* Deux soldats rwandais sont tombés dans le filet des FARDC, dont l’un muni de trois cartes d’identité, révèle le Porte-parole du Gouverneur militaire du Nord-Kivu
La République démocratique du Congo est à nouveau agressée. Les preuves sont flagrantes et irréfutables. Elles accablent le régime de Kigali, parrain du Mouvement du 23 mars (M23), qui s’obstine à attaquer des Forces armées de la RDC (FARDC) et à torpiller le processus de paix, amorcé par le président Félix Tshisekedi.
Porte-parole du Gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le Général Ekenge Sylvain relève, en effet, que des effets militaires des RDF (Rwanda Defense Force) ont été saisis lors de la récente contre-attaque des troupes loyalistes, sur le champ des opérations, à l’est de la République démocratique du Congo.
D’après ce proche collaborateur du Lieutenant-général Constant Ndima Kongba, le Gouverneur militaire du Nord-Kivu, « des soldats rwandais ont été bel et bien capturés sur le sol congolais, munis des armes lourdes et sophistiquées qu’un groupe armé ne peut détenir ».
Deux soldats rwandais dans le filet des FARDC
Dans une vidéo diffusée en ligne, le Général Ekenge Sylvain brandit le cas de deux soldats rwandais capturés, dans leur fuite, par des populations civiles, après la contre-offensive de l’armée congolaise. Ces prisonniers confirment que des militaires rwandais ont effectivement traversé la frontière congolaise le mercredi 25 mai dernier pour aller porter un soutien aux milices de M23, dans l’objectif de prendre le contrôle du camp militaire de Rumangabo, dans le territoire de Rutshuru.
Contrairement aux déclarations des officiels rwandais, ces militaires de l’armée régulière de Kigali ont été arrêtés le 28 mai à Biruma, en territoire de Rutshuru, à plus de 20 kms de frontières communes. D’après le Général Ekenge Sylvain, l’un de ces militaires, le caporal Elysée Nkudabangezi, a été surpris avec trois cartes d’identité : »la carte d’identité nationale (rwandaise), la carte de l’armée rwandaise et une carte onusienne qui prouve que ce militaire faisait partie du contingent rwandais des Forces des Nations Unies au Soudan du Sud ». Le deuxième, Minware Gradi, a été appréhendé sans carte d’identité, renseigne le Général Ekenge.
LES ACCUSATIONS DU RWANDA
« Face à cette réalité, renchérit-il, le Rwanda a été contraint de reconnaître ses deux soldats capturés par les FARDC. Quand bien-même, il continue d’évoquer un faux prétexte d’un soutien des FDLR à l’armée congolaise qui a réussi à repousser avec bravoure les terroristes qu’il soutien avec des armes lourdes de vision nocturnes« .
Pour les autorités militaires congolaises, »il est, dès lors, confirmé, preuves à l’appui, que le Rwanda soutient des terroristes M23 ; les deux troupes ont d’ailleurs attaqué les FARDC et et les casques bleus de la Monusco, avec l’objectif de prendre le contrôle du camp de Rumangabo ».
La réaction du Conseil Supérieur de la Défense
C’est dans cette optique que le Conseil Supérieur de la Défense a aussitôt pris ses premières mesures de rétorsion lors de la réunion du vendredi 27 mai dernier à Kinshasa. Sous la houlette du Président Félix-Antoine Tshisekedi, Commandant suprême des Forces armées de la République démocratique du Congo et de la Police nationale congolaise, cette réunion a été élargie aux présidents de deux chambres du Parlement, aux représentants du Pouvoir judiciaire et aux responsables des services de sécurité. « Il a, en effet, été question de faire le point de la situation sécuritaire à la suite de récents événements marqués par des actions de provocation et des attaques du M23 sur nos Forces armées et les casques bleus de la MONUSCO« , a indiqué à ce propos le Porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe.
« A la lumière de différents rapports recueillis sur terrain, il est clairement établi que ce mouvement subversif, qui a été défait et complétement désarmé en 2013, est, contre toute attente, récemment remonté en puissance avec des armes lourdes, opérant notamment avec des matériels de vision nocturne. Alors qu’il est acculé et privé d’initiatives à Tshanzu et Runyonyi, dans le territoire de Rutshuru, il apparait lourdement armé à Kibumba, à plusieurs dizaines de kilomètres plus loin en territoire de Nyiragongo, avec l’objectif de conquérir le Camp militaire de Rumangabo« , estime le ministre de la Communication et Médias.
« Pendant que le Gouvernement congolais attendait le rapport du Mécanisme Conjoint de Vérification qui a été activé par le Rwanda, nous avons, dit-il, été surpris de voir qu’il est passé par des représailles, comme il l’avait annoncé. Le soutien manifeste à cette force négative en est la preuve. Les effets militaires retrouvés sur place, les images détenues par nos Forces armées ainsi que les témoignages recueillis auprès de nos populations démontrent à suffisance que le M23 est soutenu par l’Armée rwandaise. Cette attitude récidiviste vise clairement à torpiller nos efforts de pacification engagés dans le cadre du processus de Nairobi« .
CONVOCATION DE L’AMBASSADEUR DU RWANDA
C’est dans ce contexte que le Conseil Supérieur de la Défense s’est résolu de tirer les conclusions ci-après. De prime abord, « le M23 est désormais considéré comme un Mouvement Terroriste. Il sera, dès lors, traité comme tel, et de ce fait, il est exclu du processus des discussions de Nairobi ».
Par ailleurs, ‘‘une mise en garde est lancée au Gouvernement rwandais dont l’attitude est de nature à perturber le processus de paix qui arrive pratiquement à son terme avec les discussions de Nairobi où tous les groupes armés, à l’exception du M23, se sont engagés sur la voie de la paix », révèle le Porte-parole du Gouvernement.
« Et comme mesure conservatoire, précise Patrick Muyaya, il a été décidé la suspension immédiate des vols de la compagnie d’aviation Rwandair à destination de la République Démocratique du Congo. Il a été également décidé de la convocation de l’Ambassadeur du Rwanda accrédité en République Démocratique du Congo pour lui notifier la désapprobation totale du Gouvernement congolais« .
« En outre, le Conseil Supérieur de la Défense dénonce fermement une campagne de manipulation ourdie par le Rwanda accusant notre Armée de collaborer avec des forces négatives pour justifier son soutien au groupe terroriste du M23″, fait remarquer Patrick Muyaya.
CONDAMNATION UNANIME DE M23
Au regard de différentes réactions, les autorités congolaises ont tenu à saluer »la condamnation unanime de cette énième aventure du M23 et de ses parrains par l’Union Africaine, les Nations Unies, l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, la Belgique ».
La Commission des relations extérieures du Sénat américain a, à cet effet, exigé une enquête et des sanctions à l’endroit des responsables de ces actes barbares et terroristes ».
« Nous remercions notre population pour le soutien manifeste à l’endroit de nos Forces Armées et de la Police Nationale, afin d’assurer la protection de notre pays et l’intangibilité de nos frontières. Nous l’invitons, en même temps, à ne pas tomber dans le piège de l’ennemi en préservant l’harmonie qui règne entre les différentes communautés. Nous en appelons à sa vigilance« , a souligné à cet effet le Porte-parole du Gouvernement.
« Nous tenons, conclut-il, à rappeler l’engagement de la République Démocratique du Congo dans le cadre du processus de Nairobi, conduit par le Président de la république du Kenya, Uhuru Kenyatta, pour construire une paix durable avec tous les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est« . Yves KALIKAT