi, les directeurs généraux des services relevant de sa tutelle. Objectif : évaluer les conséquences de cette flotte à la base du malheur de plusieurs ménages dans la capitale.
« L’heure n’est plus à des questions de savoir pourquoi. Mais plutôt, à la recherche de solutions durables à court, moyen et long terme sur le plan directeur de l’assainissement de la capitale », ponctue Alexis Gisaro. Pour le numéro 1 des ITPR, les raisons, mieux les causes des inondations observées dans la capitale après chaque pluie diluvienne, sont bien connues. A savoir, le bouchage des collecteurs. Il ajoute à cela, des maisons construites sans respect des normes urbanistiques. Bref, les fameuses « constructions anarchiques« .
« Le ministre des ITP nous a réunis pour réfléchir ensemble sur la riposte au récurrent problème des inondations dans la capitale et, à l’occasion, chercher à savoir notre approche sur les différentes interventions que nous aurons à mener dès à présent et dans le futur. Il nous a demandé de réfléchir à trois niveaux. Le premier, à court terme, a été de chercher un plan directeur de la capitale, mission dévolue à l’Agence congolaise de grands travaux(ACGT). Le deuxième niveau, il nous a exhortés à étudier, à moyen terme, comment libérer les draps qui longent les différents bassins versants. Ce, avec le concours du Fonds national d’entretien routier(FONER). Enfin, le troisième niveau a consisté à réfléchir, à long terme, sur ce que doit être la ville de Kinshasa sur le plan d’assainissement« , a expliqué Alain Tshimbalanga, directeur provincial de l’Office des voiries et drainages (OVD), cité par le média en ligne Congoprofond.net.
Et d’ajouter : « Le ministre d’Etat avait lancé les travaux de curage il y a une semaine. D’ici à 48 heures, les travaux vont s’intensifier sur l’ensemble de la capitale et seront financés par le FONER. Et, pour l’exécution de ces travaux, nous allons recourir aux Petites et moyennes entreprises (PME)« .
UNE CATASTROPHE EVITABLE
Que le ministre Alexis Gisaro réunisse sa technostructure en vue d’évaluer les conséquences de la forte pluie du lundi 24 octobre sur la ville de Kinshasa, il n’aura pas cependant évacué l’éternelle problématique de l »absence d’anticipation qui caractérise les dirigeants du pays.
Si la pluie est un phénomène naturel, d’aucuns pensent que ses conséquences négatives, en termes de dégâts sur l’environnement et sur la communauté peuvent être évitables. En ce qui concerne la situation à Kinshasa, par exemple, on note que ce n’est pas la première fois qu’une averse engloutisse les mêmes artères de la capitale et des maisons d’habitation. En plus des éboulements de terre déplorés dans plusieurs quartiers non urbanisés de la capitale .
Cependant, il s’observe une inertie à la fois coupable et condamnable dans le chef des dirigeants du pays, tant au niveau national que provincial. Bien que connaissant les retombées négatives d’une pluie diluvienne sur la ville de Kinshasa, personne n’a jamais engagé de sérieux travaux d’aménagement pour prévenir toute situation similaire. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les averses sur la vaste métropole congolaise sont ainsi à la base d’importants dommages écologiques.
Ce qui choque plus d’une conscience à Kinshasa, c’est aussi le fait que les autorités, à quelque échelle de responsabilité, aient laissé passer toute la période de saison sèche, sans pour autant entreprendre des travaux de curage des caniveaux. Pourtant, les mêmes dirigeants, supposés blanchis sous le harnais, n’ignoraient pas les dégâts que causent les précipitations convectives dans la ville.
« GOUVERNER, C’EST PREVOIR… »
A quelque chose, malheur est parfois bon. Il eut donc fallu qu’il pleuve abondamment à Kinshasa, pour finalement, se rendre à l’évidence de la réalité. En ce qui concerne la pluie du lundi 24 octobre finissant, elle aura été l’occasion pour de nombreux Kinois, de jauger la fameuse « Opération Kinshasa zéro trou« . Car, après cette flotte, la plupart des artères de forte fréquentation, se sont avérées impraticables parce que couvertes de nids-de-poule béants, transformés du coup en étangs artificiels.
Dès lors que les autorités urbaines claironnent matin, midi et soir » Kinshasa zéro trou« , on se trouve en droit de poser mille et une questions de savoir de quelle ville elles parlent. A moins qu’il existe deux villes de Kinshasa qui soient habitées, l’une par les dirigeants du pays et sans aucun trou ; l’autre par la majorité silencieuse et couverte de trous et d’ordures.
« Gouverner, c’est prévoir; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte« , postulait en son temps, Emile de Girardin. Pour revenir à la situation à Kinshasa, ceux qui gouvernent la ville savaient qu’après les quatre mois de saison sèche, c’est la saison de pluie. Et même, de fortes pluies. Hélas. Personne ne semble prévenir ce qui pourrait advenir. Conséquence, après chaque pluie diluvienne, la capitale se transforme en une sorte de gros village !.
Tout le comble, c’est aussi cette attitude de ceux qui gèrent le pays, aussi bien au niveau national que provincial, à se comporter comme la fameuse cigale de Jean de la Fontaine qui, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. Qu’a-t-on donc fait au temps chaud, connaissant que la pluie n’a jamais été porte-bonheur pour les Kinois?
Tout bien considéré, une simple précaution suffit pour mettre la ville de Kinshasa à l’abri des catastrophes écologiques, aux conséquences bien réelles sur les ménages, à l’égal de celles causées par la flotte du lundi 24 octobre. Les mois de novembre et décembre étant particulièrement pluvieux, vivement des mesures préventives pour éviter le pire. Grevisse KABREL