Accord RDC – Ventora : Jean-Michel Mvondo de RECIC dénonce le détournement de la mission initiale de CNPA et sa substitution par une campagne anti Dan Gertler

Des révélations continuent de tomber sur la manipulation de certains membres au sein de la plateforme « Congo n’est pas à vendre » (CNPAV), dans le but de monter l’opinion contre l’accord signé récemment entre la RDC et le groupe Ventora de Dan Gertler au sujet du rapatriement des actifs miniers et pétroliers évalués à 2 milliards USD.

Après Elie Kadima, membre de la plateforme regroupant les organisations de la société civile opérant dans le secteur minier (POM), qui a dénoncé les pressions reçues , dit- il , de la Monusco pour saboter cet accord, c’est le tour du secrétaire exécutif du Réseau d’Education Civique au Congo ( RECIC), de déballer les raisons qui ont poussé son organisation à quitter CNPAV.

Dans une interview accordée au trihebdomadaire AfricaNews, Jean-Michel Mvondo a démontré, faits à l’appui, que sa structure s’est désolidarisée de CNPAV après avoir constaté que cette plateforme se détournait de plus en plus de sa vocation initiale qui est celle de lutter contre la corruption dans son ensemble, au profit d’une campagne anti Dan Gertler dictée , confie-t-il , lors des réunions obscures de quelques composantes. 

«CNPAV a été créé pour lutter contre la corruption dans son ensemble. Nous avons été vraiment démotivés quand nous avons constaté qu’un groupe d’amis n’avait plus l’intérêt à la lutte contre la corruption dans son ensemble mais a commencé à centrer son combat uniquement autour de Dan Gertler», a-t-il déclaré.

Comme pour l’ODEP et les autres organisations de la société civile, il affirme que ce sont ces constats malheureux qui ont finalement poussé RECIC à rejoindre le camp de la vérité. A l’en croire, son organisation a été victime de la pensée unique imposée par certains ténors de “Congo n’est pas à vendre”.

Parlant des pourfendeurs de cet accord qui veulent que la RDC puisse trainer en justice le groupe Ventora, Jean-Michel Mvondo fait remarquer le caractère onéreux de cette approche et le facteur temps. Il rappelle le litige entre le pays de Félix Tshisekedi et l’Ouganda dont la condamnation de Kampala à payer de fortes sommes à Kinshasa n’a jamais été suivie d’actes concrets à ce jour. 

Pour rappel, après les rumeurs qui couraient sur les réseaux sociaux au sujet de l’accord RDC – Ventora, la Présidence de la République a organisé une table ronde, du 14 au 15 avril derniers, au cours de laquelle elle a présenté ce texte à CNPAV. La Présidence s’est refusée à rendre public cet accord pour éviter que les clauses prises avec Ventora puissent servir de jurisprudence à la révision d’autres contrats miniers.

Il ressort du rapport de cette table ronde que toutes les organisations étaient d’accord au terme des travaux. Curieusement, quelques jours après, une frange de CNPAV a commencé à fustiger cet accord. Heureusement que quelques jours ont suffi pour que les véritables tireurs de ficelles soient déballés.

Dans une dénonciation faite dans la presse, Elie Kadima de la Plateforme regroupant les organisations de la société civile opérant dans le secteur minier (POM) a affirmé avoir reçu des pressions au téléphone, notamment d’une personne au sein de la Monusco pour renier sa signature.

Il a, main sur le cœur, affirmé que l’accord RDC-Ventora est bénéfique pour le peuple congolais. Il n y a donc rien de vrai dans la campagne de diabolisation menée actuellement par CNPAV dans sa configuration actuelle.

Ci-dessous l’intégralité de l’interview que Jean-Michel Mvondo a accordée a AfricaNews.

Q1. Depuis votre dernière interview, le Réseau d’éducation civique au Congo -RECIC- a décidé de quitter le «Congo n’est pas à vendre» -CNPAV. Quelles sont les raisons à la base de cette décision?

R: « Je crois que nous avons évoqué toutes les grandes raisons dans la correspondance adressée aux amis de CNPAV. Je dois d’abord rectifier en vous informant que le RECIC n’est pas la première organisation à quitter CNPAV. Jusque-là, le RECIC est la quatrième organisation à quitter la barque. Avant le RECIC, il y a eu tour à tour AETA -Agir pour les élections transparentes et apaisées-, Observatoire de la lutte contre la corruption -OCIDEP- et l’ODEP, sans compter une autre organisation internationale. Cela dit, je m’en vais vous révéler les raisons qui ont fondé la décision du RECIC. La première: nous avons constaté qu’il y a une pensée unique. Cela veut dire qu’il y a un groupe qui veut chaque fois imposé, faire prévaloir son opinion sur celle des autres ».

« Nous avons commencé à nous sentir minorisés. Je suis persuadé que les amis organisaient des réunions préparatoires à notre insu avant les grandes réunions d’ensemble. La deuxième raison est que le CNPAV est détourné de sa mission initiale. Je suis parmi les personnes qui ont commencé le CNPAV, lui ont donné une forme et ont défini quelques thèmes de ses interventions. CNPAV a été créé pour lutter contre la corruption dans son ensemble, mais on choisissait les thèmes. Nous avons été vraiment démotivés quand nous avons constaté qu’un groupe d’amis n’avait plus l’intérêt à la lutte contre la corruption dans son ensemble mais a commencé à centrer uniquement son combat autour de Dan Gertler. Ce n’est pas mauvais, c’est un thème. Mais ça apparaît comme si Dan Gertler était devenu le thème principal, le combat principal de CNPAV. On a même eu l’impression que CNPAV était prêt à changer de nom pour s’appeler Campagne contre Dan Gertler ».

« Cette façon de faire constitue, à notre avis, un détournement de la mission initialement assignée à CNPAV. Vous pouvez imaginer que certaines composantes dénoncent les questions de gouvernance sans recevoir l’appui des autres alors qu’une énergie sans précédent s’observe quand il s’agit exclusivement des questions touchant à Dan Gertler… »

« Nous, on ne comprenait plus rien. Nous ne pouvions plus continuer à appuyer un processus dont certaines personnes seules maîtrisaient les agendas. Pourtant, Gertler n’a pas été le seul à avoir été cité dans le bradage des richesses de la République Démocratique du Congo. Je ne veux pas parler de Forrest. Nous avons constaté qu’on a commencé à détourner CNPAV de la mission lui assignée initialement, celle de lutter contre la corruption dans son ensemble et que, depuis près de deux ans, c’est devenu exclusivement la campagne anti Dan Gertler. On aurait compris si, à part Dan Gertler, cette campagne visait, d’autres personnes également soupçonnées ou accusées de bradage des richesses de la RDC. Nous avons constaté que certaines composantes ont parlé des questions liées à Transco n’ont pas été appropriées par le CNPAV dans son ensemble. Les départs successifs de l’AETA et les autres étaient des signes avant-coureurs. ODEP, qui est parti le dernier avant nous, avertissait déjà. Le RECIC, une organisation professionnelle, qui est même plus vieille que toutes les autres, s’est dit qu’il y avait un flou et que donc on ne peut pas nous tenir dans une histoire où on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants ».

« À part cette raison-là, nous avons aussi regretté et compris qu’un groupe a décidé de coter les autres, sans trop savoir sur base de quels indicateurs. Ils voyaient peut-être notre présence dérangeant, croyaient nous pousser dehors en nous donnant une cote négative et c’était vraiment pour nous une insulte. Il y a des amis qui ont été tabassés, malmenés, tués à cause de ce combat. Je ne peux pas cracher sur leurs mémoires en acceptant cette cote négative accordée par une seule personne. Je dois vous dire aujourd’hui que le CNPAV, c’est une personne qui décide et a déjà d’autres relations derrière, mais parce qu’elles ont déjà des relations antérieures, des relations historiques, elles n’ont pas la possibilité de lui dire non. On nous dit que l’accord n’a pas été publié mais, dans notre déclaration, nulle part nous disons qu’on soutienne l’accord sans qu’il ne soit publié! Les gens disent que nous avons signé la déclaration de soutien à l’accord parce que nous voulons faire partie de la commission des négociateurs pour être rétribués, c’est faux! »

« Personne de la Société civile n’est dans cette commission des négociateurs. Nous avons seulement souhaité que pour protéger les négociateurs contre la corruption, qu’on puisse leur allouer un pourcentage pour les motiver à ne pas être soudoyés par l’autre partie et pour mettre l’intérêt de la République au premier plan ».

Q2: On a critiqué depuis longtemps la question de Dan Gertler, mais quelle est l’alternative qu’on a formulée? 

R: « La condamnation c’est une chose et l’exécution en est aussi une autre. Et c’est là même le nœud du problème. Nous tirons l’exemple de l’affaire entre la RDC et l’Ouganda. On a condamné l’Ouganda à verser l’argent à la RDC mais ça fait combien d’années. Dans une négociation, dans un arrangement à l’amiable, ce qui est important, on ne sort pas gagnant à 100%. On perd d’un côté et on gagne de l’autre. Nous ne pouvons pas comprendre que lorsqu’il s’agit d’un communiqué contre Dan Gertler, on vous réveille même à 6h du matin. Nous avons quitté parce qu’il y a désintéressement par rapport à certaines questions de corruption, parce qu’il y a une pensée unique. Nous avons, dans notre correspondance, appelé les amis à une réflexion par rapport à tout ce débat en cascade. Mais pourquoi les gens quittent la dynamique? Qu’ils puissent tirer la leçon ».

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