Wang Hailong : « Les Etats-Unis ont violé le principe d’une seule Chine « 

*Le chargé d’affaires de l’ambassade de Chine en RDC explique que ceux qui acceptent ce consensus international ne peuvent pas mener des activités officielles avec Taïwan. Pékin salue le soutien de Kinshasa sur cette question.

La Chine a bouclé hier, dimanche 7 août, ses exercices militaires autour de Taïwan, en réaction de colère à la visite, les 2 et 3 août courant, de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi. A Kinshasa, Wang Hailong, chargé d’affaires de l’ambassade de chine en RDC, a animé, samedi 6 août, une conférence de presse au cours de laquelle le diplomate a expliqué que la visite du numéro 3 américain est une violation de la souveraineté territoriale de la République populaire de Chine. 

Wang Hailong n’a pas usé de circonlocution pour dire pourquoi  cette visite a été problématique et pourquoi le gouvernement chinois n’est pas content.  » Cette visite est illégale. C’est une contravention à un consensus international et à la norme fondamentale des relations internationales « , dit-il à l’entame de sa conférence de presse.

Ce consensus, fait-il savoir,  » c’est le principe d’une seule Chine « . Le diplomate chinois explique que depuis 1961, la résolution 2758 de l’Assemblée générale de l’ONU a donné raison clairement à la République populaire de Chine.

 » Il n’y a qu’une seule Chine dans le monde. Taiwan en fait partie intégrante. Le gouvernement de Pékin est le seul représentant de cette Chine. Tous les pays qui veulent établir les relations bilatérales avec la Chine doivent l’accepter.  La Résolution 2758, et les principes qu’elle contient constituent une norme fondamentale des relations internationales « , insiste le Chargé d’affaires de l’ambassade de Chine en RDC.

 » Déjà bien avant cette date-là, beaucoup de pays ont établi des relations diplomatiques avec la Chine en acceptant ce principe. Et depuis 1961, c’est devenu universel, international. C’est-à-dire aujourd’hui sur les 181 Etats membres de l’ONU, la majorité écrasante des pays qui établissent des relations diplomatiques avec la Chine, y compris les USA, acceptent ce principe-là qui devient une norme internationale. Cette Résolution (2758) signifie que les Etats du monde ne doivent pas avoir des relations officielles, des visites d’Etat avec les autorités de Taiwan… « , tranche Wang Hailong.

Le n° 2 de l’ambassade de Chine considère que  » cette visite sans autorisation est une trahison des promesses faites par les Etats-Unis à l’égard de la Chine« . Il rappelle que durant les 50 ans passés, les Etats-Unis ont successivement publié trois communiqués conjoints avec la Chine. Le premier en 1972 du temps du  président Nixon. Les deux pays avaient signé conjointement un communiqué stipulant que Taiwan fait partie de la Chine, les Etats-Unis ne doivent pas le contester. Le deuxième communiqué l’a été au moment de rétablissement des relations sino-américaines. Le troisième communiqué est celui signé en 1982, dans lequel l’administration américaine dit que les USA s’abstiennent d’avoir des activités, voire des contacts officiels avec les autorités de Taiwan.  «  Ces trois communiqués constituent la base politique des relations sino-américaines « , explique Wang.

Selon ce dernier, les Américains reconnaissent les dispositions de ces trois documents et le principe d’une seule Chine.  » Madame Pelosi, malgré l’opposition des autorités chinoises, s’est rendue dans l’ile,  a eu des entretiens et des contacts avec les autorités de Taïwan. Pour nous, cela constitue une trahison de leur promesse « .

Ligne rouge

Pour le diplomate chinois,  » c’est un mauvais signal envoyé aux forces sécessionnistes non seulement à Taïwan, mais partout dans le monde. Le détroit de Taiwan est un espace de paix depuis longtemps. Parce que les autorités de Taiwan respectent la ligne rouge, ne jouent pas avec le feu, ne cherchent pas l’indépendance et acceptent de rester dans la mère-patrie. « 

« Mais ces dernières années, sous l’administration du Parti démocrate progresiste (PDP), le parti au pouvoir à Taiwan, les autorités de l’île cherchent une indépendance progressive. Ils nouent des contacts officiels avec les autres gouvernements du monde, ils veulent recourir à l’aide internationale pour réaliser l’indépendance de facto de Taiwan. Là on est contre, jouer avec le feu c’est dangereux. Il ne faut surtout pas franchir la ligne rouge« , prévient-il.

Or pour Wang,  » cette fois-ci, Madame Pelosi, en visitant Taiwan, veut encourager les poussées indépendantistes des autorités de l’île.  On est dans un monde de plus en plus déstabilisé. Voir ce qui se passe en Ukraine, au Moyen-Orient,  dans la Corne de l’Afrique, sans parler de l’impact de Covid-19, on est déjà dans un monde non stable… « , insiste-t-il.

 » En visitant officiellement une province propriété de la Chine, cela constitue un très mauvais précédent, c’est pourquoi on est catégoriquement contre. La visite de Madame  Pelosi entraine les USA et le monde dans un jeu dangereux « , a déclaré Wang Hailong.

Avec ces manœuvres militaires, dit Wang, « on veut montrer aux provocateurs et au monde qu’on est prêt. On a les moyens nécessaires pour réaliser cette réunification. On ne veut pas de la guerre. On a fait ces exercices militaires pour dissuader les forces sécessionnistes, on n’a pas visé la population « , assure le diplomate.

LE SOUTIEN DE LA RDC SALUE

Wang Hailong a salué le soutien de la RDC à la Chine sur la question de Taïwan via son ambassadeur, François Nkuna Balumwene.  » Nous remercions le gouvernement congolais sous la conduite du Président Tshisekedi qui, à travers le représentant diplomatique, a soutenu la Chine dans le cadre de notre souveraineté, intégrité territoriale. A toutes les occasions, la RDC est toujours du côté du gouvernement chinois sur la question de Taiwan. Nous considérons que c’est une politique diplomatique constante pour la RDC. « 

Pékin en fait aussi autant  à l’égard de Kinshasa. A preuve, le soutien à haute voix de la Chine au Conseil de sécurité demandant la levée de l’embargo sur l’achat des armes imposé à Kinshasa qui doit lutter contre les groupes armés dans la partie orientale du pays.  » Je pense que la RDC va rester toujours  fidèle à ce principe-là. Et comme ça, on va avancer vers plus de coopération gagnant-gagnant, plus de coopération sur la scène internationale… » Didier KEBONGO

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