Amateurs de la bonne musique devant l’Eternel, les Congolais avaient le sentiment d’écouter, hier, une vieille chanson gravée sur un disque rayé. L’interprète de cet opus n’est autre que le Représentant -permanent du Rwanda aux Nations-Unies.
Pas l’once d’une agression rwandaise contre la RDC. Le conflit est congolo-congolais. Bien plus, ce sont les FARDC de connivence avec les FDLR qui ont bombardé une localité rwandaise. Et rebelote pour la rengaine » génocidaire » ! En proie aux agressions à répétition de l’Armée rwandaise depuis un quart de siècle, les Congolais se voient accusés de tenir des discours d’appel à la haine.
Avec cette accusation à forte teneur de » cas de conscience » pour une communauté internationale qui n’a pas fini de battre sa coulpe par rapport au génocide de 1994, le missi dominici de Kigali espère transformer l’agressé en agresseur, la victime en bourreau. Et vice versa. On ne change pas l’argumentaire qui fait mouche.
A force d’écouter cette chanson depuis plus de deux décennies, les Congolais la connaissent par cœur même s’il ne leur arrivera jamais de la chanter en chœur. De peur de participer inconsciemment à ce fonds de commerce qui légitime toutes les incursions meurtrières -à courte et/ou longue durée – de l’Armée rwandaise dans le Kivu.
Hier à New-York, l’ambassadeur- représentant du Rwanda a administré pour la énième fois la preuve que son pays reste droit dans ses bottes de dénégations. Illusoire donc de penser que le simple » J’accuse » à la Zola suffit pour faire changer les lignes. Difficile dès lors de rêver d’une solution diplomatique désincarnée, façon CIRGL, Nairobi… Même avec la caution du conseil de sécurité où Kigali compte sur des soutiens de taille.
Déjà, le ton a été donné hier au sein même de l’immeuble de verre. Des plénipotentiaires en ont appelé à un dialogue entre Kinshasa et … le M23. Alors que le gouvernement congolais venait de classer à juste titre le mouvement pro rwandais dans le rang de groupe terroriste. Négocie-t-on avec un mouvement terroriste ? Voilà les limites de la diplomatie désincarnée. C’est-à-dire celle qui est dénuée de la notion de rapport de force.
Face à l’autisme du Pouvoir rwandais, le triptyque des autorités congolaises » protestation- désapprobation-mise en garde sévère » tient lieu d’un minimum syndical. José NAWEJ