Kwamouth: le tocsin du Cardinal

Halte à une lecture simpliste des affrontements à Kwamouth. Ce conflit engage plusieurs groupes ethniques dont les Bangala, les tetela, les lubas et les Bambala.  Moralité, la réalité est bien plus complexe qu’on ne la présente, conclut le Cardinal Ambongo de retour de Kwamouth.

Venant de la plus haute autorité morale de l’Eglise catholique locale, cette révélation a valeur d’alerte. Sous des dehors d’un conflit Téké-Yaka, il y aurait donc une crise autrement plus grave parce qu’impliquant bien plus que les deux ethnies mises en exergue.

Pour le coup, l’expression « il y a péril en la demeure » ne serait pas empruntée par rapport à Kinshasa. Kwamouth faisant partie de l’hinterland de la capitale rd congolaise, le risque de contagion se nourrit du caractère ethniquement tentaculaire du conflit.

« Gouverner étant prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte » dixit Emile de Girardin, le Gouvernement serait inspiré de prendre l’exacte mesure du danger décrit par l’Archevêque de Kinshasa.

D’abord, en raison du précédent Yumbi  encore frais dans les mémoires. Ces affrontements interethniques de 2018 de grande ampleur dans la même province de Mai-Ndombe qui avaient occasionné plusieurs centaines de victimes ainsi que des déplacements massifs de population.

 Ensuite, parce que les vieux démons du tribalisme rôdent derechef à travers le pays. Ce fléau identitaire qui fait, hélas, florès à la suite du sentiment du retour prononcé du marqueur tribal dans l’espace public et…officiel à Kinshasa comme dans les provinces. Une espèce de tribalisme à rebours ambiant. 

 Enfin, à la lisière de 2023, une extension du conflit vers Kinshasa impacterait négativement ou compromettrait carrément le déroulé du processus électoral. Dans un contexte de dialogue sans dialogue entre compétiteurs politiques et de « performances économiques » sans le moindre dividende social, bien malin qui pourrait en deviner les conséquences. 

Le Cardinal a donc rempli sa part de contrat comme pasteur en sonnant le tocsin. Irions-nous jusqu’à nous demander, à l’instar d’Ernest Hemingway, pour qui sonnera le glas? Un gouvernement averti en vaut…. José NAWEJ

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