Ituri: les drapeaux des ADF-NALU flottent dans 13 villages de Mambasa !

*L’Etat étant absent de plusieurs coins du pays, la balkanisation tant redoutée devient-elle de fait ?

Ca sent très mauvais dans l’Ituri, province située dans le Nord-est de la RDC. Treize villages du groupement Babila-Bakwanza, dans le territoire de Mambasa, seraient déjà occupés par les fameux rebelles ougandais d’Allied démocratic Forces (ADF). L’alerte est d’un député national élu de ce coin du pays, hier  jeudi 29 septembre  sur les ondes de la radio privée Top Congo FM.

 Selon la source, les ADF-NALU ont même hissé leur drapeau rouge dans les villages occupés, en signe de territoires acquis. « Il y a des drapeaux de couleur rouge que les ADF-NALU ont hissés dans les 13 villages occupés du territoire de Mambasa, où les services de l’Etat congolais sont quasiment absents. Il s’agit des villages Klelenge, Majengo, Masongo, Bokota, Bado, Mantontonto, Mezi-Mezi, Kadika, Matolo, Baumezi ; Lisoma, Bantenge jusqu’à Wilake Nord« , explique la source.  

On rappelle que déjà, dans la première moitié du mois de septembre finissant, l’ONGDH Convention pour le respect des droits humains(SRDH), antenne d’Irumu, avait tiré la sonnette d’alarme en direction du Pouvoir central, afin d’attirer son attention sur l’occupation des 13 villages par les ADF-NALU.

A en croire cette Ong locale de défense des droits l’homme, le mode opératoire  de ces tueurs à gage est sans équivoque. « Ils procèdent par des massacres des populations des villages cibles, pour contraindre les rescapés à décamper afin de mieux occuper le site« . Et d’ajouter : « C’est depuis le lundi 5 septembre que des attaques meurtrières  ont été enregistrées à Mezi-Mezi et à Mantontonto. Plusieurs civils sans aucun moyen de défense, ont été tués et d’autres, pris en otage par ces mêmes rebelles qui opèrent dans cette partie de l’Ituri, pourtant sous l’état de siège depuis plus d’une année« .

Dans un monitoring partagé en son temps par la CNDH, antenne d’Irumu, un témoin n’avait pas cru bien dire les choses, lorsqu’il avait interpellé les autorités militaires, afin de mener des opérations de traque de grande envergure dans la région, et mettre les populations autochtones à l’abri des exactions de ces Killers. « Si les autorités militaires ne vont pas traquer ces ADF-NALU, alors nous n’avons plus le moindre espoir d’accéder à nos champs« , avait prévenu l’un des survivants des attaques ADF à Mezi-Mezi.

QUAND L’ABSENCE DE L’ETAT BALISE LA VOIE A UNE BALKANISATION DE FAIT

Dans son SOS hier, via Top Congo FM, le député national élu de Mambasa, a déploré l’absence manifeste de la Force républicaine, dans plusieurs coins de ce territoire de l’Ituri. Ce, avant d’inviter les autorités militaires à prendre l’exacte mesure de la situation qui prévaut dans ce coin de l’ex-Province Orientale aux fins d’y apporter des réponses idoines. « A ce jour, on ne devrait plus se contenter de jouer à la défensive. Nos forces armées doivent traquer ces rebelles, quels qu’ils soient et peu importent leurs origines« , a-t-il hurlé.

A la lumière des éléments d’information ci-dessus, des observateurs retiennent qu’à l’égal des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui, depuis près de trois mois, ont conquis la cité de Bunagana, les ADF-NALU eux, prennent possession des pans du territoire de Mambasa, au Nord-est de la RD Congo.

Ce qu’il faut souligner ici, est qu’au-delà de ces occupations rebelles qui sont des faits factuels, une constante s’invite à l’analyse. La vérité est celle qui renvoie à l’absence presque totale de l’Etat dans le Congo profond. Parler de l’Etat, on sous-entend l’ensemble de tous les services qui garantissent la souveraineté du pays. Il s’agit des Forces armées, de la Police nationale, des Services de renseignement et des juridictions. Malheureusement, la réalité est que ces différents piliers constitutifs de l’Etat, entendu comme puissance publique, n’existent que dans les grandes villes de la RD Congo.

Vu des analystes avertis, les forces d’agression surfent sur cette absence avérée de l’Etat congolais, dans plusieurs coins reculés du territoire national, afin de se comporter en véritables conquérants. « La nature ayant horreur du vide« , jugeait Aristote.

Par ailleurs, sur le plan économique, une autre réalité est celle qui renseigne que le franc congolais, devise nationale de la RD Congo, est à défaut d’être relégué au second plan dans les transactions, n’est simplement pas du tout consommé dans certaines parties du pays. Cas de la province de l’Ituri où, dans les entités très lointaines de grands centres, le Shilling ougandais tient lieu de monnaie légale pour les transactions locales.

Le même constat est fait même dans des provinces non occupées par des forces rebelles. Cas du Kongo central où le franc CFA, monnaie officielle du Congo-Brazzaville, est couramment consommé, notamment dans certains villages du territoire de Luozi, à la frontière avec les Balari  de la République voisine du Congo.

La monnaie étant un autre élément essentiel de la souveraineté d’un pays, son absorption par une monnaie étrangère ne peut que compromettre la prétendue autonomie. Tous ces différents éléments mis ensemble, suffisent pour pousser de nombreux analystes de la situation en RD Congo, à dire que la balkanisation de fait est, déjà une réalité dans certains coins du pays.  Grevisse KABREL

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