* Face aux dangers que représentent les groupes armés pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs, le VPM Lutundula demande à l’organe clé de l’ONU, d’assumer ses responsabilités et d’agir vite avant qu’il ne soit trop tard.
Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Christophe Lutundula Apala a pris part, hier mardi 31 mai, à une réunion spéciale convoquée par la présidente du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Mme Linda Thomas – Greenfield.
Appelé à éclairer la lanterne du Conseil sur la crise sécuritaire et politique qui prévaut à l’est du pays depuis maintenant 28 ans, le VPM a reconnu que la RDC a respecté les différents accords régionaux pour assurer le maintien de la paix dans la région des Grands Lacs. Mais, il s’est indigné des réactions du Rwanda qui soutient un groupe armé qui trouble la quiétude dans la région. D’où, son indignation.
« J’interpelle, dit-il, le Conseil de sécurité face aux dangers que représentent les groupes armés, pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. Je lui demande, au nom du Gouvernement de la République démocratique du Congo, d’assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de sécurité dans le monde, et d’agir vite avant qu’il ne soit trop tard ».
Mise en garde sévère de la RDC
Pour le patron de la diplomatie congolaise en effet, « l’action des Nations Unies en RDC, au cours des vingt dernières années, à travers d’abord la Monuc, puis la Monusco, quoiqu’en pensent certains, a été salutaire et décisive ». Raison pour laquelle il a plaidé auprès de Mme Lynda Thomas-Greenfield pour qu’elle puisse peser de tout son poids afin d’aider la RDC à retrouver la paix.
Comme annoncé par son porte-parole lors du dernier briefing, le Gouvernement congolais, à travers la Vice-première ministre en charge de l’Environnement et Développement durable, assumant l’intérim de son collègue des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a transmis à l’ambassadeur du Rwanda en RDC les messages de Kinshasa.
Sur instruction du chef de l’Etat, Eve Bazaiba Masudi a adressé à Vincent Karega les trois messages de l’Exécutif congolais portant sur la protestation face à ce qui arrive, sur la désapprobation et sur la mise en garde sévère face au comportement de Kigali.
REACTION DE Vincent Karega
Pour sa part, le diplomate rwandais a indiqué avoir reçu de la Vice-premier ministre le message à remettre à son Gouvernement concernant ‘‘la turbulence actuelle dans les relations diplomatiques entre les deux pays’’. Vincent Karega a indiqué que ces messages sont destinés aux autorités de la République du Rwanda. « Je ne dois pas dévoiler le message des autorités à moins que la RDC le dévoile », a-t-il confié à la presse.
Réagissant à la question de savoir si sa présence à Kinshasa est encore nécessaire au regard de la déclaration de Kigali de faire la guerre à la RDC, Vincent Karega s’est voulu formel : « Ce n’est pas à moi d’estimer, je suis un envoyé du Rwanda et je suis reçu par la RDC. C’est aux deux pays de juger de la nécessité et de la durée de ma présence».
La convocation de l’ambassadeur du Rwanda est, en effet, l’une de recommandations du Conseil supérieur de la défense contre Kigali et le M23. Désormais, Kinshasa considère le M23 comme un mouvement terroriste. Il sera traité comme tel et, de ce fait, il est exclu du processus des discussions de Nairobi, a indiqué le porte-parole du Gouvernement congolais. Une mise en garde a été ainsi lancée au gouvernement rwandais, accusé de ‘‘perturber le processus de paix qui arrive pratiquement à son terme avec les discussions de Nairobi où tous les groupes armés, à l’exception du M23, se sont engagés sur la voie de la paix».
Face à la presse, le porte-parole du Gouvernement congolaise a expliqué le lundi 30 mai que la résolution prise au Conseil supérieur de la Défense devrait être concrétisé, mais que l’agenda du VPM en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, n’a pas permis à Vincent Karega d’être entendu. Patrick Muyaya avait signifié que le Gouvernement allait déléguer un autre membre de l’Exécutif national pour remplir cette mission. Ce qui est chose faite.
L’AMBASSADE DU RWANDA PRISE D’ASSAUT
Depuis les évènements au Nord-Kivu, l’ambassadeur du Rwanda n’arrive plus dans ses bureaux situés sur avenue Lukusa, à Gombe. Des manifestants congolais, furieux de cette énième agression, prennent chaque jour d’assaut la chancellerie rwandaise, située sur l’avenue Lukusa, dans la commune de la Gombe, pour exiger la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et l’expulsion de Vincent Karega. Ces manifestants expriment leur ras-le-bol en brûlant les drapeaux du Rwanda et les effigies de Paul Kagame.
De l’avis du Gouvernement congolais, aucune piste n’est à exclure à ce jour. Pour le ministre de la Communication et Médias, « toutes les cartes sont sur la table et l’expulsion de l’ambassadeur du Rwanda n’est pas exclu« .
Depuis quelques jours en effet, Kinshasa accuse Kigali d’aider les rebelles du M23 à attaquer les positions des Forces armées de la RDC dans le Nord-Kivu. D’où, la mise en garde à l’endroit du Gouvernement rwandais et l’interdiction des vols de la compagnie aérienne RwandAir sur le sol congolais.
Yves KALIKAT, Mathy MUSAU ET RACHIDI MABANDU