Grand Kasaï: Dupliquer les centres d’attraction économique et sociale

Pour mettre fin aux déplacements massifs des populations et faciliter l’intégration sociale pour le vivre-ensemble, les participants à la conférence interprovinciale Grand Katanga-Grand Kasaï proposent la duplication des centres d’attraction économique et sociale dans les provinces du Grand Kasaï. Ci-dessous des larges extraits du rapport générale                  FDA

RAPPORT GENERAL DE LA CONFÉRENCE INTERPROVINCIALE GRAND-KATANGA, GRAND-KASAÏ SUR L’EXODE RURAL ET LE DEVELOPPEMENT DES PROVINCES

Le vendredi 22 avril 2022, s’est ouverte à Lubumbashi la Conférence interprovinciale entre les Provinces du Grand Kasaï et celles du Grand Katanga, soit neuf Provinces au total : Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Lomami, Sankuru, d’une part, et Haut-Katanga, Haut-Lomami, Lualaba et Tanganyika, d’autre part. L’ouverture a eu lieu à l’Hôtel Pullman Grand Karavia, dans la salle Bukavu, à 11h38, sous la présidence de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la République, Jean-Michel SAMA LUKONDE, représentant Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.

Y ont pris part,

– Leurs Excellences Messieurs les Gouverneurs de neuf Provinces réunies,

– les Présidents des Assemblées Provinciales des Espaces Grand Kasaï et Grand Katanga,

–  ainsi que des membres de leurs Gouvernements Provinciaux.

Objectif de la conférence interprovinciale: consolider la paix entre les communautés, gage de développement et freiner les déplacements massifs des populations.

Après l’hymne national, la parole a été accordée à SEM le Gouverneur du Haut-Katanga Jacques KYABULA KATWE, l’hôte de la conférence. Dans son mot de bienvenue, ce dernier a pointé l’interdiction faite aux taxis motos de prester au centre-ville, par la Maire adjointe de Lubumbashi, comme l’élément déclencheur d’une escalade verbale qui a dérapé et culminé en tensions qui ont envenimé le climat social. Posant son diagnostic, il a fustigé les prises de parole clivant qui ont polarisé les antagonismes et accentué les tensions. Il s’est, toutefois, félicité du fait que les regards des dirigeants se tournent désormais vers des solutions durables, grâce à l’initiative de SEM le Président de la République, Chef de l’Etat Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO à qui il a rendu un vibrant hommage pour son implication dans l’apaisement des esprits.

Pour le Gouverneur du Haut-Katanga, cette conférence permet, entre autres, d’examiner les causes, les facteurs et les conséquences de l’exode rural, de proposer des solutions durables.

«     Nos responsabilités sont historiques. Nous sommes réunis pour trouver des solutions durables », a déclaré le Gouverneur du Haut-Katanga.

Prenant la parole, SEM le Premier Ministre SAMA LUKONDE a souligné que les phénomènes migratoires ont toujours eu la vertu de rapprocher les peuples dans leur volonté de vivre ensemble et que, en plus, les migrations internes observées depuis des mois voire des années convergent principalement vers deux pôles. Il s’agit de la capitale congolaise Kinshasa, symbole de la diversité ethnique à l’échelle du Pays, et de Lubumbashi, Ville qui incarne la multi-culturalité liée au monde du travail salarié. Et de renchérir : « Lubumbashi est sans doute une ville ouverte à l’intégration ».

Malheureusement, a déploré SEM le Premier Ministre, il y a une tendance à susciter et à attiser les tensions communautaires par des rumeurs savamment distillées. En considérant la réalité sociologique des mouvements des populations auxquels font face les Provinces des Espaces Grand Kasaï et Grand Katanga, selon lui, «Il faut une gestion responsable de cette situation», a insisté SEM le Premier Ministre, et ce « en privilégiant le dialogue et les solutions internes entre frères et sœurs ».

La parole a, ensuite, été accordée au Directeur de cabinet adjoint de SEM le Gouverneur du Haut-Katanga, le Professeur Christian KUNDA MUTOKI, pour la lecture de l’argumentaire de la conférence. Celui-ci a montré que les mouvements des populations posent problème non pas seulement dans les Provinces de destination où les capacités d’accueil se trouvent dépassées, les conditions sécuritaires y sont mises à rude épreuve et la cohabitation entre communautés fragilisée sous l’effet de tensions, mais aussi, au départ. Car l’économie des entités de provenance est perturbée et affaiblie alors que la production agricole se voit diminuer avec à la clé des pertes de revenus qui contribuent à l’accroissement de la pauvreté.

0. CONSTITUTION DES GROUPES THEMATIQUES

Après la cérémonie d’ouverture, les 9 Gouverneurs de Provinces, les Présidents des Assemblées Provinciales et les Ministres Provinciaux de l’Intérieur, ont lancé les travaux proprement dits, le 23 avril 2022. Ils ont, ensuite, désigné par consensus, la composition du bureau de la Table Ronde de la manière suivante :

«Président : Monsieur Jacques KYABULA KATWE, Gouverneur de la Province du Haut-Katanga,

«Vice-Président : Monsieur Aloïs MUSHITU NGENGE, Président de l’Assemblée Provinciale du Kasaï,

«Rapporteur : Madame Jeannette LONGA MUSWAMBA, Gouverneur intérimaire de la Province du Kasaï Oriental,

«Rapporteur-adjoint : Madame Marie-Thérèse Fifi MASUKA SAINI, Gouverneur intérimaire de la Province du Lualaba.

Les 4 commissions annoncées ont été mises en place, par consensus :

«     Thématique, Politique Administrative et Juridique

«     Thématique Sécuritaire

«     Thématique Socio-Culturelle

«     Thématique Economique

Les travaux en commissions ont permis de dégager les causes ci-dessous, au sujet de déplacements massifs des populations.

i)     Les causes des déplacements des populations

– La pauvreté, le chômage, la famine,

– L’insécurité due au phénomène Kamuina Nsapu,

– La baisse de la production agricole et la détérioration des infrastructures y relatives,

– L’enclavement de l’Espace Grand Kasaï,

– Le déficit d’infrastructures routières, ferroviaires, hospitalières, scolaires, universitaires.

– L’affaiblissement de l’économie régionale,

– L’effondrement de l’exploitation de la MIBA,

– L’indisponibilité des Zones d’Exploitation Artisanales (ZEA).

A partir de ces éléments, les conséquences suivantes ont été identifiées :

ii)    Les conséquences des déplacements des populations

– Dans les Provinces de départ :

–’     La baisse de production agricole dans les Provinces,

–’     La diminution sensible de la perception des taxes,

–’     La réduction de la main d’œuvre locale,

–’     Le dépeuplement des villages.

– Dans les Provinces de destination :

–’     La recrudescence de la criminalité : vols, viols, meurtres, etc.

–’     L’accroissement incontrôlé de la population,

–’     L’intolérance, les écarts de langage,

–’     Le déséquilibre entre les ressources disponibles et le nombre de la population.

–’     Les perturbations de la circulation routière du fait des conducteurs des taxi motos non formés et non respectueux du Code de la route,

–’     La Saturation des espaces vitaux, notamment les centres urbains,

–’     L’occupation des espaces réservés pour la production d’eau (cas de la nappe aquifère de Kimilolo).

Conformément à ces causes et conséquences identifiées lors des travaux en commissions, les recommandations suivantes ont été proposées à l’issue de fructueux et enrichissants échanges :

A. Thématique Politique, Administrative et Juridique

Pour mettre fin aux déplacements massifs des populations et faciliter l’intégration sociale pour le vivre-ensemble, la commission Politique, Administrative et Juridique a formulé les recommandations suivantes :

«Dupliquer les centres d’attraction économique et sociale dans les Provinces du Grand Kasaï ;

«Créer des marchés transfrontaliers dans le Grand Kasaï à la frontière avec l’Angola l’instar de Kasumbalesa avec la Zambie ;

«Faciliter l’accès au marché du diamant ;

«Doter le SAEMAPE des moyens pour accompagner les creuseurs à travers la découverture pour qu’ils accèdent aux richesses minières et minérales locales ;

«Faciliter la création des entreprises en mettant en place un GUICHET UNIQUE à la création des entreprises dans toutes les Provinces du Grand Kasaï ;

«Obtenir l’appui de l’ANAPI dans la création des entreprises;

«     Interdire tout transport de personnes par trains ou camions marchandises ;

«     Instaurer le système de feuille de route pour identifier et encadrer les personnes qui se déplacent d’une province à l’autre. Ce contrôle devrait être assuré par les autorités de l’État civil du Grand Kasaï et du Grand Katanga ;

«     Contrôler et encadrer les mouvements des populations au départ et à l’arrivée ;

«     Créer un cadre de concertation permanent entre les espaces Grand KASAÏ et Grand KATANGA sur des questions de gestion de leurs Provinces respectives ;

«     Veiller à la stabilité des institutions politiques provinciales dans les deux Espaces, plus particulièrement dans les Provinces du Grand Kasaï où, au cours de cette mandature, certaines institutions ont changé plus de deux fois d’animateurs ;

«     Développer le vouloir vivre ensemble, consolider le sens de solidarité, de tolérance et surtout aiguiser la conscience citoyenne et le devoir de responsabilité afin de faciliter la cohabitation entre communautés ;

«     Réguler les relations entre communautés par les autorités locales, provinciales et nationales ;

«     Faire  le  rappel  des  crédits  d’investissements  destinés  aux Provinces afin de réaliser leurs projets de développement ;

«     Impliquer les autorités politico-administratives nationales que provinciales et locales pour faire respecter la loi ;

«     Le Gouvernement doit prendre ses responsabilités en cas de non-respect des lois par les fauteurs de troubles ;

«     Achever la Table Ronde sur la décentralisation de 2020 et mettre en œuvre ses recommandations ;

« Appeler les ressortissants du Grand Kasaï et ceux Grand Katanga, à cohabiter pacifiquement ;

«     Doter la Police Nationale de moyens suffisants afin qu’elle remplisse sa mission de maintien de l’ordre en vue de protéger l’autorité de l’Etat ;

«     Protéger les autorités provinciales de chantages et trafics d’influence politiques sur lesquels s’appuient certains inciviques qui vont jusqu’à se substituer au pouvoir public ;

«     Améliorer les relations avec l’Angola, étant donné que la fermeture des frontières force les migrants à se tourner vers le Katanga comme principale destination, non pas pour y établir résidence, mais comme voie de passage pour certains ;

«     Obtenir du Gouvernement Central, l’équilibre géopolitique dans la nomination et l’affectation des fonctionnaires et cadres de l’administration publique, pour éviter les frustrations et le triomphalisme.

«     Appliquer une justice impartiale ;

« Tenir compte de l’équilibre géopolitique dans les nominations/affectations des magistrats, dans les propositions du Conseil supérieur de la magistrature.

B. Thématique Sécuritaire

«     Promouvoir la politique de l’emploi tout en favorisant l’investissement étranger et local dans les Provinces de départ ;

«     Pourvoir à une loi organique en rapport avec l’article 30 de la constitution ;

«     Financer la reconstruction des infrastructures en général : ferroviaires, routières, hospitalières, scolaires et universitaires ;

«     Réorganiser le Service de cadastre Minier en réattribuant les Zones d’exploitation artisanales dans les Provinces ;

«     Respecter et faire respecter la loi ;

«     Augmenter les effectifs de la Police Nationale, assurer sa formation et lui procurer le matériel conséquent ;

«     Contrôler la circulation d’armes qui se trouvent entre des mains inexpertes ;

«     Contrôler le mouvement des hommes en uniforme et notamment, retourner à leurs lieux d’affectation les 756 policiers qui viennent d’arriver du Grand Kasaï illégalement, dans ce même cadre du déplacement des populations, et plus de 300 dans la Province du Lualaba ; ainsi que la fuite de quelques 220 policiers du Tanganyika vers Lubumbashi. Dans le même cadre, des éléments FARDC commis à la garde de certaines sociétés minières manquent à l’appel où ils ont été affectés pour la sécurité ;

«     Surveiller les mouvements des policiers et des militaires : notamment des éléments FARDC introuvables à l’appel ou lors de distributions de nourritures dans les entreprises privées où les éléments de l’Unité de Réaction Rapide des FARDC avaient été déployés depuis 2019 ;

«     Doter la Police Nationale de moyens nécessaires et conséquents ;

C. Thématique Socio-Culturelle

Les recommandations suivantes ont été formulées :

«     Organiser et intensifier la sensibilisation de manière à promouvoir le civisme en ciblant des groupes spécifiques à travers les canaux de communication existants, entre autres : la radio, la télévision, l’Internet (les réseaux sociaux),

«     Sensibiliser et encourager les petits marchands à s’installer dans différents marchés pour leurs activités commerciales,

«     Faire appliquer la justice distributive et équitable pour rétablir l’ordre public et l’autorité de l’Etat,

«     Créer des centres d’encadrement et de formation professionnelle spécialisés dans différentes ETD (Entités Territoriales Décentralisées) au bénéfice des jeunes,

«     Doter les Gouvernements Provinciaux de financements conséquents pour leur permettre de faire face à l’accroissement brusque de la démographie,

«     Organiser des centres de ormation professionnelle et multiplier les activités sportives pour les jeunes.

D. Thématique économique

– A court terme :

–’     Réhabiliter des infrastructures routières et ferroviaires ;

–’     Rouvrir et multiplier des unités de production dans le Grand Kasaï ;

–’     Créer des mini-barrages hydro-électriques dans l’ensemble de l’espace Grand Kasaï ;

–’     Recourir au système de haute intensité de la main d’œuvre (HIMO) ;

–’     Assurer l’exploration du sous-sol dans l’espace Grand Kasaï pour une exploitation de minerais méconnus des populations ;

–’     Financer la construction, la réhabilitation et l’entretien des routes de desserte agricole et des routes interprovinciales; impliquer les paysans dans le cantonage manuel ;

–’     Création des coopératives agro-pastorales.

– A moyen terme :

–’     Réhabiliter les routes nationales 1, 2 et la Route Kalamba-Mbuji ainsi que celle de Kandjadja, qui vont désenclaver les Espaces du centre de la RDC ;

–’     Encourager les initiatives locales dans le secteur de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage en rendant disponibles les intrants ;

–’     Orienter les exploitants artisanaux miniers dans des régions qui regorgent d’énormes potentialités non encore exploitées ;

–’     Aider la population à accéder aux gisements existants pour une exploitation artisanale à travers la découverture,

–’     Développer des sociétés minières plus petites dans la région, aux côtés de la MIBA ;

–’     Mettre des moyens pour démarrer l’exploitation des gisements de cobalt et de cuivre dans le Kasaï-Oriental avec l’appui du Gouvernement de la République ;

–’     Promouvoir l’agriculture mécanisée ou semi-industrielle;

–’     Développer l’agro-alimentaire ;

–’     Introduire au budget national une provision suffisante pour financer le secteur de l’industrie et de l’élevage ;

–’     Créer des structures d’encadrement de la jeunesse en vue de booster l’entrepreneuriat.

– A long terme :

–’     Réhabiliter les centrales hydro-électriques ;

–’     Relier les routes du Tanganyika ;

–’     Construire de nouveaux barrages hydro-électriques.

– Sources de financement :

–’     La Caisse nationale de péréquation (pour l’investissement dans le Grand Kasaï)

–’     Le fonds minier pour les générations futures (aider le Grand Katanga à gérer les arrivées massives)

–’     Le budget du Gouvernement central.

Les audiences aux organisations invitées pour des consultations

Le Bureau a reçu en consultation divers groupes: les Chefs traditionnels du  Grand  Katanga,  du  Grand  Kasaï,  la  Fondation  katangaise,  la Communauté kasaïenne, la Société Civile du Grand Katanga, les autres Communautés vivant au Katanga : les motards, les Jeunes du Grand Kasaï, les Personnes vivant avec handicap, les partis politiques du FCC, ceux de l’Union Sacrée de la Nation, les Enfants en rupture de liens familiaux vivant dans la rue, les Creuseurs (exploitants miniers artisanaux), les femmes des Espaces Grand Kasaï et Grand Katanga, ainsi que les mouvements citoyens, LUCHA, VECHA, CONGOLAIS DEBOUT…

Voici l’économie des audiences accordées par la Conférence Interprovinciale sur «L’exode rural et le développement des Provinces».

Préoccupations des Katangais sur les ressortissants du Grand Kasaï

– La non-intégration, le manque d’humilité,

– Le non-respect de l’ordre public,

– Le non-respect des us et coutumes locaux,

– Le triomphalisme,

– L’implication de certains ressortissants du Grand Kasaï dans l’insécurité,

– L’injure publique facile,

–  L’accroissement démographique incontrôlé,

– La récupération politicienne,

– L’intimidation et chantage à l’endroit des autorités politico-administratives du Grand Katanga…

Préoccupations des Kasaïens sur les ressortissants du Grand Katanga

– Le déficit de tolérance,

– La haine tribale, discrimination et rejet de l’autre

– La discrimination des Kasaïens en milieux professionnels, lors de recrutements,

– La crainte pour les Katangais de perdre les élections en 2023.

EN CONCLUSION

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, avec mes hommages les plus déférents,

Monsieur le Premier Ministre, chef du Gouvernement, avec l’expression de ma très haute considération,

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Tout protocole observé,

Voici résumés            les        travaux  de        la         conférence        interprovinciale Interprovinciale entre le Grand Kasaï et le Grand Katanga tenue à Lubumbashi du 22 au 28 Avril 2022.

Je vous remercie

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