Pas matière à faire la fine bouche, encore moins à bouder notre plaisir en tant que pays. La désignation de » notre Fatshi national » comme facilitateur dans la crise tchadienne exhale un parfum de succès diplomatique.
En temps normal, le choix porté sur Kinshasa serait allé de soi. Tant la géographie assigne à la RDC une vocation fédératrice et donc un destin de grandeur au niveau du Continent et, à fortiori, de l’Afrique centrale. Articulée au seuil des années 60 par Frantz Fanon, l’image de cette Afrique comparable à un revolver dont la gâchette se trouve au Congo n’a pas pris la moindre ride.
Bien plus, à la faveur des mutations géostratégiques induites notamment par l’enjeu climatique, la métaphore de l’essayiste martiniquais gagne encore quelques galons de jeunesse. La RDC plus que jamais, le pays-pivot du continent. A califourchon sur au moins trois sous-régions d’Afrique : le Centre, l’Est et le Sud. Il y a de quoi être en accord avec Napoléon lorsqu’il dit que la politique de chaque pays est dans sa géographie.
Rideau sur des considérations géopolitiques, place au train -train domestique avec cette question : Et si la RDC avait aussi besoin d’un facilitateur?
Voici un pays où le dialogue républicain et politique est en panne depuis plusieurs années. A la place, une multitude de monologues où le Pouvoir parle avec lui-même et où certains opposants devisent entre eux. D’autres ne se parlent même pas. Vive le règne de l’entre soi !
Comment proclamer, à avec force oracles, que l’on est en » démocratie » si » Majorité » ou ce qui en tient lieu et » Oppositions » n’échangent pas ? Comment rêver d’un processus électoral normal si les principaux intéressés ne dialoguent pas ? Il faut être deux pour danser le tango ou…faire un bébé, renseigne un proverbe argentin.
Il n’y a donc pas que le Tchad qui a besoin d’un facilitateur. Sous des dehors d’une normalité institutionnelle et politique, la RDC est rongée à et de l’intérieur par une crise qui va crescendo faute d’une perspective de solution. Bien évidemment, sous l’effet de l’ivresse du lait les tenants de l’impérium ne voient pas ou refusent de voir ce que d’autres Congolais perçoivent. D’autres, qui en ont vu d’autres lors des régimes précédents, se gardent de se prononcer de peur de perdre les avantages et privilèges. » La bouche qui mange ne parle pas « , dit-on.
Le hic, c’est que cette crise latente a tout d’une poudrière. Il suffirait d’une étincelle pour qu’elle explose. Il sera trop tard. Alors, vivement cette offre d’emploi: » cherche désespérément un facilitateur ». José NAWEJ