Le sempiternel piège du pouvoir personnalisé

« Félix- Antoine Tshisekedi marque des points« ; « Fatshi frappe un grand coup« . On peut multiplier ces annonces à l’infini. Elles traduisent une seule et même réalité. A savoir, le haut fait diplomatique que constitue la venue du Roi des Belges en RDC.  

Sauf mauvaise foi manifeste, que ceux qui sont prompts à mettre l’emphase sur le passif du Président, lui fassent crédit de cet actif indéniable. Un peu à la manière de la leçon christique empreinte autant de sagesse que d’habileté: « rendez à Dieu ce qui lui appartient et à César ce qui lui revient« . 

Seulement voilà, à ne voir le succès qu’à l’aune de l’équation personnelle de Fatshi- béton, on ne sort pas du carcan du pouvoir individualisé et individualiste, du piège du régime personnalisé et personnifié qui a préempté le nécessaire avènement d’un système politique institutionnalisé. Lequel est le seul à survivre aux vicissitudes inhérents au régime reposant sur un homme fort et le seul susceptible d’incarner dans la durée la permanence du peuple et donc de l’Etat.

Ainsi, cette conception républicaine ou tout simplement institutionnelle de l’Etat devrait amener à dépasser les petits calculs nombrilistes pour se poser de vraies questions liées aux intérêts vitaux du pays. Qu’est-ce que la RDC peut attendre de ses relations avec la Belgique? En quoi le Souverain qui règne sans gouverner peut-il user de son magistère moral pour plaider auprès des décideurs belges en faveur non de telle ou telle chapelle, mais de la RDC? Si tant est que le Roi Philippe soit dans cet état d’esprit.

Depuis l’accession du Congo à l’indépendance, l’enjeu des relations congolo- belges ou belgo-congolaises dépasse très largement le cadre des rapports voulus intimistes entre dirigeants. Si bien souvent les intérêts majeurs du pays ont été relégués au second plan voire carrément sacrifiés, c’est précisément parce que nos dirigeants d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui ont tendance à réduire l’Etat à leurs propres personnes. « L’Etat c’est moi« , disait ironiquement….

Conséquence, le temps finit qui passe finit par tout balayer, une fois le régime arrivé à son inévitable date de péremption.

Sur le même registre de la personnification à outrance du pouvoir, la énième agression de la RDC par le Rwanda donne à voir un autre atavisme bien congolais. On aurait souhaité voir la nation s’unir pour faire face à l’ennemi commun. On aurait tant voulu voir le Président en exercice consulter son prédécesseur ou à tout le moins le rencontrer pour faire passer le message fort d’une nation unie sur l’essentiel. C’est plutôt des initiatives partisanes contre-productives

Comme cette saillie du premier vice-président de l’Assemblée nationale sur l’inéligibilité de Joseph Kabila.

On peut s’interroger si cet « éclairage » ou ce « mirage » – c’est selon – était opportun par ces temps qui courent. A cette question à forte charge polémiste, l’inénarrable Mbata aurait pu réserver sa réponse. Quitte à privilégier ce qui est susceptible de souder le pays face au danger existentiel qui le menace. Depuis les oracles du « plus constitutionnaliste que moi n’est pas encore né« , au pays de « à chaque professeur, sa chapelle« , les profs de la kabilie se sont chargés de lui répondre . Vive la polémique malvenue! 

Au lieu d’être les phares de la société, les professeurs œuvrent plutôt à amplifier l’illusion des hommes forts. Du pain béni pour les planificateurs de la balkanisation du pays et leurs nombreux « commissionnaires locaux« . José NAWEJ

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