* C’est une opération que le Premier ministre entend entreprendre sans pour autant retarder l’organisation des élections…
Le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a offert, hier lundi 14 février, un déjeuner de presse aux patrons et professionnels des médias. Comme il fallait s’y attendre, les journalistes ont fait une entorse au protocole et posé à leur hôte quelques questions, dont l’une sur les opérations préélectorales.
En répondant, le Chef du Gouvernement a levé l’équivoque entre le recensement souhaité pour avoir un fichier d’identité national et permettre aux Congolais de disposer en fin de compte d’une carte d’identité, qui, a-t-il insisté, n’a rien à voir avec l’enrôlement des électeurs en vue de la tenue des scrutins.
Le Premier ministre Sama Lukonde a insisté qu’il s’agit là de deux opérations tout à fait distinctes, qui ne vont aucunement se chevaucher. Parce que depuis 1984 à ce jour, il n’y a jamais eu d’identification de la population. C’est une action que le premier ministre entend entreprendre sans pour autant retarder l’organisation des élections.
A la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), cependant, on ne partage pas cet optimisme du premier des « Warriors ». Denis Kadima, président de la Centrale électorale, avait émis des inquiétudes quant à l’incidence que peuvent engendrer ces différentes opérations sur le délai constitutionnel dans l’organisation des élections.
« Sur le plan technique, il y a aussi un certain nombre des contraintes. On commence par la mutualisation. Vous savez qu’il y a un ambitieux programme de mutualisation des opérations d’identification de la population, recensement de la population et de l’habitat qui devra être couplé avec l’enrôlement des électeurs. Cela est de nature à retarder le processus électoral déjà soumis aux contraintes du délai constitutionnel « , avait expliqué le président de la Centrale électorale.
Lors d’un point de presse tenu le 9 février courant, la plateforme des confessions religieuses a appelé le Gouvernement à reconsidérer la question de la mutualisation du recensement de la population à celle de l’identification des électeurs.
Les chefs de confessions religieuses estiment que cette mutualisation pourrait avoir un incident sur « la contrainte constitutionnelle du temps qui s’impose à la CENI ». Ils recommandent au Gouvernement de mettre à disposition les fonds nécessaires pour la réalisation des activités électorales dans le délai. Sur ce dernier point, le Gouvernement fait sa part.
Aux dernières nouvelles, l’Exécutif, via le ministre des Finances, a payé 21,7 millions de dollars pour les opérations électorales.
Appel du Premier ministre aux médias
S’adressant aux hommes et femmes des médias, le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde les exhorte à jouer leur rôle de quatrième pouvoir, dans le cadre du « devoir de rédevabilité qui s’impose à ceux qui dirigent la chose publique, qui se fait à travers les médias, appelés à jouer le relais entre l’action de ces derniers et l’opinion publique qui est dans son droit de connaître la manière dont la cité est gérée« .
Le chef du Gouvernement ne s’arrête pas là. En dépit de l’environnement difficile dans lequel évoluent les journalistes, Sama Lukonde réclame leur accompagnement pour aider le Gouvernement à rendre compte de son action devant le peuple souverain.
Et, dans cette interaction, le Premier ministre promet son accompagnement et celui de tout son gouvernement dans la mise en œuvre de toutes les résolutions issues des états généraux de la Communication et Médias auxquels il a pris une part active.
Se débarrasser de « moutons noirs »
Dans son speech, Jean-Michel Sama Lukonde tient à « une corporation des médias libres, efficaces, et dépouillés de « moutons noirs », spécialistes de la désinformation« . Le Premier ministre attend particulièrement l’accompagnement des médias dans l’action du gouvernement qui s’inscrit dans le cadre des missions lui confiées par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. En fait des missions, il s’agit des actions que le gouvernement doit poser en faveur du plus grand nombre.
Il s’agit, selon lui, de la « mission pour la paix et la sécurité, particulièrement à l’est du pays, mission pour la santé et l’amélioration du système général d’accès aux soins. Mission sur la poursuite de la gratuité de l’enseignement pour s’assurer que demain soit garanti par la formation de la jeunesse, formation tant formelle que professionnelle. Ensuite, pour pouvoir arriver à tout cela, avoir les moyens de sa politique, c’est finalement ce travail qui est fait pour la mobilisation des recettes ».
« Cette lutte contre la corruption et le coulage des recettes, et les réformes pour aboutir à ce véritable état des droits voulu par le Chef de l’État, Etat des droits ou surtout la liberté de la presse est assurée. Et, bien sûr, d’autres objectifs tout aussi importants, notamment le programme de développement local des 145 territoires« , précise-t-il.
Le pionnier des « Warriors » a expliqué l’environnement dans lequel son équipe doit exécuter les missions que lui a confiées le Président de la république. « Un contexte marqué par des retards accumulés dans tous les secteurs. Un contexte également marqué par la pandémie de Covid-19. Mais cela n’a pas pu ébranler la détermination du gouvernement à matérialiser la vision du chef de l’Etat« , indique-t-il.
Pour agir dans le domaine de la sécurité, il applique l’état de siège, où il y eu l’encouragement des FARDC avec la campagne « Bendele ekweya te« , la sensibilisation pour amener les groupes armés locaux, qui agissent sur la base des différences ethniques, à déposer les armes.
A ce niveau, le Premier Ministre a appelé les médias à accompagner le gouvernement dans la lutte contre le tribalisme, la désinformation. Sama Lukonde a aussi cité la mutualisation des forces avec l’armée ougandaise, tout en réfléchissant au plan de retrait échelonné, validé de La Monusco et sur la réforme des forces armées et de la police.
Couverture santé universelle
Pour la mission qui concerne la santé, le premier ministre a évoqué le démarrage de la mise en œuvre de la couverture santé universelle, une réforme qui a été formalisée par le Chef de l’État à travers la création d’une structure au niveau de la présidence, et dont la formalisation se fait au niveau des textes au ministère de la Santé pour arriver à son opérationnalisation. Pour la gratuité de l’enseignement, le gouvernement a mis en place un fonds pour financer cette réforme.
Dans le cadre de la maximisation des recettes, le Premier ministre a rappelé le dépassement des prévisions budgétaires de 2021 et le dépôt dans le délai constitutionnel du budget pour l’exercice 2022.
A cette occasion, le président de l’Union nationale de la Presse du Congo (UNPC), Gaby Kuba Bekanga a commencé par rappeler l’engagement pris par le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde lors des consultations qui ont conduit à la formation de son gouvernement, l’engagement qui consistait à accompagner et à soutenir la presse.
Pour ce premier déjeuner de presse avec les patrons et professionnels des médias, le Premier ministre avait à ses côtés le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, et plusieurs autres membres du Gouvernement « Warrior ». Didier KEBONGO