* Cependant, le FRPI, bien qu’inactif, est le seul groupe armé de l’Ituri à avoir accepté.
Les négociations de Nairobi au Kenya, entre les groupes armés en RDC et Kinshasa, poursuivent leur bonhomme de chemin, sous la médiation d’Uhuru Kenyatta, Président du Kenya et Président en exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (CEAE). Prennent part aux travaux, des groupes armés partis du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l’Ituri.
S’agissant justement de l’Ituri, dans le Nord-Est de la RDC, il y a lieu de préciser que seul le FRPI (Front de résistance patriotique de l’Ituri) a accepté de répondre présent à ce rendez-vous de Nairobi, en dépit du fait qu’il ne soit plus actif depuis plusieurs mois. En 2021, par exemple, ce groupe en situation quelque peu de reddition, avait déjà signé un Accord de paix avec le Gouvernement et n’attendait plus que sa réintégration dans la vie publique.
Cependant, le plus grand absent à la table de négociations de Nairobi, est la CODECO (Coopération de développement du Congo) du chef de guerre Lendu Justin Ngujolo, qui conditionne sa participation par une invitation personnelle du Président Félix Tshisekedi. Vu des observateurs avisés, cette réaction de la CODECO est considérée comme un refus poli, mieux une manière de boycotter la messe de Nairobi. Ce qui pousse les mêmes observateurs à s’interroger sur la valeur de ces négociations pour la paix qui se déroulent à Nairobi sans la CODECO.
Dès lors que les statistiques de «Baromètre sécuritaire du Kivu» – HWR et GEC renseignent que cette milice contrôle des pans importants d’Ituri.
Alors des négociations en l’absence d’un tel acteur majeur ne seront que vaudeville et ne conduiront à rien pour l’Ituri qui ne connaîtra jamais un moment de paix. Car la paix dans cette province passe obligatoirement par le désarmement de la milice CODECO. Or celle-ci se met en marge de ce processus de négociations initié par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est.
Il faut noter qu’en Ituri, il n’y a que deux groupes armés opérationnels. C’est la CODECO et les Islamistes ougandais des ADF. Ces deux groupes mettent à feu et à sang des contrées entières. La milice CODECO a déjà un chiffre de 60 personnes tuées sur un site des déplacés de Djugu et 20 personnes passagères d’une barge sur une rivière. Tout récemment, ils ont tué un casque bleu de la MONUSCO de nationalité népalaise, toujours dans le territoire de Djugu.
Tandis que les ADF massacrent presque chaque jour au moins 10 personnes dont ils découpent les dépouilles. Leur dernière attaque en date est encore fraiche en mémoire car elle n’est qu’intervenue qu’hier toujours dans le territoire d’Irumu dans la localité Komanda et la chefferie Kosa-Kosa où ils ont tué 4 personnes et enlevé 4 autres dont le chef de groupement du nom de Kosa-Kosa.
Ces deux groupes armés qui donnent des insomnies aux populations d’Ituri n’ayant pas effectué le déplacement pour Nairobi, ça craint.
La logique aimerait que de la même manière que la CEAE a imposé au Gouvernement de la RDC de discuter avec les groupes armés de l’Est, qu’il en soit de même pour l’Ouganda qui doit aussi négocier avec sa rébellion des ADF. Que ce ne soit pas comme à l’époque de la rébellion rwandaise des Hutu, FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) qui commettaient aussi les mêmes atrocités sur les populations civiles exactement comme les ADF ougandais, mais sans le faire sur le territoire rwandais.
Paul Kagame, le Président rwandais n’avait jamais voulu rien entendre dans le sens de négocier avec ces FDLR ni même de les laisser revenir au pays et préférait qu’ils pérennisent leur présence à l’Est de la RDC pour lui donner, à la moindre circonstance, le prétexte de faire intervenir ses troupes sur le territoire congolais. La balle est dans le camp de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est qui doit avoir le courage d’imposer aussi à l’Ouganda d’amorcer le même dialogue avec sa propre rébellion des ADF pour laquelle son armée est intervenue en RDC avec un résultat mitigé car, hormis quelques avancées, les tueries se poursuivent.
Autrement, c’est-à-dire si la Communauté ne parvient pas à voir la question sous cet angle entre l’Ouganda et les ADF, du côté des Congolais, cela apparaîtra comme une politique de deux poids deux mesures.
Dans ce cas, il n’y aurait pas une solution sur le casse-tête de islamistes ADF qui vont continuer plus que jamais leur campagne de terreur en Ituri et au Nord-Kivu.
Ce n’est pas leur force armée en attente qui n’est même pas encore constituée qui viendra les démanteler ce que l’armée ougandaise, les UPDF qui sont sur place en Ituri et au Nord-Kivu n’ont pas réussi à faire. KANDOLO M.