* Réunis depuis hier à Kinshasa, les experts électoraux d’AETA constatent que rien n’est encore fait pour démarrer l’enrôlement des électeurs et commander les kits adaptés pour cette opération.
Y aura-t-il des élections en 2023? La question taraude aujourd’hui l’esprit de nombre de Congolais qui continuent à se demander si le chronogramme du processus électoral sera bel et bien respecté, au regard des paramètres objectifs et réalistes. C’est sans doute dans cette optique que les experts électoraux, réunis depuis hier jeudi 9 juin à Kinshasa, examinent la situation au sein de la plateforme « Agir pour des élections transparentes et apaisées » (AETA).
Mobilisés lors de cet atelier axé sur l’évaluation du processus électoral ou du moins sur la feuille de route de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ces experts réfléchissent sur des pistes de solutions à apporter rapidement à la Centrale électorale pour un atterrissage en douceur, en décembre 2023, date prévue pour l’organisations des élections générales en RDC.
Cet atelier, qui vise à faire l’évaluation du processus électoral ou du moins celle de la feuille de route de la CENI, se clôture ce vendredi 10 juin. Ces travaux, dont la clôture est prévue ce vendredi 10 juin, vont déboucher sur un agenda d’urgence avec plusieurs recommandations destinées à sauver le pays du retard pris dans l’organisation des opérations préélectorales. Notamment en ce qui concerne l’enrôlement et l’identification des électeurs.
Les contraintes de la feuille de route
« Avant la publication de la feuille de route de la CENI, nous, AETA, nous avions déjà procédé à l’analyse sur le schéma critique du processus électoral. Nous savions déjà de cette analyse, qu’on allait organiser les élections dans les 1.000 jours. Et pendant ce temps, on allait planifier. Et toutes les opérations devraient se réaliser sans pression jusqu’en 2023« , a expliqué Jérôme Bonso, le secrétaire permanent de AETA.
« Dès lors, poursuit-il, on s’est rendu compte que les 1.000 jours commençaient à s’égrener, alors qu’on avait toujours rien fait. Pire, la CENI a commencé avec un retard de 600 jours avant de présenter la feuille de route. Dans cette feuille de route en effet, la Centrale électorale s’est rendue compte qu’il y avait des problèmes sous formes de contraintes d’ordre temporel, d’ordre matériel, d’ordre financier et d’ordre législatif« .
« Mais en parcourant les activités de cette feuille de route, nous réalisons que les opérations de cartographie électorale et d’identification qui devraient démarrer en mars 2022, n’ont pas encore commencé. En ce moment, la CENI recrute et forme encore ceux qui doivent mener ces opérations« .
Analyse comparative
Aux dires de Jérôme Bonso, en 2018, à la même période de l’année, tout était planifié. « Déjà au mois de février et de mars, argumente-t-il, on avait commencé la refonte du fichier électoral. On avait aussi amorcé l’enrôlement. Au mois de mai, c’était le tour de Kinshasa, parce que les matériels devraient faire trois mois par province. Aujourd’hui, nous sommes le 10 juin, et rien n’a encore démarré ! On n’a même pas encore commandé les matériels pour ces opérations ! ».
A la lumière de ce qui précède, Jérôme Bonso s’interroge si le pays est vraiment prêt à organiser les élections en 2023. « Le Parlement est-il fin prêt pour le rendez-vous de 2023? Est-ce que la CENI est prête ? Est-ce que l’Union sacrée, le FCC, Ensemble… sont-ils prêts ? Les partenaires financiers le sont-ils ? Tout le monde dit qu’on ne doit pas glisser, on est prêt. Tout le monde dira oui, mais c’est dans l’imaginaire collectif« , estime-t-il.
« Mais sur le terrain, avec les difficultés de décaissement des fonds et les trois décrets signés par le Premier ministre sur le fichier global de la population, l’identification de la population et la mutualisation des opérations CENI-ONIP et INES, la CENI n’aura plus la manœuvre de commander, seule, les matériels. Ça doit passer par le Comité de pilotage avant le décaissement« , a soutenu le porte-étendard d’AETA.
Jérôme Bonso redoute déjà un probable glissement en 2023, en raison de la lenteur observée dans les opérations menées par la CENI. « C’est pourquoi nous devons réfléchir en tant techniciens sur le nombre de jours restants et si on sera en mesure de récupérer le temps perdu et comment, en introduisant des facteurs correctifs dans la programmation. La Centrale électorale saura-t-elle faire l’enrôlement des électeurs au même moment dans les 26 provinces par exemple ? C’est sûr de telles questions qu’il faut apporter rapidement la solution« , conclut-il. Yves KALIKAT et Rocco NKANGA