Les violences qui ont secoué les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo ne profitent à personne. Les attaques, les tensions, la désinformation ne font qu’empirer la situation, a indiqué la représentante spéciale du SG des nations unies en RDC, hier mercredi 1er juin lors du briefing de la MONUSCO. Bintou Keita a fait savoir que plus de 70 000 personnes ont été déplacées par la violence depuis le 19 mai. Mais le plus important pour ces personnes, c’est de rétablir la sécurité dans les zones où elles habitent afin qu’elles puissent reprendre le cours de leur vie, a fait remarquer.
Avec nos partenaires de l’armée congolaise, nous sommes parvenus à ramener un calme très relatif dans les deux territoires. Mais nos efforts doivent se poursuivre pour régler le problème du M23 une bonne fois pour toute. Cela passe par, a fait savoir Bintou Keita, une réponse militaire ferme à toute provocation ou attaque. La MONUSCO a utilisé tous ses moyens, y compris ses hélicoptères, pour riposter aux attaques lancées contre elle et soutenir l’armée congolaise, a-t-elle poursuivi. Elle continuera à le faire, en plaçant toujours la protection des civils au cœur de sa stratégie, mais avec la plus grande détermination, dans le strict respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
Aussi, par une réponse politique où chacun s’engage de bonne foi, a estimé la cheffe de la MONUSCO. « Les pays de la région ont créé eux-mêmes des mécanismes, notamment le Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE) chargé de surveiller et de mener des enquêtes sur les incidents de sécurité dans la région des Grands Lacs. C’est la collaboration et la transparence qui doivent prévaloir« , a mentionné Bintou Keita ainsi qu’une réponse opérationnelle enfin. Selon elle, la réémergence du M23, nous rappelle douloureusement l’urgence absolue de lancer l’opérationnalisation du Programme DDRCS province par province. Cependant, elle a insisté sur ce dernier point. « Si nous n’allons pas au bout des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants, sur une base communautaire, nous aurons toujours le risque de voir des groupes armés se reconstituer et redevenir une menace pour la population civile « , a-t-elle fait remarquer avant de poursuivre, cette menace, les populations du Rutshuru l’ont subie ces dix derniers jours avec brutalité.
vite engager la désescalade
D’après la patronne de la MONUSCO, sa structure va continuer à travailler étroitement avec votre armée, votre police, vos autorités, pour protéger autant que possible les populations civiles prises au piège de cette violence. « Il ne faut pas se voiler la face : des évènements comme ceux que nous avons connus depuis 10 jours ont des conséquences sur l’ensemble du pays. Mobiliser votre armée, mobiliser nos casques bleus, redéployer des troupes, a forcément des implications négatives sur les autres régions où l’armée nationale et la MONUSCO opèrent. Et donc sur les populations qui dépendent de nous pour leur sécurité, notamment face à la folie meurtrière des ADF ou de la CODECO« .
C’est pourquoi il faut au plus vite engager la désescalade, obtenir que les groupes armés, notamment le M23, déposent les armes sans conditions, et assurer une réponse régionale et internationale unie, sincère et déterminée, a-t-elle justifiée. » Je me félicite du soutien qui nous a été manifesté par les autorités de ce pays, par le Conseil de sécurité des Nations Unies, par l’Union africaine, par nos partenaires internationaux ici en RDC et plus généralement par beaucoup de citoyennes et citoyens de ce pays« .
« J’en appelle à la responsabilité de tous : il est essentiel de trouver des solutions constructives et durables ensemble. De neutraliser militairement le M23. Et de retrouver le chemin de la confiance et du dialogue entre partenaires régionaux. J’exhorte aussi les Congolais à rester unis et à ne pas céder aux discours incendiaires« , a-t-elle mentionné. « Je vous assure de l’engagement total de la MONUSCO aux côtés de vos forces de sécurité. Nous avons riposté ensemble aux attaques du M23, nous menons des opérations conjointes contre les ADF et la CODECO, nous sommes mobilisés avec vous, pour servir la population congolaise. La MONUSCO soutient également autant que possible le processus de Nairobi « , a-t-elle rassuré.
Pour conclure, elle a reconnu qu’il n’y a pas de solution strictement militaire contre les groupes armés en RDC. Il faut évidemment une réponse militaire, mais il faut aussi des mesures politiques, des mesures de bonne gouvernance et de justice, des mesures de promotion et de respect des droits de l’homme, des mesures de réconciliation et de dialogue. Mathy MUSAU