Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas à Kinshasa, M. Jolke Oppewal est vivement préoccupé par les conflits qui minent la République démocratique du Congo. Interpellé par la recrudescence des violences à l’est du territoire congolais, le diplomate de »la Nation Orange » suggère une approche régionale qui devrait se garder de recourir à »une solution militaire ». « Notre première priorité, c’est la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC », déclare-t-il dans sa récente adresse, dont une copie a été envoyée à »Forum des As ».
« La guerre dans l’est de la RDC est parmi les plus longues et les plus meurtrières dans le monde, relève l’ambassadeur Jolke Oppewal. Parfois, le monde semble un peu fatigué d’un conflit tellement complexe et de longue durée. Ce qui n’est pas justifié en vue de la tragédie humaine qui persiste : 6.000.000 de déplacés internes, le plus grand nombre de toute l’Afrique, et plus d’un quart de la population en insécurité alimentaire« .
Au regard de ce tableau sombre, Jolke Oppewal tâche de redonner espoir aux Congolais. « En tant que Pays-Bas, nous continuerons, dans les années à venir, à tenir notre engagement : celui d’aider la RDC à retrouver sa stabilité, particulièrement dans l’est ».
PISTES DE SOLUTIONS
Ayant œuvré comme diplomate dans la région des Grands Lacs depuis huit ans, Jolke Oppewal affirme avoir tiré les leçons de son séjour au Rwanda, au Burundi, tout comme en RDC. « A travers notre programme régional des Grands Lacs pour lequel nous travaillons depuis 2008, voici trois leçons apprises qui sont en même temps des conseils pour le futur », écrit-il.
« Première leçon, dit-il, une approche régionale est indispensable. Une telle approche a été renforcé par l’adhésion de la RDC a la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est et le processus de Nairobi qui en résulte. Cela donne de l’espoir et mérite notre plein soutien. J’espère sincèrement que l’esprit positif du début de Nairobi va se continuer. Bien qu’il y ait des personnes qui profitent du conflit, la paix en RDC présente pour beaucoup plus de personnes, dans toute la région des opportunités énormes ».
« Deuxième leçon : la solution n’est pas militaire. Il faut adresser les causes profondes. Nous l’essayons dans nos programmes qui se focalisent sur l’accès à la terre, la transparence dans l’exploitation des ressources minières et la gouvernance locale. J’ai voyagé au Nord et Sud-Kivu et souvent le soupir était : ‘Il n’y a rien’. Le retour de l’état et de la confiance des citoyens dans les institutions étatiques est fondamental : travailler pour, avec et dans les communautés, comme le président Tshisekedi l’a libellé dans l’approche du nouveau programme P-DDRCS« .
Déminer les esprits de la guerre
« Troisième leçon : intégrer la santé mentale et le soutien psychosocial. Toute une génération souffre de traumatismes profonds. Comment peut-on trouver la paix dans la communauté, si les esprits sont toujours minés ? Les hommes ne sont pas seulement des auteurs de violence. Ils sont aussi des victimes. C’est leur traumatisme qui fertilise les nouveaux conflits au foyer, entre les groupes ethniques et dans la société« .
« Alors, conclut Jolke Oppewal, il faut déminer les esprits de la guerre dans les cœurs des hommes et des garçons, pour briser les cycles de la violence. Nous notons des résultats encourageants à travers l’approche ‘living peace’ que nous soutenons. Cette approche aide les militaires, les policiers et les ex combattants a retrouver la paix dans leurs esprits et dans leurs vies, à la maison et au travail. En septembre, nos ambassades au Burundi, en RDC, en Ouganda et au Rwanda, vont organiser ensemble une conférence régionale sur la santé mentale, le soutien psychosocial et la consolidation de la paix « .
L’intégralité de ce message, l’ambassadeur des Pays-Bas en a réservé la primeur à ses hôtes qu’il avait accueillis en privé le 31 mai dernier lors de la réception organisée dans sa résidence à Kinshasa, à l’occasion de la fête du Roi. Célébré généralement le 27 avril, le jour de l’anniversaire de Willem Alexander, roi des Pays-Bas, cet événement national a été exceptionnellement commémoré un mois plus tard en RDC. Yves KALIKAT