« Les disputes autour des finances de la Centrale électorale rattrapent ceux qui ont fait le choix de la renonciation à la réforme… »tweete Envol RDC.
Des bruits de plus en plus persistants autour des finances de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), circulent depuis quelques jours dans l’opinion, servie à satiété par les médias. Ces échos ont été amplifiés par les versions contradictoires des deux acteurs majeurs sur ce dossier. A savoir, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi et le président de la Centrale électorale, Denis Kadima. Si le premier parle d’une surfacturation quant aux frais d’chat de véhicules pour les membres du bureau de la Ceni, le successeur de Corneille Nangaa quant à lui, déclare ouvertement n’avoir pas reçu du Gouvernement, les fonds nécessaires à l’organisation des élections prévues l’année prochaine.
Des deux, qui croire ? Qui donc de Nicolas Kazadi et de Denis Kadima dit vrai ? Trêve de procès, tant l’inspection générale des Finances (IGF) a promis de planter ses projecteurs dans le bâtiment de l’ex-Banque du peuple, boulevard du 30-Juin, non loin de la Gare centrale, afin de tirer cette situation au clair. Moralité, les Congolais sont conviés à prendre leur mal en patience, en attendant l’issue de l’enquête des limiers de Jules Alingeti.
Cependant, de nombreux analystes anticipent et tranchent qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Au cas où l’hypothèse de Nicolas Kazadi serait confirmée, ces analystes estiment que les causes en seraient bien lointaines. Pour les auteurs de cette assertion, le mal est originel. Plus trivialement, ils estiment que ce qui se passe actuellement à la Centrale électorale, serait la conséquence de l’absence des réformes préconisées, bien avant le choix même de nouveaux animateurs de cette institution d’appui à la démocratie ayant dans ses attributions, l’organisation technique des élections.
DELLY SESSANGA, LE « PROPHETE » ?
Certes, dans le contexte politique actuel du pays, le débat autour des réformes de la CENI n’est plus de saison. Après l’entérinement des animateurs par l’Assemblée nationale, le 16 octobre dernier et l’investiture subséquente de ces derniers par Ordonnance présidentielle le 22 du même mois, la messe avait déjà été dite. Principalement, pour le camp de l’opposition qui, n’avait cessé de dénoncer un processus électoral parti sur des bases fragiles, faute de consensus sur des questions majeures.
S’agissant justement de ces réformes de la CENI, l’histoire retiendra pour toujours que Christophe Lutundula, nommé vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères du Gouvernement Sama Lukonde et le député Delly Sesanga avaient été les premiers à mener la bataille autour des réformes de la Centrale électorale. Le premier est reconnu comme auteur de la proposition de loi organique modifiant et complétant la loi n°17/013 du 24 décembre 2017 portant organisation et fonctionnement de la CENI.
De son côté, on reconnait volontiers, à Delly Sesanga, la qualité de commandant en chef au front des opérations pour la dépolitisation, la neutralité, l’indépendance et l’impartialité dans le fonctionnement de la Centrale électorale. En somme, les deux ont milité pour les réformes de la CENI avant sa mise en place. Hélas. Les débats que les choses aient été faites autrement.
Déjà, lors des débats à l’Assemblée nationale sur la loi Lutundula, Delly Sesanga avait tiré la sonnette d’alarme, soutenant que le rejet de l’option de la dépolitisation de la CENI, prévue dans l’article 10 de la loi Lutundula, réduisait l’ampleur de la réforme. « Les mêmes causes produiront les mêmes effets en 2023« , avait prévenu le président national du parti L’ENVOL, élu de Lwiza.
Et d’enchainer : « Au-delà de l’intérêt de conserver le pouvoir, il y a une démocratie à consolider. La Ceni étant un organe d’arbitrage électoral, ne devrait pas être le reflet des rapports des forces politiques« . Mais combien dans l’hémicycle l’avaient entendu de cette oreille ?
Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Delly Sesanga a eu le courage de dire à haute et intelligible voix, ce que susurraient à basse voix, nombre de ses collègues tombés dans le piège de la dissonance cognitive, théorie chère au psychologue Léon Festinger.
Faisant fi des interprétations malveillantes de sa démarche, ce député national dont la voix produit des échos même en dehors de la salle des congrès du peuple, avait précisé que sa démarche consistait à éviter au pays, les tares tant décriées lors des trois premiers cycles électoraux.
« Pour faire aboutir la réforme et ne pas tomber dans la réformette justement, il ne faudrait donc pas diluer les options majeures de l’innovation de la loi Lutundula. Elles sont une réponse aux faiblesses que nous avions constatées et souvent dénoncées« , avait-il déclaré.
Considérant ce qui se passe au jour d’aujourd’hui à la CENI, nombre d’observateurs infèrent que le temps étant le meilleur juge incorruptible, a finalement donné raison à Delly Sesanga. Dans un tweet, ENVOL RDC, affirme que « les disputes autour des finances de la CENI rattrapent ceux qui ont fait le choix de la renonciation à la réforme pour une réformette de la CENI, en reconduisant tous les égarements du passé. Et, ce n’est pas faute de l’avoir dit§ 2023, il faut redresser ces torts devenus une habitude« . Grevisse KABREL