*Les sanctions américaines ont pesé lourd dans la balance et ont permis à la RDC de négocier de façon sereine, reconnait Patrick Muyaya.
Le 24 février dernier, le Gouvernement a conclu un accord à l’amiable avec l’homme d’affaires israélien Dan Gertler par lequel il récupère des «actifs miniers et pétroliers litigieux» évalués à plus de 2 milliards de dollars. Cette convention, signée à la Présidence et dont les termes n’ont pas été révélés, «met fin au contentieux judiciaire» qui opposait la RDC à Dan Gertler.
Pour faire savoir ce que la Rd Congo recouvre aujourd’hui et permettre à la population, à travers les médias, de comprendre les dividendes que le pays tire de la conclusion de cet accord, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a organisé hier jeudi 3 mars, un briefing presse auquel il a associé la ministre d’Etat en charge de la Justice, Rose Mutombo et le Dircaba du Chef de l’Etat, André Wameso, deux des acteurs qui ont mené ces pourparlers avec les représentants de Dan Gertler. Le Directeur du cabinet adjoint du chef de l’État en charge des questions économiques et financières et vice-président qui a été vice-président de la commission chargée des négociations lors de ces pourparlers.
Se réapproprier les richesses
André Wameso a salué les efforts des ONG et de la presse pour son travail d’investigation. Il rappelé par ailleurs que les sanctions américaines sur le groupe Ventora ont lourdement pesé dans la balance pour arriver à cet accord.
Il ajoute cependant noté que « malgré ces investigations, ces dénonciations, ces sanctions, la RDC, propriétaire des actifs qui ont souvent été objet de litiges, n’a jamais pu se retrouver ou bien recouvrer la propriété de ses biens au grand désarroi de sa population.»
Selon le Dircaba, il fallait avoir une autre stratégie. Heureusement, dit-il, «nous étions guidés par la vision du Président de la République de nous réapproprier nos richesses. C’était ça l’objectif principal. Ce qui restait dans l’escarcelle du groupe Gertler, ce sont les deux blocs pétroliers du lac Albert (1 et 2) ; la mine d’or de Mukube à Côté de Kibali et le gisement de fer de Banalia (Iron mountain) ainsi que Sanzeta.
Au moment les deux parties étaient en train de négocier, ces actifs miniers et pétroliers étaient évalués à un peu plus de 2 milliards de dollars. «Personne ne pouvait les exploiter, surtout pas Dan Gertler, nous non plus en tant RDC puisque nous étions en litiges prolongés. Donc il fallait trouver un accord à l’amiable sur l’ensemble du dispositif », explique André Wameso.
Ce n’est pas tout, car il y avait un conflit qui opposait la RDC à Gertler concernant les royalties. «Mais nous sommes partis du postulat que ces royalties ont été obtenues par le groupe Gertler à la faveur d’un contrat en bonne et due forme. Il fallait faire la mise en balance… ».
Cet accord historique signé le jeudi 24 février 2022 entre Kinshasa et les représentants du groupe Ventora aura également permis à la RDC de récupérer une partie des royalties de la société KCC.
Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des sceaux, Rose Mutombo qui a représenté la RDC lors de ces tractations, a rappelé l’importance et l’enjeu de ces pourparlers pour Kinshasa qui devait impérativement revenir dans ses droits.
«Il était important qu’on se retrouve autour d’une table pour qu’on puisse échanger, puisse qu’en soi la République perdait alors que lui avait des contrats qu’il ne pouvait pas exploiter et la République de son côté ne pouvait pas bénéficier des fruits de ses richesses. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé autour de la table, on a échangé pour voir dans quelle mesure, grâce aux différents rapports et informations qu’on avait obtenus, il était tout à fait normal qu’on se retrouve autour de la table pour que le pays se retrouve. C’était un long processus et surtout qu’il y avait plusieurs contentieux ouverts qui traînaient devant les cours et tribunaux qui ne permettaient pas à la République d’entrer dans ses droits», explique la ministre de la Justice.
Pour sa part, Patrick Muyaya, ministre de la communication et médias et porte-parole du gouvernement a salué les efforts consentis dans ce processus de tous les membres nationaux et internationaux notamment l’administration américaine qui y a joué un grand rôle.
«Je voudrais donc préciser que pour le gouvernement de la République Démocratique du Congo, cet accord n’aurait pas été possible sans l’aide de l’administration américaine, surtout son puissant régime des sanctions qui a favorisé le changement, sans celle des membres nationaux et internationaux de la société civile ainsi que de la presse d’investigation du monde entier… »
«Ayant repris ses actifs miniers et pétroliers, la RDC va les revaloriser et les intérêts vont profiter à sa population, comme le veut» Félix Tshisekedi. Didier KEBONGO