Pendant que l’actualité au pays est focalisée sur la visite du couple royal belge, un autre événement semblable à un tremblement de terre est intervenu dans le monde médiatique congolais avec la disparition du journaliste Angelo Mobateli, affectueusement appelé «Vieux Ange» par ses confrères toutes générations confondues. A l’occasion de cet événement douloureux, je tiens à porter un petit témoignage pour saluer la mémoire d’un ainé qui a porté son attention sur ma modeste personne dès mon arrivée au journal Elima comme stagiaire en 1983.
Comme cela est de coutume à l’Institut des sciences et techniques de l’information, nous avons été envoyé en stage selon le choix de chaque étudiant. Mon choix avait été porté sur le journal Elima compte tenu de la proximité avec mon lieu d’habilitation de l’époque. Accueilli par le journaliste Adely Balili Mavunu dont je salue la mémoire, j’ai œuvré, lors de chaque stage, à la rubrique sportive sous la direction d’un certain Kitemona Nsilu, alias Kitens. Au terme des études, le journal Elima a procédé à l’engagement des stagiaires devenus au fil de temps des collaborateurs extérieurs.
Curieusement tout le monde a été retenu sauf moi. C’est à ce moment que Vieux Ange se met debout et décide, me dit-il, de voir l’éditeur responsable, en la personne de Thy Réné Essolomwa Nkoy ea Linganga. A la place de la lettre d’embauche, Vieux Ange a fait d’une pierre deux coups. Il a obtenu mon engagement et au même moment mon affectation en qualité de journaliste reporter permanent au cabinet du Citoyen Nimy Mayidika Ngimbi, autrefois vice-Premier Commissaire d’Etat et Commissaire d’Etat aux Droits et Libertés du Citoyen.
«Vice-Premier» était devenu mon appellation. Jusqu’à sa disparition sur cette terre des hommes, Angelo Mobateli m’appelait toujours et en toutes circonstances «Vice-Premier». Je lui en demeure énormément reconnaissant dans la mesure où cette affectation au cabinet ministériel de Maitre Nimy Mayidika Ngimbi m’avait permis d’être totalement indépendant sur le plan financier d’autant plus que la prime qui m’a été payée chaque mois valait 5 fois plus que le salaire du journal Elima. Quelle aubaine pour un jeune homme de 28 ans.
Après la perception de la première prime, devoir de reconnaissance oblige, je suis revenu vers mon bienfaiteur avec une petite enveloppe.
Vieux Ange déclina poliment l’offre du «Vice-Premier» au motif que le jeune garçon que j’étais avait besoin de moyens financiers pour se lancer dans la vie. Cette marque d’affection a été également manifestée lorsque nous nous sommes retrouvés à Brazzaville pour la couverture des travaux de la Conférence nationale.
A cette occasion, tous les «coupages» obtenus ont été partagés fifty-fifty. Angelo Mobateli avait refusé de faire prévaloir ses fonctions de directeur de rédaction encore moins son droit d’ainesse.
Aventure «événementielle»
Au lendemain du discours du Maréchal Mobutu prononcé le 24 avril 1990 à la cité historique de la Nsele, Elima a opéré un virage à 360 degré quittant le camp des journaux acquis au Président Fondateur du MPR pour basculer dans le camp de l’opposition. Ce changement de la ligne éditoriale a été suivi des actes de sabotage en guise des sanctions à ce tabloïd autrefois nourri aux mamelles du Parti-Etat. En guise de représailles, les installations des Imprimeries du Zaïre, outil technique de fabrication du journal Elima, ont été incendiées. Cet acte de sabotage n’a pas suffi. Les caciques du régime de Mobutu ont décidé de déstabiliser le journal Elima en procédant au débauchage de quelques éléments majeurs de l’équipe rédactionnelle avec en tête le Coordo Kisungu Kiambi.
Dans cette aventure, j’ai été ciblé et sollicité par Angelo Mobateli qui me fera la proposition de figurer sur la liste des journalistes de l’Evénement. A sa grande surprise, le «Vice-Premier» avait décliné l’offre. Malgré ce refus, le Vieux ne m’en a pas tenu rigueur. A chaque rencontre c’était la même attitude, les mêmes salutations chaleureuses marquées par des chaudes accolades.
Sportif jusqu’ à la moelle épinière Angelo Mobateli est demeuré sportif et surtout supporter de l’AS V.Club jusqu’au dernier soupir. Sans peur d’être contredit, je peux affirmer que Vieux Ange n’a raté aucun match de team vert noir dans les années 80-90.
Il a aimé le football et il nous en a fait la démonstration en 1985 au terrain annexe du Stade du 20 Mai, actuellement stade Tata Raphaël. A l’occasion du tournoi de football organisé à l’intention des organes de presse, Angelo Mobatelo a défendu les couleurs du journal Elima à côté d’autres amis comme le défunt Jean Claude Bokama Lomboto qui en était sorti avec une fracture au bras gauche.
L’univers médiatique congolais, principalement la presse écrite, est en train de perdre les derniers acteurs célèbres aux plumes alertes qui ont marqué son histoire. En tous cas, Angelo Mobateli en faisait partie. Votre famille, vos amis et nombreux journalistes que vous avez eu à former ne verront plus votre sourire débonnaire.
Ils ne bénéficieront plus de vos accolades chaudes et fraternelles. Vieux Ange a donc décidé, de manière unilatérale, de tourner la page. Je prends la respectueuse liberté de faire observer que vous avez oublié de nous indiquer les références de celle sur laquelle vous allez rédiger le récit de la nouvelle vie. Placé devant un fait accompli, je me rends tristement compte que c’est la fin de toute une histoire. L’histoire de Angelo Mobateli est terminée. Au revoir Directeur. Au revoir mon Vieux. Bon retour au pays des Anges.
Kalala TSHIMANKINDA
Voici le programme des obsèques du journaliste Anngelo Mobateli, Coordonnateur du média en ligne « congorformes.com »
Le coordonnateur du média en ligne « congoreformes.com », Angelo Mobateli sera inhumé mardi 14 juin au cimetière de Mbenseke Nouvelle Cité. Ce programme établi par la famille de l’illustre disparu a été annoncé à la presse le vendredi par Oscar Bisimwa, fondateur du groupe de presse Congo Réforme. Avant de conduite l’ancien directeur des journaux Elima et Le Potentiel à sa dernière demeure, sa famille, ses confrères, amis et connaissances lui rendront les derniers hommages le même mardi de 09h0 à 11h00 à la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa. Une veillée mortuaire aura lieu lundi 13 juin en la résidence familiale sise av. Bondo 162, commune de Ngiri-Ngiri – Saïo – 24 novembre.
Angelo Mobateli est décédé dimanche 05 juin à l’hôpital du Camp Kokolo de suite d’une courte maladie. La nouvelle tombée comme un couperet a brisé les cœurs de tout son entourage qui garde de lui des souvenirs d’un homme qui a vécu pour les autres. Les témoignages de ses nombreux confrères dont ses anciens collègues de rédaction, ses anciens employeurs et ceux qui se réclament comme étant ses disciples, attestent que l’homme a su employer son bail sur cette terre au profit des autres. A Dieu Patriarche, adieu brillant confrère. Avec congoreformes.com