Kamwena-Napu : le procès de Michaël Sharp et Zaïda Katalan se termine sur un goût d’inachevé !

C’est samedi dernier à la Cour militaire de Kananga qu’est tombé le verdict du procès des rebelles de Kamwena Nsapu dans le Kasaï central où les deux experts de l’ONU. Michaël Sharp et Zaïda Katalan  ont été tuées alors qu’ils  enquêtaient sur les massacres  dans la zone, en 2016. Cinquante prévenus sont condamnés à mort et un seul condamné à 10 ans, le colonel Biamwenze, pour seulement violation des consignes et non pour une quelconque responsabilité dans la mort des deux experts de l’ONU.

Alors que pour les Ongd, c’est lui le colonel Biamwenze qui a piégé les deux experts de l’ONU en les envoyant sciemment dans le village de Bukonda tout en sachant qu’ils allaient y trouver la mort. Pour ces Ong, le colonel Biamwenze, pour avoir agi ainsi,  obéissait aux ordres de sa hiérarchie, donc de l’Etat congolais.

Or le procès de Kamwena-Nsapu n’évoque nulle part la responsabilité de l’Etat congolais, c’est là où pour certains observateurs, il laisse un goût d’inachevé. Ce flou qui persiste ne permet pas  de savoir comment les deux experts de l’ONU ont trouvé la mort dans le village de Bukonda. C’est là où les Ongd internationales comme Fédération internationale des droits de l’Homme  » FIDH  » et  encore Amnesty International pensent que l’ONU doit voir comment  approfondir les enquêtes de l’Auditorat militaire qui étaient mal menées pour enfin conduire à ce scandale d’un procès qui n’aboutit à rien et qui ne donne aucune lumière sur les circonstances de la mort tragique des deux experts onusiens.

Pour Robert Senga, directeur d’Amnesty International en RDC, il faut une réouverture de ce procès  pour que la vérité éclate. Une possibilité qu’il juge possible se fondant sur la jurisprudence du procès de Floribert Chebeya qui était déjà clôturé à l’époque mais rouvert par la suite et qui est en cours.

Autrement, on ne connaîtra jamais le rôle de l’Etat congolais dans la rébellion du chef Kamwena Nsapu au Kasaï central.

En effet, après la mort de leur chef tué par les FARDC, ses millions de fidèles ont fait éclater leur colère avec les fétiches, des armes blanches et même tardivement les armes de guerre, en s’attaquant à tout ce qui bougait.

La guerre faisait rage entre ces miliciens de Kamwena-Nsapu  et les FARDC. Le nerf de cette rébellion, c’est la région de Bukonda, là même où l’ONU avait eu vent de la perpétration des massacres à grande échelle, avec l’existence des charniers. C’est là où on met à contribution les eux experts de l’ONU pour aller enquêter. Ils sont arrivés mais on ne les reverra plus jamais vivants. Le colonel Biamwenze des FARDC qui les a conduits à la mort est presqu’innocenté vu qu’il est condamné pour autre chose sans rapport avec le crime mais pour violation des consignes.

Le procès à la Cour militaire de Kananga n’a pas non plus évoqué le sort des deux accompagnateurs congolais des deux experts qui étaient leur chauffeur et leur interprète.

Par ailleurs, il sied de rappeler que cette rébellion de Kamwena-Nsapu avait donné lieu à un autre procès dit « Kamwena – Nsapu aile Kinshasa » où une cinquantaine de prévenus détenus à la prison militaire de N’dolo étaient jugés au Tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe et condamnés à diverses peines.

L’affaire est close. Mais elle n’est pas encore complètement close. Lorsque des Ong internationales contestent la régularité d’un procès surtout devant une juridiction militaire, cela doit mettre la puce à l’oreille. Et, lorsqu’en plus, ce procès concerne  deux experts de l’Onu, Michaël Sharp et Zaida Katalan dont la mort est mystérieuse, un tel procès peut-être rouvert à tout moment. C’est ce qui pourra faire justice à ces deux techniciens de l’ONU qui ont donné leur vie pour la RDC. KANDOLO M.  

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