EPST : Grand bruit sur l’organisation d’un Test de fin du secondaire général

A l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), l’heure est aux préparatifs des concours certificatifs, prévus pour les finalistes de différents cycles dans les prochaines semaines. A savoir, la session ordinaire de l’Examen d’Etat pour les élèves de 4ème  années des humanités, le Test national de fin d’études primaires (TENAFEP) et le Test national de fin du secondaire général.

Cependant, si l’Examen d’Etat et le Tenafep ne posent aucun problème, parce que procédant de la tradition à l’EPST, le Test national de fin du secondaire général fait grand bruit dans les milieux de nombreux parents avertis et autres partenaires du système éducatif rd congolais. A priori, il s’agit d’une innovation introduite par la réforme scolaire de 2019.

Dès lors que la réforme sus-rappelée a institué la 7ème année et la 8ème année de l’Education de base secondaire, nombre d’experts s’interrogent sur la pertinence du fameux Concours prévu pour les élèves de l’ex-2ème année secondaire.

Le moins que l’on puisse rappeler ici, est qu’en 2019, les ministres de l’EPST et de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), avaient mis sur pied un Projet d’Education pour la qualité et la pertinence des enseignements aux niveaux secondaire et universitaire (PEQPESU).

Evaluation mi-parcours

Financé par la Banque Mondiale à hauteur de 200 millions USD dont 130 comme crédit, le projet avait deux objectifs. Premièrement, amélioration de l’enseignement et de l’apprentissage des Maths et des Sciences au niveau secondaire. Le second but de la réforme a été celui de renforcer la pertinence de l’Enseignement secondaire, universitaire et professionnel dans les secteurs jugés prioritaires.

Deux ans après, le bon sens commande que l’on procédât à l’évaluation mi-parcours de cette réforme par rapport aux objectifs fixés dès le départ. On espère que les experts de différents niveaux s’y sont déjà mis. Toutefois, il faut noter que le PEQPESU a été conçu pour soutenir plusieurs réformes, en changeant profondément la physionomie du système éducatif congolais.

education pour tous

La première réforme est l’introduction de l’éducation de base pour tous. Il s’agit d’un nouveau concept adopté par plusieurs pays africains dans la perspective de l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD4). Ici, la spécificité tient au fait que les six années du cycle primaire et les deux premières années du secondaire général, ont été rassemblées dans un continuum de huit ans. Raison pour laquelle on parle aujourd’hui de la 7ème année et de la 8ème année, au lieu de la 1erè et de la 2ème année secondaire. Dans la même logique, les anciennes classes de 3ème, 4ème, 5ème et 6ème années des humanités, sont à ce jour les classes de 1ère, 2ème, 3ème et 4ème années.

UN CONCOURS DE TROP

A partir du moment où les deux premières années du secondaire général sont inscrites dans la continuité des six ans du primaire, organiser un test de fin du secondaire général sonne comme une sorte de dénégation même de la réforme.

De deux choses l’une. Soit que l’on revienne à l’ancien système, en réhabilitant les deux premières années du secondaire général, soit que l’on évolue dans la réforme, tout en y portant un regard structurel et fonctionnel sans complaisance.

Dans la première hypothèse, si le souci est d’évaluer réellement les élèves en vue de leur orientation, on devrait alors commencer par annuler la réforme scolaire de 1982, portant suppression du Cycle d’orientation (CO), autrefois sanctionné par l’obtention d’un Brevet. Suivant la même logique, on maintient l’ex-Examen sélectif (actuel TENAFEP) pour les finalistes du primaire, pour une bonne appréciation de leurs aptitudes à affronter l’école secondaire.

Mais au cas où l’on s’en tenait à la réforme, c’est-à-dire que les six premières années du Primaire et les deux premières années du secondaire sont désormais dans un assortiment, la pertinence voudrait alors que l’on renvoyât le TENAFEP à la 8ème année qui, selon la réforme, est considérée comme la dernière année du Primaire. Sinon, ça fait trop !

Ce qu’il faudrait également souligner, est que selon l’esprit et la lettre de la réforme, les huit années (six ans du primaire et deux premières années du secondaire), sont devenues de facto depuis 2019, le Cycle terminal de l’Education de base (CTEB), avec quatre fonctions.

A savoir l’intégration des apprentissages des huit années de l’éducation de base, l’orientation des élèves vers l’enseignement technique et professionnel ou les humanités. S’ajoutent aux deux premières fonctions, la professionnalisation des enseignements, en initiant les jeunes à l’entrepreneuriat et au leadership et la certification des acquis des élèves.  

Par essence, un concours certificatif est sanctionné par l’obtention d’un document (certificat, brevet ou diplôme). Question : quel type d’imprimé remettra-t-on aux élèves de la 8ème année qui auront satisfait au fameux test de fin de la 8ème année?

Mais par-delà tout, ce concours met les élèves sous une forte pression psychologique. Car, en plus du test, ils doivent en même temps préparer les épreuves de fin d’année. Dans ces conditions, ils ne savent pas très exactement sur base de quelles épreuves ils seront réellement évalués pour le passage de classe. Entretemps, certains chefs d’établissements ont déjà exigé et perçu les frais de participation audit concours. Cas de l’Institut Lumumba où les candidats au Test de fin d’études secondaires ont payé 30.000F, soit l’équivalent d’environ 15$us. Ce, en attendant le payement de fameux et traditionnels frais d’Organisation matérielle (ORGAMAT) des épreuves de fin d’année.

A tous égards, si le PEQPESU a été adopté par plusieurs pays africains, on suppose que son application devrait tenir compte de la praxis antérieure. Ainsi, on éviterait de faire du copier-coller ou un simple conformisme précipité. Auquel cas, la réforme de 2019 mérite une réforme. Grevisse KABREL

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