De Sylvestre Ilunkamba à Sama Lukonde, Félix Tshisekedi a passé les trois premières années de son mandat avec deux gouvernements qui ne l’ont pas du tout aidé à satisfaire les attentes des Congolais axées principalement sur le social. Pourtant, le 24 janvier 2019, jour de sa prise de pouvoir, le 5ème président de la RDC a poussé ses compatriotes à en croire un autre Congo que celui vécu pendant 18 ans de son prédécesseur en leur promettant monts et merveilles dans son discours d’investiture. Trois ans après, le compte est loin de se révéler bon. Le social des Congolais attend désespérément la matérialisation de nombreuses promesses de Fatshi, dans tous les secteurs de la vie nationale.
Ce jour-là, le 24 janvier 2019, des nombreux Kinois ayant assisté à la cérémonie d’investiture de celui que les fanatiques ont surnommé « Fatshi Béton » scandaient bruyamment « Ya Félix, kobosana te, papa alobaki « Le peuple d’abord » (Félix, n’oublie pas, papa a dit »le peuple d’abord »), question de lui rappeler les priorités de son action qui devait porter essentiellement sur l’amélioration du vécu des Congolais.
Mais trois ans après, les choses n’ont vraiment pas marché si bien que certaines langues inspirées ont ironisant mieux : « La famille d’abord » (la famille présidentielle).
REVENDICATIONS SILENCIEUSES DE LA POPULATION
De nombreux mouvements de grève dans le secteur public (médical, EPST et ESU) disent long sur le malaise social qui caractérise ces secteurs de la vie nationale). Dans leurs revendications, les grévistes ont réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail les meilleures conditions salariales et de travail. Les enseignants et les professionnels de la santé ont été les plus revendicatifs.
Même si l’Etat a pu trouver un terrain d’entente avec les uns et les autres, c’était tout simplement une trêve. Comme quoi, le feu continuait à couver lentement, prêt à brûler à tout moment.
Entre temps, les revendications silencieuses de la population se font de plus en plus entendre. Son ventre creux crie famine. Et l’Exécutif lui promet la réduction des prix des mpiodi et des poulets dont elle raffole. Lesquels vont atterrir silencieusement dans son assiette à quelques heures des fêtes de fin d’année.
Alors qu’à sa meilleure occasion de promesses, Félix Tshisekedi a promis qu' » à titre d’exemple, différentes études d’organismes internationaux de référence démontrent que le potentiel de notre pays peut éradiquer la faim dans le monde « .
Avant de faire miroiter un avenir théorique : « avec ses 80 millions d’hectares de terres arables accessibles et ses 40 millions d’hectares de terres irrigables, doté d’un programme agricole innovant, le Congo peut atteindre l’autosuffisance alimentaire et nourrir deux milliards de personnes en résorbant ainsi deux fois le déficit alimentaire mondial. «
Car, depuis, ces terres arables et irrigables attendent un début de friche ne serait-ce que pour nourrir les quelque 18 millions de Kinois.
Confrontés dans une crise multiforme, sans qu’un début de bout de tunnel ne pointe à l’horizon, les Congolais se demandent où se trouve l’ « Etat moderne, pacifique, démocratique et soucieux de chaque citoyen« , cet » Etat qui garantira le bonheur de tous » que le président leur a promis,
D’autant plus que les priorités qu’il a assignées à son premier gouvernement était entre autres « la pacification de tout le territoire national en accélérant la lutte contre l’éradication des groupes armés qui sévissent et sèment la désolation auprès de nos populations, la lutte contre la pauvreté par des actions sociales et une politique novatrice de cohésion nationale (.…) un Etat de droit (…) au service de l’emploi, de la jeunesse, de l’éducation, de la santé et de tous nos enjeux économiques et sociaux ; la promotion de la presse et des médias pour en faire véritablement un quatrième pouvoir« .
Pendant trois ans, la corruption, les antivaleurs, l’impunité, la mauvaise gouvernance ainsi que le tribalisme ont continué à dicter leur loi, alors que Félix Tshisekedi a promis de mener une lutte acharnée contre ces antivaleurs. Et pour matérialiser sa volonté de combattre la corruption, il a créé l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption abrégée en (APLC), un établissement public ayant pour mission de prévenir et de lutter contre la corruption qui gangrène le pays. Malheureusement, l’existence de cette agence n’aide pas encore à lutter contre ce fléau.
La presse et les médias ont été le cadet des soucis de celui qui a promis d’en assurer la promotion « pour en faire véritablement un quatrième pouvoir« . Au demeurant, quelques médias ont pu bénéficier de la générosité du pouvoir en place.
Par ailleurs, l’exode rural attend d’être maîtrisé car » le développement des milieux ruraux par la construction des infrastructures sociales de base » n’est pas encore à l’ordre du jour. Les Congolais attendent la concrétisation de la simplification des procédures administratives dans les secteurs clé de la vie nationale pour favoriser le climat des affaires, le développement du tourisme (…) et l’accessibilité du citoyen à tous les services de l’Etat promis par Félix Tshisekedi.
LE PETIT COMMERCE ENTRE LES MAINS DES ETRANGERS
Le petit commerce reste entre les mains des étrangers alors que le 5ème président de la RDC a promis d’ » appliquer avec rigueur sur l’ensemble du territoire, la loi sur le petit commerce réservé aux nationaux dans le cadre du principe du privilège national. «
Trois ans après, l’accès à l’eau, à l’électricité reste encore un problème pour la majorité des Congolais, alors que dans son discours d’investiture Félix Tshisekedi avait promis de « consacrer 6 milliards de dollars annuellement sur dix ans aux infrastructures, dont 1 milliard de dollars seulement pour la maintenance » en vue de combler son retard en rapport au standard des pays en voie de développement. Il a estimé que « ces infrastructures, base de notre développement, étaient » nécessaires pour garantir la reconquête de notre économie, particulièrement les infrastructures routières, les ports, les aéroports, l’accès à l’eau et à l’électricité, les nouvelles technologies sous toutes leurs formes « .
Fatshi a reconnu que » le taux d’accès de la population congolaise à l’énergie électrique est de moins de 9% (…) que moins de 10% des Congolais ont accès à l’eau potable. Des réalités qui contrastent avec le fait que la RDC dispose du potentiel hydroélectrique le plus élevé au monde et de 53% des réserves d’eau du continent africain.
RIEN DE SUBSTANTIEL SUR LE PLAN DU TRAVAIL
Sur le plan du travail, rien de substantiel n’a été fait. En effet, le constat fait le 24 janvier 2019 est que » sur 80 millions de citoyens, plus de 43 millions sont en âge de travailler et que le pays ne compte que 4 millions 9 cent mille de salariés ayant un emploi formel et de type moderne, que trente-deux millions de Congolais en âge de travailler disposent d’emplois précaires ou sont en sous-emploi, tandis que plus de 6 millions sont des chômeurs en situation de détresse.
Trois années après, plusieurs promesses de Félix Tshisekedi tardent à se concrétiser, d’autant plus qu’aux promesses du 24 janvier 2019 se sont ajoutées de nombreuses d’autres que le président de la République a données durant ces trois années. . .
« La République Démocratique du Congo que nous formons ne sera pas un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme « , a promis Félix Tshisekedi, précisant » …un Congo tourné vers son développement dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place « .
Ce 24 janvier 2022, les Congolais regrettent que les mots division, haine et tribalisme couvent dans leur pays parce que certaines tribus sont écartées dans la gestion du pays au profit d’une seule minoritaire qui bombe le torse de trôner maintenant au sommet de l’Etat. Kléber KUNGU