*Le leader de Nouvel Elan s’attaque aux racines de la question en remettant sur le tapis la problématique de la souveraineté et de la défense d’un territoire impressionnant par sa taille et par ses richesses du sol comme du sous-sol, double facteur de convoitise de ses voisins.
C’est peu de dire que les Congolais sont vent debout contre le Rwanda de Paul Kagamé. A Kinshasa comme en provinces, l’heure est à la mobilisation générale pour défendre la patrie. Biberonné au souverainisme en amont-lié à l’Etat- et en aval -relatif aux communautés de locales-, Adolphe Muzito n’entend pas se tromper de colère pas plus qu’il n’est prêt à souscrire à des palliatifs à court terme. Le leader de Nouvel Elan s’attaque , par conséquent , aux racines de la question en remettant sur le tapis la problématique de la souveraineté et de la défense d’un territoire impressionnant par sa taille et par ses richesses du sol comme du sous-sol, double facteur de convoitise de ses voisins. Mais pas seulement. Comment rêver de souveraineté aussi longtemps que l’Etat central qui aurait dû être par la base demeure faible ? Comment évoquer la souveraineté du peuple tant que les terres confisquées depuis Léopold II n’ont jamais été restituées à leurs propriétaires originels que sont les communautés locales ? Une brèche dans laquelle s’engouffre les prédateurs de tout acabit notamment des voisins en mal d’espace et de ressources naturelles. Or une titrisation de la terre ferait passer des pans importants du domaine public de l’Etat au domaine privé et ferait que les communautés locales dépossédées de leur capital depuis des lustres redeviennent maîtresses de leur espace. Pour défendre leurs terres, les communautés locales iraient jusqu’à constituer des comités d’autodéfense populaire. Quant au défi que lancent cycliquement les agresseurs du Congo, l’investissement dans le dispositif de la défense est un impératif. L’économiste Muzito, qui sait s’incliner devant les chiffres, suggère que les ressources additionnelles générées- 1milliard- par les régies financières – soient allouées au secteur de la défense et de la sécurité.
Adolphe Muzito a de nouveau donné de la voix dans ce concert de protestations, de condamnations suite à l’agression du pays par la coalition ougando-rwandaise. Le leader de Nouvel Elan va plus loin. Dans sa sortie médiatique, il propose des pistes de solution à cette crise récurrente qui déchire la RDC depuis plusieurs décennies. Il pose sur la table la problématique de ce conflit et d’autres qui pourraient survenir demain. Muzito désigne la terre qu’il estime être aujourd’hui le nerf de la guerre.
Pour le Premier ministre honoraire, il est important et urgent de donner un contenu au mot souveraineté qu’on ne cesse de nous ressasser à longueur de journée. En effet, que pourrait être la souveraineté dont tout peuple d’un pays peut se prévaloir si les populations ne sont plus propriétaires de leurs terres. En termes clairs, la souveraineté ne trouve son vrai sens qu’avec des populations propriétaires de terres.
Au cœur du continent africain, La République démocratique du Congo reste un paradoxe. Elément stratégique par sa situation, son ampleur (superficie) de 2 345 000 km2 et entre 95 et 115 millions d’habitants, son potentiel naturel et humain considérable, ce géant suscite bien des convoitises. D’où ces guerres, ces agressions à répétition qui ne cessent de la fragiliser.
Dans le cadre de l’Etat indépendant du Congo (EIC), puis du Congo belge, l’Etat colonial avait confisqué une partie de ses terres, notamment pour y établir les quartiers européens, des villes (et les centres extra-coutumiers), ainsi que des périmètres miniers, des plantations, des exploitations forestières… Les colons partis, ils n’ont jamais songé à restituer ces terres à leurs propriétaires.
RESTITUER LES TERRES AUX PROPRIETAIRES ORIGINELS
L’indépendance obtenue, ce n’est qu’en1964 que fut promulguée une Constitution – dite de Luluabourg – qui va renvoyer le problème des terres à une future loi nationale appelée à régler le régime juridique de la propriété foncière.
Donc, avant l’avènement de Léopold II, chaque tribu disposait de ses terres qui faisaient sa véritable souveraineté. Avec la bénédiction de la colonisation, le monarque belge s’est donné le culot de les prendre et de ne pas les restituer à leurs propriétaires originels.
Devenu maître de la situation à la faveur de l’indépendance, l’Etat congolais n’a pas daigné mettre sur la table ce problème crucial et de souveraineté qu’est la restitution de ces terres à leurs propriétaires.
Voilà qu’en leader visionnaire, aujourd’hui Adolphe Muzito propose à l’Etat la restitution des terres à leurs propriétaires originels que sont les communautés locales représentées dans la plupart des cas par des chefs coutumiers. L’objectif principal de cette démarche étant de les rendre véritablement souverains. Pas seulement. En plus, pour leur permettre de disposer d’arme valable pour brandir leur souveraineté.
Des prédateurs de tous bords ne cessent de convoiter l’espace géographique du Congo-Kinshasa car ils pensent – à tort – que ces terres sont sans maîtres, donc convoitables à souhait. Si, soutient le patron de Nouvel Elan, l’Etat congolais n’arrive pas à titriser ces terres, la souveraineté n’est qu’un vain mot, qu’un slogan creux.
Donc, pour M. Muzito, la problématique de la souveraineté doit être abordée de manière concrète. Il est important d’aborder par rapport à la restitution des terres à leurs propriétaires. Ainsi, en leur restituant leurs terres, l’Etat va créer un capitalisme de proximité et pousser les communautés locales à défendre leur espace vital notamment en créant des comités d’autodéfense.
LA GRANDE RDC CONVOITEE PAR DES VOISINS A L’ETROIT
La grande RDC en termes de superficie et du nombre d’habitants e la densité de sa population a la malchance d’avoir des voisins à forte densité car disposant de peu d’espace géographique. Le Rwanda et l’Ouganda ont une grande densité. En effet, avec ses 2 345 000 km2 de superficie, la RDC a une population d’environ 100 millions d’habitants et une densité de près de 45 habitants par km2. Tandis que les 13 558 984 habitants du Rwanda se partagent un espace à l’étroit de…26 340 km2. D’où une densité de.. 492 habitants/km2. Quant à l’Ouganda ses 241 550 km2 de superficie sont partagés par ses 48 704 227 habitants, donnant une densité de près de 176 habitants/km2.
Si les chiffres du nombre de ces populations sont loin d’être exactes, faute de statistiques actuelles, il reste vrai qu’il n’y a pas un grand écart avec la réalité. Par conséquent, nos deux voisins qui éprouvent toutes les peines du monde de contenir à l’étroit leurs populations dans des espaces très étroits n’hésitent pas à aller voir ailleurs où ils peuvent trouver de l’espace, de la terre. Par tous les moyens. Et dans ce cas, les plus illégaux sont les plus utilisés.
UN COLLECTIF BUDGETAIRE POUR L’ARMEE
Cette réalité cruelle, estime Adolphe Muzito, doit pousser les Congolais a sanctuariser leur territoire national en investissant au mieux la défense car faisant l’objet de tant de convoitises.
La RDC dispose entre autres minerais du cobalt, du germanium, du coltan, le lithium qui sont déclarés des minerais stratégiques. En outre, il y a été découvert la plus grande réserve de tourbières au monde. Ces tourbières présentes au Centre du bassin du Congo, principalement en RDC, stockent quelques 30 milliards de tonnes de carbone, l’équivalent de 3 ans d’émissions mondiales de CO2. Ces minerais comme les tourbières participent significativement aux réponses au dérèglement climatique dont souffre la planète entière. Comment ne pas penser à défendre ce paradis qui dispose de tant de richesses et de merveilles ? Nous devons donc les protéger par rapport à nous-mêmes Congolais et par rapport à l’environnement extérieur. D’où le renforcement de notre armée, suggère l’ancien Premier ministre.
A ce sujet, il revient sur ce qu’il a déjà évoqué au cours de son interview sur Top Congo. Homme des chiffres concrets, il table sur 50 000 hommes de troupe à mobiliser à qui il faut donner un solde de 500 dollars à chacun. Ce qui donnerait quelque 25 millions de dollars le mois et 300 millions/an. Et les 300 millions autres sont à affecter à la sécurité (DGM, ANR), à l’achat d’armes, de munitions, etc.,
ERIGER DES MURS ANTI-MIGRANTS ILLEGAUX
Pour clore ses propositions, il envisage l’érection des murs entre la RDC et le Rwanda, et un autre entre la RDC et l’Ouganda.
Ce sont des murs pour mieux sécuriser nos frontières avec les voisins ennemis et toujours enclins à nous convoiter. Ces murs serviront à empêcher les flux migratoires illégaux ainsi que des infiltrations. Cependant, les voies officielles de passage vont demeurer.
La RDC ne serait pas le premier au monde – ni le dernier – à se barricader contre les migrants. Plusieurs pays au monde l’ont fait avant elle. Les Etats-Unis d’Amérique ont érigé un mur sur sa frontière avec la Mexique. En 2015, la Hongrie a érigé un mur de barbelés de 175 km sur sa frontière avec la Serbie. Ce qui a inspiré l’Autriche, la Slovénie et la Macédoine. En outre, la Bulgarie s’est séparée de la Turquie par un mur de barbelés de 176 km.
Pourvu que la voix d’Adolphe Muzito soit entendue par les décideurs. Pour le bonheur, la paix, la sécurité de demain des Congolais. Kléber KUNGU