Trente-sept ONG appellent à la fin de la répression et au respect des droits humains dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sous état de siège. Elles se sont adressées au Premier ministre, Sama Lukonde hier mercredi 13 avril à travers une correspondance.
« Motivés par la mission d’évaluation de l’état de siège que vous effectuez actuellement dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, nous nous saisissions de cette occasion afin de vous livrer nos constatations et recommandations quant au respect des droits humains dans les provinces du Nord-Kivu et de l’ituri« , écrivent ces ONG.
En clair, les 37 Organisations de la société civile congolaise se disent être très inquiètes de la dégradation de la situation des droits humains et des massacres continus dans les deux provinces depuis l’instauration de l’état de siège au mois de mai 2021.
« En effet, cette mesure, qui avait été prise en réponse à l’insécurité persistante dans l’Est du pays. caractérisée par des tueries des civils commis par différents groupes armés, n’a pas permis jusque-là d’apporter les résultats escomptés. Bien au contraire. Le nombre de massacres perpétrés témoigne de l’insécurité qui persiste ainsi que de la limite de la réponse militaire. Aussi, la population vit dans une peur permanente du prochain massacre, l’armée n’arrivant pas à sécuriser, y compris les personnes vivant dans des zones à risque, même les déplacés », constatent ces ONG.
Brimades à gogo
« Loin de sécuriser la population civile, soulignent-elles, les autorités militaires ont restreint l’exercice des libertés publiques en réprimant des manifestations pacifiques, en procédant à des arrestations arbitraires, à des intimidations, et des passages à tabac, en lançant des poursuites judiciaires contre toutes les voix qui critiquent cette mesure ou appellent à la fin de l’état de siège« .
Et pourtant, affirment ces ONG, « les autorités militaires avaient assuré qu’elles respecteraient les droits de l’homme et le droit international humanitaire. Nos organisations ont documenté l’arrestation de dizaines d’activistes, de journalistes, de membres de l’opposition et même de parlementaires qui ont exprimé leur opinion de manière pacifique sur la situation en cours et l’état de siège ». « Au moins un activiste a été tué par les forces de sécurité lors d’une manifestation« .
A titre illustratif, ces organisations non gouvernementales rappellent qu’il y a près de deux semaines, « un tribunal militaire à Goma a condamné douze activistes du mouvement citoyen Lucha à une année de prison pour provocation et incitation à des manquements envers l’autorité publique, pour avoir manifesté devant la mairie de Beni en novembre dernier, appelant à la fin des massacres et à la levée de l’état de siège« .
Halte à la force brutale
« Monsieur le Premier ministre, savez-vous comment la manifestation en question s’est déroulée ?« , se demandent les 37 ONG. Et de répondre: « Le groupe ne comptait pas vingt personnes, des jeunes tenant des pancartes devant l’hôtel de ville tentant simplement d’attirer l’attention sur leur environnement quotidien. La brutalité de la réponse militaire et policière nous interpelle : cette quinzaine de jeunes congolais doivent-ils être considérés comme une telle menace pour notre pays qu’ils méritent d’être battus comme ils l’ont été ?« .
« Africa Reconciled », « Alarme pour la Prise de Conscience aux Devoirs et Droits Humains (APCDDH) », « Alliance pour l’Universalité des Droits Fondamentaux (AUDF) », « Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) », « Association Congolaise pour le Droit de l’Homme (ACDHO) »…font partie de ces 37 ONG. Didier KEBONGO