Au seuil des changements 

* Pendant de nombreuses années, Kiev a porté la crise du Donbass au paroxysme en sabotant les accords de Minsk.

(Par Oleg Karpovich et Mikhail Troyansky, les vice-recteurs de l’Académie  diplomatique du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie sur les véritables raisons de l’opération russe en Ukraine)

La guerre de l’information accompagnant l’opération militaire spéciale de la Fédération de Russie en Ukraine depuis les premières minutes a engendré dans les médias mondiaux, en particulier dans les médias occidentaux, des interprétations fausses, déconnectées de la réalité, des objectifs et des motifs de la partie russe.

Pendant de nombreux mois, voire des années, Moscou a tenté d’informer le grand public international de la situation réelle et des préoccupations de la Russie. Cependant, ces tentatives ont été délibérément ignorées. La diabolisation de la Russie, qui a atteint le point de l’absurdité ces derniers jours, vise à remplacer complètement les faits par des émotions et des clichés de propagande sur cette question.

Quelle était donc la véritable raison de cette opération militaire spéciale? 

Tout d’abord, la crise autour du Donbass a exacerbé la situation. Pendant de nombreuses années, Kiev a porté cette crise à son paroxysme en sabotant les accords de Minsk <…> Les pays occidentaux, dont la France et l’Allemagne, ont ignoré la réticence ostentatoire de Kiev à s’inscrire dans le sillage du processus de paix, année après année. <…> De plus, Kiev a renforcé au maximum son potentiel militaire le long de la ligne de contact.

Deuxièmement, dans toute l’Ukraine, et notamment dans les régions du sud-est du pays, les autorités ukrainiennes ont mis en œuvre leur ligne officielle visant à opprimer la population russophone et tout opposant à l’unification linguistique et idéologique du pays. En 2014, des dizaines de militants des mouvements pro-russes ont été éliminés à Kharkov, Odessa, Dniepropetrovsk et dans quelques autres villes. Ces dernières années, les autorités ukrainiennes ont complété les menaces et intimidations visant l’opposition par des sanctions contre leurs propres citoyens, et elles ont également liquidé des médias déloyaux. Dans le même temps, des conditions particulièrement favorables ont été créées pour les unités paramilitaires néonazies, notamment les bataillons Azov ou Aydar, le groupe nationaliste C14, le Secteur droit (interdit en Fédération de Russie) et d’autres. Les remarques critiques de la part des organisations internationales, dont l’ONU et le Conseil de l’Europe, n’ont pas influencé la position de Kiev, qui a bénéficié du soutien de Washington pendant toutes ces années. En ce qui concerne les perspectives à long terme, cette ligne a conduit le pays vers le chaos d’une guerre civile. 

Et, enfin, le statu quo qui s’était dessiné avant le 24 février constituait une menace sérieuse pour la sécurité internationale. Le refus de Kiev de reconnaître le choix des habitants de Crimée et du Donbass, ainsi que la ligne d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, formalisée par la Constitution ukrainienne, et les regrets répétés concernant le statut non nucléaire du pays (le discours de Vladimir Zelensky à Munich n’était que l’aboutissement d’un débat de longue date dans les milieux politiques ukrainiens) créaient le risque d’un conflit mondial. La réticence de l’Occident à déclarer un moratoire sur l’expansion de l’OTAN et à renoncer à l’intégration de l’Ukraine dans l’Alliance a montré de manière éclatante que Bruxelles et Washington étaient manifestement prêts à aggraver la situation. 

Les autorités ukrainiennes avaient toutes les possibilités d’éviter un scénario dramatique, lourd de souffrances pour les civils, mais elles ont choisi la voie de la confrontation. Cette confrontation doit cesser au plus vite, c’est désormais la seule condition pour désamorcer la crise prolongée et explosive autour de l’Ukraine. Ambassade de Russie en RDC

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