Covid-19 : le gouvernement aurait-il gonflé les chiffres des décès ?

Les autorités congolaises ont-elles gonflé artificiellement le bilan des morts de la Covid-19 en intégrant des personnes contaminées, mais décédées pour d’autres raisons ? Un rapport publié le 10 avril dernier par Monsieur Mukaya Kananga Simplice, Administrateur dans un hôpital de Kinshasa, sous les initiales MKS sur les statistiques de taux de mortalité liée à la pandémie contredit les chiffres officiels. Ce rapport ne s’arrête pas là. Son auteur met également en lumière la mauvaise gestion des fonds alloués à la riposte contre la Covid-19. Comme il fallait s’y attendre, ce rapport a suscité la colère des autorités qui ont estimé que cela discrédite le pays et donc il fallait à tout prix mettre la main sur « l’auteur de ce travail de sape ».  

D’après ce rapport querellé, « le 10 avril 2022, 5 nouveaux cas confirmés de Covid-19 ont été rapportés dont 4 dans le Haut-Katanga et 1 à Kinshasa. Aucun nouveau décès n’a été enregistré parmi les cas confirmés actifs. »

Le rapport poursuit : « Au terme de la semaine épidémiologique (SE) 14/2022, 35 nouveaux cas confirmés ont été notifiés contre 31 cas confirmés à la SE 13/2022. »

Par ailleurs, note toujours le même rapport, « depuis la SE 11/2022, aucune nouvelle zone de santé n’a été affectée parmi les provinces ayant rapporté au moins un cas confirmé et/ou probable de Covid-19 ». Ainsi, fait-il savoir, 87023 cas confirmés et 2 cas probables ont été notifiés depuis le début de l’épidémie dont 1337 décès, soit une létalité globale de 1,5% ». Des statistiques en contradictions avec les chiffres officiels.

Dans l’esprit des éléments des services de renseignements et ceux de la police lancés aux trousses de Mukaya Kananga Simplice et son équipe, ce rapport est considéré comme une activité anti patrie et doit donc être punie comme telle. Car le FMI pourrait être amené à supprimer les financements de la riposte contre la pandémie et faire courir au pays de gros risque sur le plan sanitaire. « Ceux qui ont produit ce rapport ont trahi le pays, outre qu’ils ont aussi contribué à salir l’image du pays…».

Le salut dans la fuite

Pas seulement traqués, mais aussi menacés de mort, Mukaya Kananga et toute son équipe se sont volatilisés, craignant pour leurs vies, rapportent les proches de l’Administrateur Mukaya. Malheureusement pour Mukaya, des  jours plus tard, des menaces de mort commencent à être proférées à l’endroit des membres de sa famille par des personnes non autrement identifiées. Bien qu’il est dit que l’infraction est individuelle, les proches de Mukaya se disent harcelés, menacés de mort à leur tour pour dire où l’administrateur s’est terré. Outre les services, des jeunes combattants du parti présidentiel UDPS recherchent activement Mukaya et son équipe, les accusant de « chercher à saboter le mandat du Président Félix Tshisekedi avec des faux rapports ».

En RDC, l’Inspection générale des Finances placée sous la direction du Président Félix Tshisekedi a découvert beaucoup de cadavres dans les placards de certains gestionnaires des fonds alloués à la riposte. Des personnalités haut placées sont accusées de détournement de ces fonds et écroués en prison.

C’est le cas de l’ancien  ministre de la Santé, Dr Eteni Longondo, qui a été interpellé le 27 août 2021 et placé sous mandat d’arrêt provisoire pour un présumé détournement des fonds publics alloués à la riposte contre la pandémie de Covid-19.

L’Inspection générale des Finances (IGF) avait soupçonné ce haut cadre du parti présidentiel (Union pour la démocratie et le progrès social)  d’avoir détourné plus de 8 millions de dollars destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19 en RDC. Eteni longondo avait rejoint en prison son prédécesseur, Oly Ilunga, qui avait été condamné en 2019 à 5 ans de prison pour détournement des fonds alloués à la riposte contre l’épidémie d’Ebola, la plus meurtrière de l’histoire du pays.

Avant le Dr Eteni Longondo, un rapport de la Cour des Comptes a impliqué des hauts fonctionnaires de la Présidence de la République dans la mauvaise gestion des fonds affectés par leFMI à la lutte contre le coronavirus. L’organe supérieur de contrôle des finances publiques met en lumière l’opacité dans la gestion de 50,7 millions de dollars utilisés par les équipes des ripostes entre avril et décembre 2020. Montant provenant de la facilité rapide de crédits (FCR) de 363,27 millions $, transférés au pays par le FMI, après approbation de son conseil d’administration en avril 2020.

Ce n’est pas tout. La Cour des Comptes avait pointé aussi dans son rapport la magouille dans l’achat des produits pharmaceutiques auprès de la société Pharmakina. D’après son enquête, le contrat de production de 23.750 boîtes d’hydroxychloroquine conclu avec la Taskforce présidentielle, fixait le prix unitaire d’une boîte à 15 dollars, soit un total de 356.250 dollars américains. C’est sur base de ces données que le Trésor public a effectué le 31 Mars 2020, un virement de 178.125 dollars au compte bancaire n°05000002702 de ladite société logé à la Rawbank, représentant 50% de la commande.

Répondant aux préoccupations des experts de la Cour des comptes, le gouvernement avait noté les observations de la Cour des comptes et a promis de faire la lumière sur le dossier.

 En un mot comme en cent, la gestion des fonds Covid est une affaire sensible pour le nouveau pouvoir. Et on comprend l’acharnement et les menaces de mort à l’endroit des Congolais lambda comme Mukaya Kananga Simplice et consorts dont le rapport gênerait le pouvoir qui a besoin d’une bonne opinion à l’international. Ce n’est pas demain la veille du pardon pour eux.

FDA

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