Selon un récent rapport de « Resolve to Save Lives » intitulé : «Epidemics that Didn’t Happen», (Epidémies qui n’ont pas eu Lieu), la République démocratique du Congo (RDC) est l’un des exemples frappants pour des efforts consentis afin de contenir l’épidémie d’Ebola en donnant une réponse efficace. Et, avec à la clé, la mise au point de son propre vaccin.
Cette étude menée dans plusieurs pays, dont la RDC, et publiée le mardi 11 octobre dernier, montre que «l’investissement dans la préparation, combiné à des réponses stratégiques rapides des autorités de santé publique, peut arrêter les épidémies, sauver des vies et prévenir la souffrance. Ces succès quotidiens sont essentiels pour démontrer les retours – en termes de vies sauvées – de l’investissement dans les systèmes de santé.
Le nouveau rapport de «Resolve to Save Lives » célèbre les réponses réussies à des épidémies réelles, comme les mesures rapides prises en Afrique. Il met en évidence différents aspects de programmes de santé publique efficaces, y compris comment l’amélioration des systèmes et des compétences à la suite d’épidémies mortelles a permis d’endiguer les épidémies d’Ebola en Guinée et en RDC.
Dr Tom Frieden, président et chef de la direction de Resolve to Save Lives et ancien directeur des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis déclare que «le rapport démontre que les réponses ne doivent pas nécessairement être parfaites pour être efficaces, mais un investissement soutenu dans la préparation peut signifier la différence entre une épidémie qui est contenue et une épidémie qui dévaste une communauté, un pays, ou le monde. La préparation à une épidémie ne doit pas s’arrêter lorsqu’une épidémie survient».
Le vaccin made in DRC qui a contribué à endiguer l’épidemie
De la formation des agents de santé jusqu’à se doter d’un vaccin sous licence et autres stratégies, tous ces éléments combinés ont contribué pour que la RDC donne une réponse efficace à l’épidémie. Et à cette réponse efficace, Resolve to Save Lives reconnaît que le pays n’a pas fait cavalier seul. L’OMS ainsi que d’autres partenaires n’ont pas laissé d’une semelle la RDC face à ce combat contre les différentes épidémies qui se sont déclarées. «En collaboration avec l’OMS et d’autres partenaires, souligne le rapport, les autorités sanitaires locales sont rapidement intervenues. Pendant et après l’épidémie de 2018-2020, la RDC a commencé à construire ses systèmes de surveillance, à former des traceurs de contact et à développer une plus grande capacité de laboratoire, ce qui a amélioré la capacité du pays à mettre en place une réponse efficace».
Retraçant les différentes péripéties qui ont émaillé l’étape de la déclaration et le parcours de la lutte de cette maladie en RDC, Resolve note «qu’au lendemain de la confirmation du nouveau cas d’Ebola en octobre 2021, 150 contacts du défunt avaient déjà été identifiés. Au cours de l’épidémie, les autorités ont suivi les cas possibles dans les établissements de santé et ailleurs grâce à près de 22 000 alertes émises par l’ensemble du système de santé, dont 98 % ont fait l’objet d’une enquête. Plus de 4,7 millions de personnes ont été dépistées aux points de contrôle établis pour empêcher les cas d’Ebola de se propager dans toute la RDC ou au-delà de ses frontières».
Foi des recherches sur terrain, l’étude fait également savoir «qu’environ 1 800 échantillons de cas suspects et de contacts ont été testés pour Ebola dans quatre laboratoires régionaux ouverts en réponse à l’épidémie de 2018-2020. En raison de l’augmentation de la capacité de test locale, le temps nécessaire pour tester les échantillons initiaux a été réduit de cinq jours en 2018 à deux jours en 2020 ».
Dans toute la région touchée, affirme l’étude, les agents de santé ont été formés et recyclés aux techniques des dépistages des cas potentiels d’Ebola, et dotés également des kits IPC avec un équipement de protection individuelle approprié. «Lors de l’épidémie de 2021, pas un seul travailleur de la santé n’a été infecté», une performance salué par les initiateurs de l’étude.
Dans le souci de mettre un terme à l’épidémie d’Ebola, les autorités du pays ont multiplié des recherches avec comme retombées la mise au point d’un vaccin efficace. «Pour la première fois en RDC, fait savoir le rapport, les autorités disposaient d’un vaccin entièrement sous licence dès le début de l’épidémie. Le vaccin Ebola a été testé et administré à titre expérimental pendant l’épidémie de 2014-2016 et s’est avéré à la fois sûr (ne causant que des effets secondaires légers) et efficace à 97,5 %. Il a ensuite été approuvé par les autorités réglementaires congolaises en février 2020 et mis à disposition pour être utilisé pendant l’épidémie de 2021. En RDC, près de 2 000 personnes ont été vaccinées pendant l’épidémie, y compris les contacts des cas et les agents de santé de première ligne ».
L’étude note également l’importance des groupes communautaires qui ont été mis à contribution dans des activités de communication sur les risques de l’épidémie. Grâce à des campagnes ciblées, des rumeurs de désinformation sur le vaccin ont été dissipées.
Il ressort des conclusions du rapport pour le cas de la RDC que «les enseignements tirés de l’épidémie de 2018-2020 ont jeté les bases de la riposte bien plus réussie de 2021. Les systèmes de surveillance et de laboratoire, les procédures et la formation PCI, le déploiement des vaccins et la recherche des contacts ont tous été considérablement étendus et améliorés».
Resolve to Save Lives est un organisme sans but lucratif qui travaille en partenariat avec des pays, des communautés et des organisations pour prévenir 100 millions de décès dus à des maladies cardiovasculaires et rendre le monde plus sûr contre les épidémies. Dina BUHAKE