Depuis l’arrestation à l’ANR samedi dernier du Conseiller spécial en matière de sécurité François Beya, le mot qui est sur toutes les lèvres est le coup d’Etat. Ce qui oblige à replonger dans le passé pour voir comment a évolué le coup d’Etat, depuis 1960, l’année de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. Il sied de noter que pendant la première législature, entre 1960 et 1965, il n’y a pas eu de coup d’Etat. formel
1) 24 novembre 1965 : coup d’Etat du colonel Joseph-Désiré Mobutu
C’est le tout premier coup d’Etat qui intervient en fin de législature et mené par le Haut-Commandement de l’Armée conduit par le colonell Mobutu qui a déposé sans effusion de sang, le Président de la république Joseph Kasa-Vubu.
2) 1967 : Coup d’Etat d’Evariste Kimba, Anani et Mahamba
Il s’agit du vrai faux coup d’Etat monté par le Président Mobutu pour piéger l’ancien Premier ministre Evariste Kimba et ses deux compagnons, les députés Mahamba et Anani. Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut fixer le cadre. Evariste Kimba est le dernier Premier ministre désigné par le Président Kasa-Vubu alors que c’est Moïse Tchombe Kapend qui détenait la majorité parlementaire issue des législatives de 1965. Naturellement qu’Evariste Kimba n’obtiendra jamais l’investiture de son gouvernement à la Chambre des députés, ce qui eut comme conséquence la crise politique aigué et le coup d’Etat du général Mobutu qui s’en est suivi.
Dans l’entretemps, Evariste Kimba continue toujours à se considérer comme Premier ministre. Nous sommes en 1967. Un soir, il reçoit la visite du colonel Bangala qui voulait lui parler en particulier et en présence de ses deux autres compagnons, les députés Mahamba et Anani. Le colonel Bangala leur fait voir que ce sont eux qui ont la légitimité du peuple du fait que tous sont des élus. Et que, c’est illégalement que le général Mobutu est installé au Mont Ngaliema.
Le colonel Bangala assure à ses trois interlocuteurs qu’il est en mesure de les réinstaller et qu’il aura juste besoin de certains détails pratiques avant de passer à l’action. Les trois députés ont bêtement mordu à l’hameçon. Le colonel Bangala est présent à la dernière réunion, au même endroit, est en train de donner des explications militaires sur une carte d’Etat-major de la Ville de Kinshasa et sur le moment, où ses hommes vont entrer en action. C’est sur ces entrefaites que les sbires de la sécurité font leur entrée sur la place et mettent la main sur le colonel Bangala, l’ancien Premier ministre Evariste Kimba et ses deux collègues députés Mahamba et Anani.
Tous sont présentés en Conseil de guerre qui va les condamner à mort sauf le colonel Bangala. En exécution de ce jugement, l’ancien Premier ministre Evariste Kimba et ses deux compagnons d’infortune Mahamba et Anani sont pendus dans l’espace Pont Cabu, exactement à l’endroit où est érigé le Stade des Martyrs.
3) 1975 : Coup d’Etat monté et manqué
Ce coup d’Etat dénommé « coup d’Etat monté et manqué« , pourquoi manqué ? C’est pour montrer que sa phase de planification était déjà terminée et il ne restait que l’exécution qui a été empêchée. Pour ce coup d’Etat, rien n’a avoir avec celui de l’ancien Premier ministre et ses deux collègues députés nationaux qui sont tombés dans le piège du colonel Bangala qui était pourtant connu comme quelqu’un de la sécurité militaire. Malheureusement ils ont eu des réunions pour la mise en œuvre du coup d’Etat.
Ce qui n’est pas le cas en 1975 où n’apparaissaient visiblement que les officiers généraux et supérieurs Tetela, la tribu de Patrice Emery Lumumba que Mobutu redoutait et dont il voulait à tout prix se débarrasser. C’est ainsi que défilent devant le Conseil de guerre général présidé par le général Masiala Kinkela, les généraux Fallu, Utshudi Wembolenga et autre colonel Omba, Secrétaire du Président Mobutu qui chapeaute en même temps tous les services de renseignement militaires du pays et qui était un homme très puissant.
Pour faire diversion, on a ajouté un général Nande, en l’occurrence le général de Brigade Katshuva, chef d’Etat-major de la Force terrestre, diplômé d’Ecole de guerre dans la célèbre Académie militaire de « Furt Bragg » aux USA.
Tous sont condamnés à mort par le Conseil de guerre général, et leurs biens saisis par l’Etat. Mais cette sentence ne sera jamais exécutée grâce à l’intervention des USA où tous ces officiers ont reçu une formation militaire y compris le colonel Omba, dans les Renseignements militaires ou autre général Fallu dont la thèse à la fin de sa brillante formation était intitulée « Comment isoler le Mont Ngaliema pour un coup d’Etat« .
4) 1978 : coup d’Etat du Major Kalume
Ce coup d’Etat du major Kalume, l’Inspecteur général des prisons militaires, est aussi un vrai faux coup d’Etat comme en 1967 avec l’ancien Premier ministre Evariste Kimba où le major Kalume va jouer le rôle du colonel Bangala en tendant l’hameçon à ceux qui sont visés dans cette mise en scène. Tous mordront à l’hameçon.
Première personne contacté par le major Kalume, c’est Matanda, opérateur économique du Bandundu qui est cité parmi les plus grands exportateurs. C’est un millionnaire. Kalume le séduit avec son coup d’Etat en préparation mais dont il manque de moyens financiers pour sa concrétisation. Petit problème s’écrie l’homme d’affaires du Bandundu. Il a eu plusieurs réunions avec le major Kalume dans son bureau et à chaque fois celui-ci est ressorti avec des sacs d’argent pour son putsch.
C’est sur ces entrefaites que le colonel Kudia Kubanza, ancien Auditeur militaire, qui est devenu Secrétaire de l’homme d’affaires Matanda, devenu son patron, va le voir pour en savoir un peu sur ce jeune officier à qui il remet beaucoup d’argent. Matanda assure à son Parsec Kudia Kubanza que c’est pour le coup d’Etat qui est dans sa phase finale. Kudia Kubanza fait voir à son patron Matanda qui lui, est un ancien militaire et que le major Kalume est un « aventurier » et qu’il ne pourra jamais réussir un coup d’Etat contre le général Mobutu. Kudia Kubanza avait tout de même réussi de son patron que ce soit auprès de lui que le major Kalume perçoive les fonds libérés.
Pour ce coup d’Etat, le major Kalume avait aussi contacté plusieurs colonels dont Bumungu et …. avec lesquels ils ont pris part à des réunions pour le colonel. Le procès se tient au Conseil de guerre général présidé par l’Amiral Lomponda alors chef d’Etat-major de la Force navale où le major Kalume s’est répandu en aveux contre ses accusés comme si, à lui on avait promis un acquittement. Kalume, Matanda, Kudia Kubanza et 13 colonels sont condamnés à mort et ont été passés par les armes, à l’aube suivante. KANDOLO M.