Autant le confesser tout de go. A force d’être instrumentalisé par la classe politique, le mot dialogue a perdu…littéralement ses lettres de noblesse au sein de l’opinion congolaise. Au point de charrier une connotation péjorative voire toxique.
Pourtant, de tout temps, le dialogue est la pierre angulaire de toute société civilisée. Comment arrondir les angles sans prendre langue ? Comment régler les différends et les différences sans se parler ?
Dans le contexte politique rd congolais, comment conjurer le spectre de blocage du processus électoral sans un minimum de consensus entre les parties intéressées ? Il n’y a pas 36 manières d’obtenir ce compromis si ce n’est par le dialogue.
Au seuil de leur croisade au sein du microcosme politique kinois, les princes des églises catholique et protestante ne professent pas autre chose que le dialogue. Blanchis sous le harnais des médiations, bons offices …ces pasteurs n’ignorent pas que la perception du dialogue diffère selon que l’on est aux » affaires » ou dans l’opposition.
Sous l’effet de l’ivresse du lait, les tenants de l’impérium rechignent souvent à l’idée de se mettre autour de la table. De peur pour certains de perdre tout ou partie de leur rente de situation. A l’inverse, les opposants se montrent traditionnellement les plus enclins au dialogue.
Sans présager de la suite du cas de figure en cours, il importe de tordre le cou au fétichisme autour du dialogue perçu par les uns comme une arme fatale ou un appât à brandir en dernière minute pour se cramponner au pouvoir. Et pour les autres comme cette courte échelle dont ils se saisissent pour s’inviter même par effraction et infraction à la mangeoire.
En l’espèce, les enjeux liés aux élections de l’année prochaine commandent que tous les compétiteurs parlent le même langage, à défaut d’une même langue. Sinon, au lieu de réguler la vie démocratique, le processus électoral sera source de conflits dans un pays qui n’en a pas encore fini avec ses vieux démons.
La sempiternelle équation à plusieurs inconnues dans l’Est de la RDC avec un état de siège aux caractéristiques d’un provisoire qui dure, le chaudron katangais et la précarité proverbiale sont là comme autant de circonstances potentiellement aggravantes en cas de blocage. Vivement le dialogue. José NAWEJ