Elections des gouverneurs : le délai de dépôt des candidatures expire ce jeudi 24 mars

* »Aucune autre prolongation ne sera accordée aux retardataires », avertit la CENI.

Le compte à rebours a commencé pour les candidats gouverneurs de provinces, jusque-là dirigées par des intérimaires. D’ici à demain jeudi 24 mars, ils n’ont plus que 24 heures pour afficher leurs ambitions. Les retardataires en auront pour leurs comptes, d’autant qu' »aucune autre prolongation ne sera accordée », avertit la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Au regard du communiqué de presse diffusé hier mardi 22 mars 2022, la Centrale électorale se veut catégorique quant à cette phase du chronogramme du scrutin. « La période du dépôt des candidatures auprès de la représentation provinciale de la CENI des provinces concernées prend fin ce 24 mars 2022 à 16h30, heure locale« , précise ce communiqué signé par Patricia Nseya Mulela, le rapporteur de la Commission.

Cette option, souligne la direction de la Centrale électorale, est conforme à sa décision du 23 février 2022 portant modification des calendriers de l’élection des Gouverneurs et Vice-gouverneurs de provinces.

Substitution des candidatures…

Une fois cette étape franchie, la période du 25 au 29 mars 2022 sera réservée au retrait, ajout et à la substitution des candidatures, indique Patricia Nseya Mulela. « Seuls sont concernés, les dossiers déjà reçus aux Bureaux de réception et de traitement des candidatures (BRTC) pendant la période de dépôt« , souligne-t-elle à travers le communiqué.

Dès lors, « la Commission électorale nationale indépendante invite les partis politiques, les regroupements politiques et les candidats indépendants à s’assurer que les formulaires et les pièces en annexe exigés par la loi et dûment signés ont été bel et bien déposés auprès du BRTC de la représentation provinciale de chaque province concernée par l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces« .

L’enjeu du scrutin

 Déterminée enfin à mettre un terme au règne des intérimaires dans 14 provinces sur les 26 du pays, la CENI avait décidé, le 23 février dernier, de reporter au 6 mai prochain les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs qui étaient jadis prévues pour le 6 avril. Ce scrutin revêt ainsi un enjeu majeur, d’autant qu’il permet de reconfigurer la physionomie politique de provinces à une année des élections générales de 2023.

L’avènement des gouverneurs intérimaires est intervenu dans un contexte des conflits récurrents entre les assemblées provinciales et les patrons de gouvernements provinciaux aux lendemains du divorce au sein de la coalition FCC-CACH (Front Commun pour le Congo et Cap pour le changement).

Résolu à renverser la tendance au sein de la majorité au pouvoir, le régime Fatshi a mis les moyens en jeu pour fragiliser ses anciens alliés, proches de Joseph Kabila, le président sortant. On a ainsi assisté à un retournement de vestes dans les deux chambres du Parlement, passées sous un clin d’œil dans les rangs de l’Union sacrée de la Nation, la toute fraiche  »plateforme présidentielle ».

La contagion s’est aussitôt emparée des assemblées provinciales où des députés locaux, acquis à l’Union sacrée, ont, à leur tour, entrepris d’évincer tous les gouverneurs qui ne seraient pas en odeur de sainteté avec le nouveau pouvoir.

« Chasse à l’homme »

S’ensuivra alors « la chasse à l’homme » dans nombre de provinces tenues par les proches de Joseph Kabila. Plusieurs d’entre eux seront défenestrés, éjectés de l’exécutif provincial, voire convoqués et bloqués à Kinshasa. A la place, sera instauré  »le règne des intérimaires », acquis au nouveau régime.

Difficile dans ce contexte de laisser travailler des gouverneurs légitimes qui n’auraient qu’à garantir au régime sa loyauté. Difficile également de laisser évoluer, dans ce contexte, des majorités provinciales dirigées par l’opposition, au nom de la tolérance que prône la démocratie. Et revoici le clientélisme tant décrié et redouté sous l’ère Mobutu. Avec des animateurs qui font, à l’unanimité, allégeance aux nouveaux maîtres du pays.

Même alors, l’immixtion de Kinshasa dans les rouages des provinces laissent à désirer. La rétrocession tant réclamée tombe encore au compte-goutte, asphyxiant ces provinces qualifiées jusque-là  »d’arrière-pays ». Dans certaines zones, comme les deux provinces sous état de siège, l’administration locale fonctionne sans le financement du Gouvernement central, le dernier paiement datant du mois d’août 2021, nous souffle une autorité locale qui a requis l’anonymat.

Lueur d’espoir

Une lueur d’espoir toutefois : le tout récent séminaire ouvert aux députés provinciaux. Clôturé par le Premier ministre Sama Lukonde le dimanche dernier à Kinshasa, il a permis aux élus de provinces d’adhérer au programme initié par le chef de l’État qui a décidé d’amorcer une dynamique de développement durable dans les 145 territoires du pays. Ce programme exige la mobilisation de toute la population à la solidarité nationale.   

Sur un budget global de 1,6 milliard de dollars affecté à ce projet, chaque territoire est censé recevoir environ 10 millions de dollars, a déclaré Eddy Tambwe, le secrétaire rapporteur du séminaire. D’après lui en effet, 52% de ce financement vont provenir du gouvernement et 48% des partenaires traditionnels de la RDC. Une manne que pourront hériter les nouveaux gouverneurs élus.           K.M.

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