**Moïse Moni Della : souhaiter la mort de Tshisekedi est antipathique* 

En tant qu’Africain, musulman et bantoue, je ne peux me rejouir de la maladie ou même de la mort de mon pire ennemi. Opposant radical du régime de Mobutu, j’ai subi des traitements inhumains et dégradants (enlèvement, bannissement,

prison, torture, exil…..) Et pourtant, j’avais fait couler quelques larmes chaudes en apprenant la mort du Maréchal Mobutu. Quel n’a pas été l’étonnement des gens face à ma tristesse, trouvant mon comportement contradictoire car, disaient-ils,  » comment un opposant farouche, très critique de Mobutu qui a frôlé la mort dans ses geôles pouvait pleurer et regretter sa disparition ? » Je leur répondais : « Vous ne comprenez pas le sens de mon combat et mon état d’esprit ». 

Je m’opposais beaucoup plus au système du régime de Mobutu qu’à sa personne. Étant musulman, le Coran nous renseigne que « Kuli nafsi zalika t’il mayiti ». Ce qui veut dire que tout âme goûtera à la mort. Alors, à quoi bon de se réjouir de la mort de quelqu’un comme si on va rester éternel sur cette terre des hommes? Je voulais à tout prix que Mobutu quitte le pouvoir, mais qu’il puisse vivre la démocratie et le progrès social prôné par l’UDPS créée par les treize parlementaires et autres personnalités politiques dont je suis l’un des co-fondateurs historiques et authentiques. Je voulais que Mobutu puisse être témoin de la réparation de sa destruction méchante du pays par les forces du changement incarné par Etienne Tshisekedi.

La visite privée du président de la République à Bruxelles a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Le président de la République a droit à une visite privée. Il peut tomber malade, il peut même mourir, c’est la loi de la nature, c’est humain. Mais on ne doit pas oublier que le président de la République n’est pas un citoyen lambda. D’aucuns diront que le président n’a pas de vie privée. La maladie du président Pompidou, de Mitterrand et même de Jacques Chirac avait défrayé la chronique en France. Quand le président tousse, le pays s’enrhume. Le président de la République incarne la nation. Il est tout à fait normal que les gens s’y intéressent et spéculent surtout lorsqu’il y’a carence de communication de la part de ses services. La communication présidentielle doit être à la hauteur des enjeux. On a constaté malheureusement une communication calamiteuse, balbutieuse, tâtonnante, contradictoire qui au lieu de rassurer et calmer les esprits, n’a fait que susciter les doutes. 

Les communicateurs de la présidence et alliés ont commencé par nier une évidence, avant de parler d’un contrôle de routine. Après, c’était l’ambassadeur de la RDC en Belgique d’entretenir encore le cafouillage communicationnel en déclarant que le président a subi une opération de l’hernie discale, avant de se rétracter le lendemain. Il a fallu que le président de la République puisse se rendre compte du cafouillage et bidouillage de sa communication et le risque que cela pouvait engendrer pour enfin donner la vraie information sur sa maladie. Lui-même a dissipé le malentendu, apaisé les esprits et coupé court aux ragots et rencontards. 

En tout état des causes, je condamne avec la dernière énergie les propos haineux, injurieux et autres invectives de certains compatriotes, souhaitant la mort du président Félix Tshisekedi. Souhaiter son départ du pouvoir, critiquer son action et sa vision c’est démocratique. Mais souhaiter sa mort, c’est antipathique. Dans un pays démocratique, on peut s’opposer farouchement et radicalement sans être des ennemis, mais plutôt des adversaires. La leçon à tirer de la cacophonie médiatique de la présidence de la République est :

1- L’ormeta des détenteurs du pouvoir pour cacher les secrets soi-disant d’État n’est plus efficace à l’heure du numérique et plus particulièrement des réseaux sociaux.

2- Une bonne communication vaut mieux qu’une rétention de l’information.

3. Une information diffusée à temps réel et à bon escient permet de dissiper le malentendu.

4. Il est difficile de cacher le soleil avec le petit doigt.

5 On sert un chef avec la vérité et non par le mensonge.

5 Seul DIEU Sait tout, on est tous ignorants à de degrés différents.

6 Sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme.

7 La RDC a besoin des gens qui font la politique de conscience et non des consciences, moins encore de convenance.

8 Que le corps humain est très faible et que notre vie tient qu’à un fil.

9. Aimons-nous vivants, nous sommes tous mortels.

10. Nous devons œuvrer pour humaniser la politique car elle est très cruelle.

En guise de conclusion, pour dissiper la tension et la pression qui deviennent grandissantes au fil des jours entre ceux qui veulent à tout prix conserver le pouvoir et ceux qui veulent à tout prix le conquérir, il faut à tout prix l’organisation des élections libres, transparentes, démocratiques et inclusives. Sans quoi, le pays risque de sombrer dans les troubles multiformes.

Voltaire disait : Écrire c’est agir.

Moïse Moni DELLA 

Co-fondateur de l’UDPS

Porte-parole du peuple

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