Tension Kinshasa – Kigali: Antony Blinken mise sur les médiations kenyane et angolaise

Entre Kinshasa et Kigali, ça sent le roussi. Secrétaire d’Etat américain en charge des affaires étrangères, Antony J. Blinken en est conscient. C’est notamment dans cette optique qu’il a jugé opportun de rencontrer, dans son périple africain, les autorités congolaises et rwandaises pour harmoniser les vues, dissiper le malentendu et restaurer la paix dans cette région volcanique. D’après le patron de la diplomatie américaine, Washington est opposé à toute violation de l’intégrité d’un quelconque pays. D’où, son soutien tous azimuts à la médiation kenyane et angolaise dans le différend qui oppose la RDC au Rwanda.

Arrivé à Kinshasa hier mardi 9 août, en début d’après-midi, en provenance d’Afrique du sud, l’émissaire du président américain Joe Biden s’est entretenu pendant une trentaine de minutes avec le chef de l’Etat congolais. Félix Tshisekedi et son hôte ont, par la suite, poursuivi leurs échanges au cours d’une rencontre bilatérale élargie.

Ont pris part à ces discussions, quelques membres de la délégation américaine qui ont accompagné Antony Blinken : le Sous-secrétaire d’État américain en charge de croissance économique, énergie et environnement, José Fernandez, la Secrétaire d’État adjointe chargée des affaires africaines, Molly Phee, et le Directeur principal du Conseil National de Sécurité pour l’Afrique, Judd Devermont.

Du côté congolais, le président Félix Tshisekedi a associé aux échanges Christophe Lutundula et Ève Bazaiba, respectivement Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères et VPM à l’Environnement. Etaient également de la partie le ministre des Finances Nicolas Kazadi, le ministre de la Défense, Gilbert Kabanda et le ministre de Communication et Médias, Patrick Muyaya.

Ont aussi participé aux entretiens bilatéraux le Mandataire spécial du Chef de l’Etat, Serge Tshibangu, le conseiller spécial en matière de sécurité, Jean-Claude Bukasa, ainsi que les conseillers spéciaux Jean-Claude Kabongo et Fortunat Bisielele.

Les questions abordées

«Ces échanges entre la délégation américaine et la partie congolaise ont porté sur les questions d’intérêt commun relatives à la défense (coopération militaire) et à la sécurité, à l’économie et aux finances, à la consolidation de la démocratie et à l’environnement, à la problématique de l’exploitation des ressources naturelles, des mines et d’industries extractives», a déclaré Christophe Lutundula lors d’une conférence de presse qu’il a animée conjointement hier soir avec son homologue américain.

«Sur toutes ces matières, nous avons partagé nos analyses. Nous avons dégagé une compréhension commune. Et surtout, nous avons tracé des perspectives nouvelles, assorties des engagements réciproques. Evidemment, le plus dur reste à venir. Le défi majeur auquel nous sommes confrontés réside dans la mise en œuvre de ces nouvelles perspectives et de ces engagements, afin de donner un contenu réel, palpable à notre coopération», a souligné Lutundula.

«Ce contenu, précise-t-il, doit être profitable tant aux Congolais qu’aux Américains. Eux qui donnent la légitimité à tout pouvoir en démocratie. Eux dont le sort, le bien-être constitue, dans une République démocratique, le but ultime de toute action politique. La RDC déploiera tous ses efforts pour honorer ses engagements. Et j’ose le dire, au nom du chef de l’Etat et du Gouvernement, que la RDC n’a aujourd’hui aucune raison objective de ne pas croire qu’il en sera de même du côté des Etats-Unis».

Cesser d’apporter appui au M23

A propos du contentieux qui oppose Kinshasa à Kigali, le VPM Lutundula a salué l’implication des Etats-Unis qui, d’après lui, sont le premier pays à avoir fustigé l’invasion rwandaise. Il en veut pour preuve la déclaration de l’ambassade américaine à Kinshasa qui a dénoncé en premier le soutien du régime rwandais aux milices de  M23.

Le VPM Lutundula a, à ce propos, annoncé à la presse la démarche entamée auprès du Conseil de sécurité et de la Commission de l’Union Africaine, après la publication du rapport d’experts de l’ONU qui démontre le soutien, avec preuves irréfutables, du Rwanda au M23.

Pour sa part, le Chef de la diplomatie américaine s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire qui prévaut à l’Est du pays. Antony Blinken a fait part de son inquiétude face au risque d’embrasement de la région au regard de la tension entre la RDC et son voisin, le Rwanda.

«Nous partageons votre souhait de mettre fin à la souffrance des populations de l’Est du pays», a-t-il indiqué, tout en invitant «tous les pays de la région à cesser d’apporter un appui au M23».

Une commission écologique RDC-USA

Le Secrétaire d’Etat américain a affirmé que cette question sera demain au centre de son entretien avec le président rwandais à Kigali. Il a insisté sur le fait que les USA suivent de plus près cette situation et soutiennent la médiation kenyane et angolaise dans ce dossier.

Antony Blinken a aussi fait part de son inquiétude sur le respect des normes environnementales en matière d’exploitation des ressources naturelles.

Convaincu que la RDC est un pays-solution face à la problématique du changement climatique, il a reconnu que le pays a besoin des ressources supplémentaires pour protéger ses forêts.

C’est dans cette perspective que les deux parties ont mis en place un groupe de travail pour mieux mener la lutte contre le changement climatique. Yves KALIKAT

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter