Pardon, plus de don !

Les vieilles habitudes ont la vie dure. C’est le cas de la bonne vieille politique de  » don « . Durant l’âge d’or du mobutisme, des concepts comme « magnanimité du Guide et sollicitude paternelle faisaient florès.

Sous couvert de  » grandeur d’âme  » du Maréchal-président, ces mots  trahissaient, au fond,  à la fois le paternalisme et  la patrimonialisation du pouvoir d’Etat. En clair, la politique de don tous azimuts était un indice fort de la gouvernance à vue, à la carte ou encore à la tête du client. Une pratique pire que la mauvaise gouvernance ! C’est dire.

Cette politique de l’aumône n’a pas disparu avec la chute de ce qu’on a appelé par commodité de langage  » IIème République « . Les régimes Kabila père et fils et leurs dépendants ont aussi succombé à cette pratique clientéliste.

Pourfendeur  de tous les régimes durant son long séjour dans l’opposition, l’UDPS se devait de remettre le pays sur les rails de la bonne gouvernance. Avec les méthodes qui vont avec.

 Voilà qu’hélas  des signaux en forme de  » dons  » du chef de l’Etat vont crescendo. Le dernier en date est cette   remise des véhicules aux professeurs émérites présentée comme  » don  » du Président de la république. Même si depuis, des mises au point officieuses attribuées aux  » bénéficiaires »  abondent sur la toile pour préciser que ce geste fait partie d’un paquet d’avantages prévu par la loi. 

Toujours est-il que le «  mal  » est fait. Le « mal  » ? Absolument, car la nécessaire redistribution des  ressources d’un pays se fait dans le cadre du budget. Il en va du b.a.ba de la   bonne gouvernance. Il y va aussi et  surtout de l’abc de l’Etat de droit.

Un personnage de l’Etat, président de la République soit-il, ne saurait avoir une cassette personnelle qui lui permettrait de faire des libéralités à tout va en dehors du Trésor public. Où trouverait-il tant de ressources pour se substituer à l’Etat ?

Plus fondamentalement, la longue et triste jurisprudence en matière des  » dons  » renseigne que les réponses aux défis himalayens zairo-congolais sont  structurels et non conjoncturels. Ce n’est pas l’octroi des véhicules à des profs sous-payés qui améliorerait leur ordinaire. Bien au contraire, il se poserait d’abord le problème de carburant ensuite celui de l’entretien. Surtout qu’au pays où le trompe-l’œil est roi, ce sont de grosses cylindrées ou des jeeps qui ornent  le marché de  » dons  » ! Ironie du calendrier, trois jours seulement après la  » distribution « des véhicules aux profs retraités, leurs cadets battent le pavé ce jeudi pour exiger, au-delà du départ de leur ministre de tutelle,  la sempiternelle requalification de leurs conditions de vie. Comme quoi, une hirondelle ne fait pas le printemps. 

   Ce n’est pas non plus  le fait pour une autorité étatique,  un élu  ou sa conjointe de  » libérer  » des femmes retenues en otages  dans une maternité  qui résoudrait le problème de l’hôpital public. Pas plus que ce  » geste du cœur ? «  ne renforce le pouvoir d’achat du pater familias congolais.  On peut multiplier à l’infini des cas  tirés  du quotidien toujours très  peu envieux  du congolais.

 Des preuves par neuf  qui montrent et démontrent que la politique du don est un mirage et non un miracle. Un  leurre et non un heur  qui couvre mal le  malheur ambiant. Bref, un cache-misère qui cache tout, sauf la politique de la misère ou la misère de la politique autrement appelée  » politique de don « . José NAWEJ

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