Le Front commun pour le Congo (FCC) s’est exprimé sur la guerre en cours entre les FARDC et le M23 dans la partie Est de la RDC. Dans une déclaration politique signée par la Conférence élargie des présidents et rendue publique le dimanche 27 mai, « le FCC exige du gouvernement des explications claires sur ses accords militaires et économiques avec le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya, accords conclus en toute opacité avec les anciens et, pour certains, actuels agresseurs de notre pays. «
La plateforme politique chère à Joseph Kabila condamne avec la plus grande fermeté la reprise des hostilités enclenchées par le M23 avec le soutien avéré du Rwanda.
Ainsi, invite-t-il le Gouvernement à prendre, de toute urgence, toutes les dispositions qui s’imposent afin que les vaillants soldats au front soient efficacement appuyés sur le plan logistique et que les milliers de Congolais en déplacement forcé soient assistés de manière efficace et qui préserve leur vie et leur dignité.
Le FCC demande à toute la population congolaise de soutenir sans faille les forces de défense et de sécurité. Ci-dessous ladite déclaration. Kléber KUNGU
Déclaration politique du Front Commun pour le Congo en rapport avec la guerre dans la partie Est de la RDC
Le Front Commun pour le Congo suit avec attention et croissante préoccupation l’aggravation de la situation sécuritaire à Béni et en Ituri, du fait des actes terroristes des criminels des ADF et CODECO, ainsi que dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo au Nord-Kivu, suite à la miraculeuse résurgence du M23, mouvement qui, pourtant, avait été militairement défait en 2013, grâce à un leadership éclairé et à la bravoure des forces nationales de défense et de sécurité, appuyées par une Brigade d’Intervention des Nations Unies exclusivement composée de troupes provenant des pays frères et amis de la SADC, à savoir l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi.
La résurgence de ce groupe armé survient après que des négociations aient lieu avec ses leaders, sous la facilitation du Rwanda, le 28 octobre 2019 et que non seulement une feuille de route pour assurer le rapatriement des éléments de ce mouvement aient été convenus avec le Gouvernement de la République comme en témoigne la lettre n°798/PR/CE-MNS/CDO/Srt/2029 du 20 novembre 2019 du Coordonnateur National de Suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba à l’Auditeur Général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
Le Front Commun pour le Congo rappelle qu’au moment de la cuisante défaire du M23, les éléments de ce mouvement rebelle avaient trouvé refuge dans deux pays voisins bien connus, le Rwanda et l’Ouganda, abandonnant armes et munitions sur le terrain de combat. Comment expliquer aujourd’hui que ces mêmes éléments se retrouvent de nouveau sur le sol congolais, bien équipés et défiant nos forces armées, sans qu’aucune explication ne soit donnée par le Gouvernement de la République, moins encore exigée et obtenue de ces pays d’accueil ?
Quelle explication le Gouvernement de la République donne-t-il au peuple congolais face à cette énième agression de la République Démocratique du Congo par, ou avec la complicité des pays voisins, considérés par le pouvoir en place comme des partenaires stratégiques privilégiés et qui ont bénéficié, de sa part, de plusieurs largesses sans contrepartie, telles que les autorisations des vols accordées à leurs compagnies aériennes, Rwandair et Uganda Air, et l’attribution, à des conditions préférentielles, des concessions minières à des sociétés rwandaises et des marchés de construction des routes Kasindi-Beni-Butembo et Bunagana-Goma aux sociétés ougandaises ?
Devant l’urgence que constitue cette nouvelle guerre qui menace l’intégrité territoriale de notre pays et expose nos populations meurtries de l’Est à de nouvelles souffrances, le Front Commun pour le Congo:
1. Condamne, avec la plus grande fermeté, la reprise des hostilités enclenchées par le M23 avec le soutien avéré du Rwanda.
2. Fustige l’absence d’anticipation du Gouvernement de la République face à une situation dont les signes d’alerte étaient perceptibles depuis plusieurs mois.
3. Réaffirme son indéfectible soutien aux FARDC qui remplissent leur devoir dans des conditions particulièrement difficiles.
4. Exprime sa solidarité avec les frères et sœurs de l’Est, victimes de l’agression dont notre pays est l’objet à l’instigation et avec le concours actif de la personnalité rwandaise que celui qui est constitutionnellement chargé de leur sécurité appelle affectueusement « frère ».
5. Présente ses condoléances les plus sincères aux familles des victimes, militaires et civiles, des affrontements en cours dans l’Est de notre pays, et exprime sa profonde compassion aux milliers de nos concitoyens qui sont, de ce fait, jetés dans l’errance et forcés de vivre dans des conditions des plus précaires.
6. Dénonce la gouvernance chaotique, irresponsable, sans vision et sans appréhension correcte des enjeux et des défis, entre Etats souverains de la région du Président Tshisekedi et de son gouvernement, gouvernance dont cette guerre est la triste conséquence.
7. Déplore le flou que, par des déclarations contradictoires de ses membres, et en dépit des évidences de la présence des troupes rwandaises dans les rangs du M23, le Gouvernement de la République entretient sur l’identité de ceux qui nous font la guerre dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo depuis le mois de mars.
8. Exige du gouvernement des explications claires sur ses accords militaires et économiques avec le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya, accords conclus en toute opacité avec des anciens et, pour certains, actuels agresseurs de notre pays.
9. Invite le Gouvernement à prendre de toute urgence toutes les dispositions qui s’imposent afin que nos vaillants soldats au front soient efficacement appuyés sur le plan logistique (armes, ration, soins aux blessés, primes…) et que les milers de nos compatriotes en déplacement forcé soient assistés d’une manière efficace et qui préserve leur vie et leur dignité.
10. Appelle le peuple congolais à se lever comme un seul homme pour dénoncer les actes du gouvernement qui frisent la complicité avec les ennemis de la nation et les acteurs de la balkanisation de notre pays.
11. Demande à l’ensemble de la population congolaise de soutenir sans faille et ce, sans prendre des initiatives ou verser dans des excès de langage et de comportement nuisibles à la cohésion nationale et à la coexistence pacifique entre les communautés, les forces de défense et de sécurité de notre pays qui ont déjà eu à démontrer que quand on leur fait confiance et qu’on les dote de moyens humains, matériels et financiers requis, au lieu de les vilipender publiquement, y compris en territoire étranger, comme c’est le cas aujourd’hui, elles sont capables de défendre l’intégrité de notre territoire et de mettre en échec toutes les tentatives de déstabilisation de notre pays.
12. Rappelle à tous nos compatriotes qu’il leur revient de décider de l’avenir de notre Pays et que 2023, prochaine échéance pour ce faire, n’est plus loin. Face au tableau désolant qu’offre la République Démocratique du Congo aujourd’hui, choisir la continuité en 2023 équivaudrait à accepter plus d’insécurité, plus de faim, plus de souffrance pour tous, bref le suicide collectif. Le seul choix responsable, le seul choix patriotique, sera donc celui de la rupture, d’une alternance doublée d’une alternative crédible en matière de gouvernance. Qu’ils se le tiennent pour dit !
Que vive la République Démocratique du Congo !
Fait à Kinshasa, le 27 mai 2022
Pour le FCC,
La Conférence Elargie des Présidents