Delly Sesanga : « Halte à l’Etat-restaurant! »

*Le leader d’Envol appelle à  » sortir de la conception de l’État distributeur automatique des privilèges et avantages à des clientèles politiques, pour une conception moderne de l’État. »

Le député national Delly Sesanga continue son plaidoyer pour des finances publiques saines et fortes. Deux jours avant la rentrée parlementaire de ce jeudi 15 septembre, l’élu de Luiza, dans le Kasaï Central, était l’invité de la célèbre émission télévisée  » Bosolo na politik ». Occasion pour le président d’Envol de rappeler son appel à réduire le train de vie des institutions pour financer la réponse aux attentes des Congolais.

A en croire Sesanga, la réduction du train de vie des institutions pourrait permettre à l’État d’économiser environ un milliard de dollars. Et de mettre enfin en œuvre des investissements dans différents secteurs de la vie pour le grand bonheur des Congolais. L’enjeu, explique-t-il,  » est d’avoir un Etat fort.  Et, pour le leader d’Envol :  » Il n’y a pas d’État fort sans finances publiques saines et fortes ! Pour y parvenir, il faut sortir de la conception de l’État distributeur automatique des privilèges et avantages à des clientèles politiques, pour une conception moderne de l’État « .

A l’aide d’un tableau, il montre jusque juin dernier, pour le fonctionnement des institutions, le budget est déjà consommé à 55%, La Primature est à 177%, l’Assemblée nationale à 55 %, le Sénat à 100.3%, la Présidence de la République à 85%.  » Ce n’est pas normal. Alors que le taux d’exécution devrait se situé à 50%, ces institutions ont épuisé leurs crédits en violation de la loi. Les frais de fonctionnement sont devenus des frais généraux, dans lesquels on puise n’importe comment. « 

Et donc, pour Delly Sesanga, il faut mettre fin à l’Etat-restaurant. Il rappelle que, dans la lettre des 13 parlementaires au président Mobutu, il lui était reproché ce crédit excessif qu’il s’octroyait. Mais aujourd’hui, l’élu de Luiza estime qu’on fait pire. Pour lui, on est en train de commettre la même erreur que l’élite de 1960 qui avait estimé que le député congolais devrait toucher comme son collègue de Belgique ou de France.

Aujourd’hui, dit-il,  » nous devrions inverser la question et nous demander quand l’ouvrier congolais touchera le même salaire que l’ouvrier belge ou français.  » Delly Sesanga rappelle que le Smig en France est à peu près de 1300 dollars, tandis qu’en RDC il est de moins 4 dollars. Et donc, comme autorités budgétaires, les députés peuvent réduire leurs émoluments et être en mesure d’exiger d’autres, le même sacrifice pour le bien du plus grand nombre. Sesanga estime que le salaire d’un député ne devrait pas dépasser trois fois celui d’un Secrétaire général de l’Administration publique.

Il est revenu sur son plan axé sur 10 engagements qui peuvent devenir des mesures  » si tous ceux qui croient en cette vertu vont au-delà du discours, en prêchant d’abord par l’exemplarité. » C’est entre autres, la réduction à 250 membres l’effectif du cabinet du Président de la République et la rationalisation de l’organisation du cabinet qui pourrait rapporter jusqu’à 100 millions USD d’économie, la réduction de la taille du Gouvernement à 35 membres soit 25 ministres et 10 Vice-ministres pour arriver à 45 millions USD d’économie, la réduction du coût de fonctionnement de l’Assemblée nationale et du Sénat qui pourrait générer jusqu’à 130 millions USD d’économie, ou encore la rationalisation des missions des officiels, en mettant fin au trafic des missions à la Présidence de la République, les Ministères et autres services publics de l’État pourrait dégager jusqu’à 50 millions USD.

L’abrogation des Décrets n°18/039 et n° 18/038 déterminant respectivement les avantages et devoirs reconnus aux anciens Premiers ministres, d’une part et d’autre part, les avantages et devoirs reconnus aux anciens membres du Gouvernement et la révision du régime des avantages accordés aux anciens Présidents de la République, la limitation dans le temps, des avantages accordées aux anciens chefs de corps constitués, la rationalisation du statut des membres des Institutions d’appui à la démocratie. S’ajoutent à cela,  la dissolution du CNSA et la suppression de nombreux organismes administratifs rattachés à la Présidence de la République, la suppression des féodalités fiscales instituées en rente de situation au profit des organismes inefficients et détournées de leurs mission légale (FONER, ARPTC, FPI, LE GO PASS, le Comité de suivi des prix des produits pétroliers) et budgétisation de leurs ressources pour une meilleure gestion de la fiscalité affectée, la réduction de la taille de l’Assemblée nationale de 500 membres entre 300 et 350 membres à partir de la 4ème législature, et enfin, le renforcement de l’encadrement légal de la gestion  budgétaire des Provinces.

Delly Sesanga explique que ce plan, qui peut rapporter entre 500 et 635 millions d’économie à la RDC, exige au-delà de la volonté politique une force morale et politique, fondée sur une certaine idée de la République et de l’État.

 » L’enjeu de cette première phase de réduction du train de vie des institutions est de concourir à l’avènement de cette nouvelle manière d’entrevoir la gestion de la chose publique « , ajoute-t-il, affirmant que les marges globales de cette stratégie doivent être prioritairement affectées dans un plan de redéploiement budgétaire dans les secteurs de défense nationale et la sécurité du territoire ; de la justice ; de l’administration publique et territoriale et de la santé ainsi que de l’éducation.

  » Sur cette trajectoire, il deviendra clair que nous ne poserons plus la question si nos voisins construiront nos routes sur notre sol ou s’ils nous construisent des villages modernes là où le devoir national exige un minimum de dignité et de vision stratégique« , conclut-il.

Dans ses dix engagements, Sesanga donne une indication claire pour redresser les finances publiques mais surtout pour éviter au pays d’être dans cette situation de faillite permanente.

 » La réduction de la taille du gouvernement à 35 membres ; La réduction du coût de fonctionnement de l’Assemblée nationale et du Sénat ; La rationalisation des missions des officiels ; La suppression des avantages multiples accordés frauduleusement aux anciens Premiers ministres et membres du gouvernement ; La révision du régime des avantages accordés aux anciens présidents de la République ; Dissolution du CNSA et suppression de nombreuses structures rattachées à la présidence ; La suppression des féodalités fiscales (légales (FONER, ARPTC, FPI, LE GO PASS, le Comité de suivi des prix des produits pétroliers) ; La réduction de la taille de l’Assemblée nationale ; Le renforcement de l’encadrement légal de la gestion budgétaire des provinces « .       Didier KEBONGO

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