Elections 2023 : Bruno Tshibala plaide pour la réintroduction du scrutin majoritaire à deux tours

*Par ailleurs, le président de l’UDPS fait savoir que, pour le processus électoral en cours, l’organisation des scrutins dans le délai doit être de strict respect.

C’est à la paroisse Notre Dame de Fatima, où il est accueilli en véritable super star par les militants et cadres de son parti, que Bruno Tshibala Nzenzhe a commémoré, hier mardi 15 février, le 40ème anniversaire de l’UDPS. C’était en présence de ses partenaires du regroupement APECO, au premier rang desquels Jean-Marie Ingele Ifoto, président de la DDC.

A l’occasion, le président de l’UDPS, fort du glorieux passé de résistant, a passé un message fort limpide aux tenants du pouvoir. « Puisque c’est nous qui nous sommes battus pour qu’il y ait ici chez nous la démocratie, nous avons toujours un conseil à donner. Je pense que, pour le processus électoral en cours, l’organisation des élections dans le délai doit être de strict respect. Nous n’accepterons jamais un moindre glissement. Il faut organiser les élections à la date échue« , prévient l’ancien Premier ministre. 

Ce n’est pas tout. Le président de l’UDPS plaide également pour la réintroduction du scrutin majoritaire à deux tours lors des élections de 2023. Bruno Tshibala explique, qu' »avec ce mode de scrutin, le peuple aura la possibilité, au premier tour, de sélectionner deux des meilleurs candidats, et au deuxième tour, de choisir souverainement le Président de la République ».

« Nous pensons qu’à la réintroduction de ce mode de scrutin, nous pouvons jouer pleinement  la démocratie et notre souveraineté. Et le pays pourrait ainsi être mieux gouverné par celui qui est effectivement choisi« , dixit le Premier ministre honoraire. 

Brillante leçon académique

Bien avant ses deux conseils, Bruno Tshibala a évoqué brièvement la situation qui a prévalu dans le pays qui a justifié la création de l’UDPS. Ce récit de Tshibala n’est rien d’autre qu’une brillante leçon académique sur les conditions dans lesquelles est né ce parti quadragénaire. Et cela, sans notes ! Extrait.

 »Nous avons accédé à notre indépendance le 30 juin 1960, sous l’empire de la Loi Fondamentale qui institua le multipartisme. Cinq ans après cette indépendance, alors que nous connaissions une crise d’enfantement, émaillée par quelques balbutiements dans l’apprentissage de la bonne démocratie, un coup d’Etat militaire installa au pouvoir le général Mobutu, un ancien gradé comptable de la force publique coloniale. Celui-ci instaura une dictature féroce qui avait fini par confisquer tous les droits fondamentaux reconnus aux Congolais en les chosifiant complètement« , raconte-t-il. 

Tshibala explique à son auditoire que « la parole et les actes du Président fondateur du MPR avaient force de loi tandis que le moindre point de vue émis par un Congolais est considéré comme de la subversion et puni sévèrement. Le seul droit des congolais était de chanter et danser à la gloire du guide. Une répression sauvage s’abattait sur quiconque aurait la moindre velléité de dire le contraire ».

Selon Bruno Tshibala, il ne restait aux Congolais que trois options : se taire, se soumettre ou s’en fuir à l’étranger. « C’est dans ces conditions qu’une poignée de fils de ce pays, révoltés par cette situation, se sont retrouvés pour voir dans quelles mesures relever les défis« .

Le 26 mars 1981, renseigne Tshibala,  après la lettre de 52 pages, cinq fils de ce pays s’étaient réunis en toute clandestinité : Ngalula Joseph, Etienne Tshisekedi, Anaclet Matanda, Kanana Isidor  et Bruno Tshibala.

Ils avaient en somme pris une décision lourde de conséquence, celle de mettre sur pied un parti d’opposition qui s’assigne deux objectifs. Le premier, éradiquer la dictature, le deuxième instaurer un Etat de droit démocratique qui devra restituer les droits fondamentaux aux Congolais.

Et ensuite, raconte Bruno Tshibala, au cours d’une deuxième rencontre, la première s’étant déroulée à l’intérieur du pays, la deuxième à Kinshasa, il a été décidé d’adresser une lettre au président Mobutu pour lui signifier la création officielle de ce parti. Ce fut le 15 février 1982. 

Et comme il fallait s’y attendre, le président Mobutu, qui n’avait cessé de déclarer que « moi vivant, il n’y aura jamais un deuxième parti au Zaïre« , le lot quotidien de ceux qui avaient osé créer ce parti était les arrestations, les relégations, les tortures. Il y a eu même des mutilations physiques et toutes sortes de tribulations.

Mais la détermination, la ténacité des membres de l’UDPS était telle que le président Mobutu comptait les vaincre à l’usure, c’est l’inverse qui s’est produit.  Après dix ans de lutte acharnée, de détermination, le président Mobutu a fini par être vaincu. C’est ainsi que le 24 avril 1990, le président Mobutu a pleuré en disant aux gens: « Comprenez mon émotion« .

L’UDPS venait de gagner le pari,  avec l’instauration du multipartisme.  « Pendant la Conférence nationale, on comptait plus de 500 partis politiques à la suite du combat de l’UDPS« , a-t-il relevé.

En un mot comme en cent, l’UDPS, affirme Bruno Tshibala, est un patrimoine qu’il faut sauvegarder à tout prix. Parce que c’est lui qui a procuré aux Congolais leurs droits fondamentaux, leurs libertés qui étaient confisquées. Depuis, ils vivent  libres comme doivent l’être les gens créés à l’image de Dieu.

Grâce donc au combat d’une poignée de fils de ce pays dont Bruno Tshibala,  qui avaient décidé de relever le défi,  la RD Congo fait partie du cercle des pays démocratiques, malgré quelques déviations  et quelques imperfections.  

Didier KEBONGO

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